Solidarité avec les enseignants grecs en grève
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Dans un message du 10 septembre, OLME, le syndicats de l’enseignement secondaire, alertait les syndicats européens sur la situation des travailleurs de l’Education en Grèce :
« La situation des écoles publiques est dramatique :
- Il y a 16 000 professeurs en moins dans l’enseignement secondaire, soit 20 %, depuis juin 2013
- 102 Écoles d’Enseignement professionnel ferment
- 2500 Professeurs d’Enseignement professionnel sont suspendus avant d’être renvoyés
- En 2009 la réduction des dépenses d’enseignement a été de 33 % et devrait atteindre 47 % en 2016
- 5000 professeurs ont été mutés d’office sur des postes d’administration et dans l’enseignement primaire. Le gouvernement poursuit la privatisation d’une partie de l’Enseignement professionnel et introduit l’apprentissage pour faire travailler des mineurs, en lieu et place de l’enseignement. »
Face à cette situation, OLME a appellé à la grève illimitée car « la rentrée ne peut se faire sans les collègues placés en disponibilité, mutés le pistolet sur la tempe par les transferts obligatoires, tandis que des milliers d’élèves sont jetés hors des classes. »
La CGT Educ’action Rouen apporte son fraternel soutien aux travailleurs de l’Éducation en grève en Grèce.
Ci-dessous un article du Monde sur la situation
Dans la presse Les fonctionnaires grecs en grève contre le plan de mutations et de licenciements
LE MONDE | 16.09.2013 à 11h45 Par Adéa Guillot (Athènes, correspondance)
La date du lundi 16 septembre marque le début de la mobilisation sociale en Grèce contre le plan de réforme de la fonction publique. Celui-ci prévoit, d’ici à la fin de l’année, le licenciement de 4 000 fonctionnaires et la mise en disponibilité de 25 000 agents, dont 12 500 dès septembre. Les syndicats ont appelé toutes les administrations à une grève lundi et mardi.
Dans l’éducation, les enseignants du secondaire se sont prononcés pour une grève à durée indéterminée, moins d’une semaine après la rentrée scolaire. C’était le 11 septembre, et ce jour-là, dans le lycée technique de la calme banlieue athénienne d’Ymittos, la petite centaine d’élèves était tout à ses retrouvailles, écoutant d’une oreille distraite la traditionnelle bénédiction orthodoxe assurée par le prêtre de la paroisse du quartier. Mais c’est dans un silence complet que le public adolescent a ensuite accueilli au micro le professeur venu leur expliquer les raisons de la mobilisation des enseignants.
« Le gouvernement a déjà placé 2 200 professeurs du technique en disponibilité, annonce Margarita Marinou, professeur de mathématiques. Je ne lui fais absolument pas confiance quand il dit qu’il va s’arrêter là. Si la »troïka« leur en demande plus, ils vont en trouver plus, alors on doit se mobiliser pour montrer qu’on ne laissera rien passer ! »
L’ÉVALUATION, VÉRITABLE ENJEU DE LA RÉFORME
En juillet, le gouvernement a brutalement décidé de fermer des départements entiers de l’enseignement technique, notamment dans le secteur de la santé ou de l’esthétique. Ces deux filières faisaient le plein dans ce petit lycée. M. Maragakis, le principal de l’établissement depuis plus de six ans, s’est vu signifier du jour au lendemain sa mise en disponibilité. Depuis deux mois et pour un délai maximum de huit mois, il est payé à 75 % de son salaire. Ensuite, il sera soit muté à un autre poste, soit licencié. « J’ai passé ma vie à enseigner à mes enfants et à des générations d’élèves que si on travaille sérieusement et de manière éthique, on est récompensé, se désole-t-il. Je me sens ridicule aujourd’hui, vidé. » Il ne croit pas à son éventuel reclassement, car il doute des critères d’évaluation retenus par le ministère de la réforme administrative.
L’évaluation est le véritable enjeu de la réforme. Car si le gouvernement grec s’est engagé à mettre en disponibilité 25 000 agents d’ici à la fin de l’année, il s’est aussi engagé à en licencier 11 000 d’ici à la fin 2015. Et c’est par un processus d’évaluation que s’effectuera le choix entre ceux qui resteront et ceux qui partiront. Les objectifs chiffrés, imposés par les bailleurs de fonds du pays, ne sont pas négociables et doivent être tenus dans les délais.
LE CRITÈRE DU CONCOURS
Le temps manque donc pour mettre en place une évaluation des compétences. A défaut, le ministre de la réforme administrative, Kyriakos Mitsotakis, a retenu les conditions d’entrée dans la fonction publique comme critère principal d’évaluation, en privilégiant notamment les fonctionnaires recrutés par le concours de la fonction publique ASEP.
Cela inquiète particulièrement le personnel administratif des universités, prié de placer en disponibilité 1 500 agents d’ici à la fin de la semaine et en grève depuis plusieurs jours. « Le problème, c’est que la majorité de notre personnel n’est pas entré par l’ASEP. Pour certains d’entre eux, l’ASEP n’existait même pas ! Dans ces conditions, comment effectuer une évaluation juste ? », s’interroge Panayiotis Fotopoulos, le chef du personnel de l’université d’Athènes, où 500 personnes seraient potentiellement menacées. « Notre personnel est même certifié aux normes européennes ISO par l’organisme IQNet », précise encore M. Fotopoulos.
Quelle que soit l’ampleur des mouvements sociaux, le ministre Kyriakos Mitsotakis entend présenter aux experts de la « troïka » qui arrivent mardi à Athènes les listes nominatives des 12 500 personnes devant être mises en disponibilité d’ici à la fin du mois.