Peut-on encore parler avec le master MEEF d’un « diplôme national » ?
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- un article de la CGT Education privée
C’est le cas notamment des Espe, ces Ecoles Supérieures du professorat et de l’Education, substituts aux anciens IUFM, qui ont été officiellement créées par décret le 30 août. Ils doivent préparer au master MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’Education et de la formation), diplôme nécessaires à la validation des concours de professeurs des écoles et de collèges et lycées. On ne peut que se réjouir que le Ministre ait entendu les demandes récurrentes de la CGT sur une nécessaire formation initiale des futurs enseignants que le gouvernement précédent avait supprimée. En revanche, la précipitation avec laquelle s’est menée cette réforme pose de réels soucis sur le terrain. Le décret est flou : « lors de la 1ère année, les facs et établissements partenaires « apportent tous les éléments requis en lien avec les attendus »... attendus qui ne sont pas développés dans le décret. Quelles seront les modalités de contrôle quand on sait l’hétérogénéité qu’entraîne l’autonomie croissante accordée aux Universités depuis la loi Pécresse ?
Comment assurer une égalité sur le territoire avec une offre pérenne : certaines ESPE ont reçu une accréditation pour 4 ans, d’autres pour une année seulement…
Pour les futurs enseignants de l’Enseignement privé sous contrat, la situation est encore plus confuse, et très inquiétante. Ils doivent se tourner vers les Universités catholiques, ou à défaut (car il n’y en a que 5 en France), vers les instituts de formation privés du réseau Formiris (ISFEC, ISP etc…) pour préparer leur MEEF. Ces établissements, comme le précise le Ministère de l’enseignement supérieur, « ne peuvent délivrer de diplômes nationaux mais peuvent coopérer avec des établissements publics ». L’Etat aura encore moins de contrôle sur ces établissements.
De plus, les frais de scolarité sont sélectifs : il en coutera en moyenne 1250€par an à un étudiant de la catho d’Angers, quand les frais d’inscription à l’Université sont d’environ 350€. Enfin, alors qu’un cadre général fixe les différents modules obligatoires (didactique, scientifique, sciences de l’éducation etc…) et leurs volumes horaires, on observe d’importantes variations avec les ESPE publiques. Le volume horaire global préconisé par le Ministère hors stages est par exemple en première année de master (M1) de 550h quand il est de 450h à la Catho d’Angers. Que manquera-t-il à cet étudiant ? Certaines ESPE catholiques profitent en outre de ce volume horaire pour insérer une « histoire de l’éducation libre », pour faire la promotion « d’un lieu d’études propice à la spiritualité » etc… Enfin, certaines « spécialités » (le savoir scientifique, matière enseignée) ne sont pas proposées.
Le SNEIP-CGT a demandé au Ministre de l’Education Nationale en juin dernier et au CSE du 19 septembre d’assurer l’égalité entre tous les étudiants et de former TOUS les futurs enseignants, dans les ESPE publiques. Nous continuerons de poser ce problème à chacune de nos rencontres.