APC ET PEdT : PAS DE RUPTURE MAIS UNE DÉRIVE DANGEREUSE
popularité : 3%

Les activités pédagogiques complémentaires (APC)
Les APC remplaceront dès la rentrée 2013 l’aide personnalisée, y compris dans les communes qui n’ont pas choisi d’appliquer le désastreux décret Peillon sur les rythmes. Entre les deux dispositifs, il existe des différences de forme : 36 heures au lieu de 60, les APC peuvent être mises en place non seulement pour des groupes d’élèves en difficulté, mais aussi pour d’autres nécessitant une aide au travail personnel. Mais la circulaire de février dernier consacre des différences essentielles aux conséquences graves :
La première est l’institutionnalisation du dispositif, proposé par les conseils des maîtres, décidé par l’IEN, présenté au conseil d’école et partie prenante du projet d’école. Loin de renoncer à des dispositifs pédagogiques dont on sait, au moins depuis les années 70, le caractère inopérant, les groupes homogènes, loin de renoncer à l’idée d’un surcroît de travail après le travail pour certains élèves, le ministre officialise cette pratique. La circulaire est très précise sur le champ des activités possibles : maitrise de la langue en maternelle, méthodologie en élémentaire, et seulement du français et des maths. Celles et ceux qui croient pouvoir animer des activités « poney ou violoncelle » se « fourrent le doigt dans l’œil jusqu’au coude ».
La seconde est la menace de territorialisation de l’École. Ainsi, la circulaire nous dit que les APC sont mises en œuvre « sous la responsabilité des enseignants, éventuellement en articulation avec les activités périscolaires ». Un autre cas de figure est prévu pour le contenu des APC : « la mise en œuvre d’une activité prévue par le projet d’école, le cas échéant en lien avec le PEdT ».
Le PEdT (Projet Éducatif Territorial)
La circulaire ministérielle du 20 mars dernier, concernant le PEdT nous éclaire suffisamment sur ses tenants et aboutissants pour qu’il soit possible de comprendre que de réelles menaces pèsent sur le caractère national de l’éducation, même pour ce qui concerne le premier degré.
L’idée du PEdT n’est pas nouvelle, elle suit celle des PEL et CEL, s’imbrique avec les Contrats locaux d’Éducation Artistique (CLEA) signés en partenariat par les collectivités et le Ministère de la Culture.
La circulaire, comme des tas d’autres avant elle, met en avant le concept de contrat, qui fait désormais partie des meubles dans le monde de l’Éducation. La pratique du contrat suffirait en elle-même à alerter sur les dangers d’immixtion dans les affaires de l’École de gens qui ne devraient rien y avoir à faire.
Mais quand on lit, dans la circulaire : « Il [le PEdT] peut être centré sur les activités périscolaires des écoles primaires ou aller jusqu’à s’ouvrir, selon le choix de la ou des collectivités intéressées, à l’ensemble des temps scolaire, périscolaire et extrascolaire, de l’école maternelle au lycée. »
Tout est dit : la porte est ouverte pour que les collectivités territoriales s’inscrivent dans la pédagogie et acquièrent des compétences en matière d’Éducation, aux dépens de l’État.
La circulaire a au moins un mérite : elle est suffisamment claire pour permettre de trancher le débat entre ceux qui pensaient que le décret sur les rythmes portait des menaces en matière de territorialisation et ceux qui pensaient qu’il s’agissait des fantasmes de certains syndicalistes : les fantasmes sont désormais écrits noir sur blanc.