La laïcité à la sauce Peillon renforce la tutelle cléricale sur les enseignants
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Les écoles privées catholiques sont « sous contrat » : les enseignants sont rémunérés par l’État, ils mettent en œuvre strictement les mêmes programme que dans l’Enseignement public et la loi Debré garantit explicitement leur liberté de conscience, liberté de conscience dont bénéficient aussi les élèves. Toute activité de nature confessionnelle est facultative, doit être faite hors du temps scolaire et sur fonds propres. Plus clairement : l’Etat ne rémunère pas les enseignants de l’Enseignement privé pour qu’ils enseignent la pastorale ou fasse du prosélytisme pour la religion catholique, juive ou musulmane.
Pourtant, le nouveau statut de l’Enseignement catholique pose un principe opposé : l’Ecole devient lieu d’évangélisation. Le chef d’établissement est missionné par l’évêque, le prêtre est explicitement cité comme acteur de la vie de chaque établissement. Le cardinal André Vingt-Trois l’affirme d’ailleurs clairement : « L’enseignement catholique est d’abord confessionnel ».
Dans le même ordre d’idées, le nouveau parcours de formation des enseignants des établissements catholiques est totalement détaché de celui de leurs collègues du Public. Le scandale de l’obligation du préaccord se poursuit. Dorénavant, les chefs d’établissement privé (ceux nommés par les évêques) sont membres à part entière du jury des concours du Privé. Mais surtout adieu les IUFM pour tous, bonjour les ESPE pour le Public et les ISFEC et autres Universités catholiques pour le Privé. Profs du Public et profs du Privé ne sont plus formés ensemble, ils ne se croiseront plus que très occasionnellement. Deux mondes étanches et isolés se reconstituent.
Pourquoi affirmer haut et fort la laïcité de l’Éducation nationale s’il s’agit, par ricochet, de permettre à l’Enseignement confessionnel sous contrat de jouer le repli identitaire et d’imposer l’absence de laïcité à ses personnels et aux élèves ? Le Ministère de l’Éducation nationale a des obligations en tant qu’employeur : il doit protection aux agents contractuels de l’État que sont les enseignants. Il ne doit donc pas les laisser seuls face aux directions d’établissements confessionnels lorsqu’ils se trouvent dans l’obligation de faire respecter leur liberté de conscience.
Cet article reprend en partie une récente lettre ouverte de nos camarades du SNEIP.