CDEN sur les rythmes scolaires : Nous refusons de siéger pour valider ce que nous combattons
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- Déclaration commune CGT - SUD lors du CDEN de la Seine-Maritime, le 18 décembre
Monsieur le Préfet,
Ce CDEN doit donner son avis sur la mise en place des rythmes scolaires dans les écoles de notre département pour la rentrée 2014.
Ceci signifie que le ministère reste sourd aux manifestations de nos collègues du 14 novembre et 5 décembre derniers.
Pour SUD EDUC et la CGT la mise en place de ces nouveaux rythmes est indissociable d’une réflexion de fond sur les conditions d’accueil et d’enseignement pour les élèves et des conditions de travail de l’ensemble des personnels.
La nécessité de changer l’école, de revoir les rythmes et les contenus de celle-ci est évidente mais cette réforme n’est pas la bonne parce qu’elle ne prend pas ou trop peu en compte la réalité de l’enfant :
la journée reste aussi longue et même parfois elle est allongée
-le déroulement sur l’année reste identique
-aucune différenciation sur le temps passé à l’école n’est faite de la maternelle au lycée
les programmes ne sont toujours pas adaptés
les effectifs par classe restent les mêmes voire augmentent
la prise en compte de la difficulté scolaire n’est toujours pas au rendez-vous : aucune reconstitution des RASED et même nous allons assister à la continuité de son démantèlement.
Selon les communes et leurs budgets, les activités varient allant du simple goûter au cours de tir à l’arc, au tennis etc…
Pour nos collègues, cette réforme continue de dégrader leurs conditions de travail.
ils doivent se déplacer une demi-journée supplémentaire sans compensation salariale pour les frais de route et \ ou de garde de leurs enfants.ET ce alors même que des études du ministère rappellent qu’ils travaillent en moyenne plus de 44 heures par semaine.
la salle de classe étant à la fois leur lieu de travail mais aussi un bâtiment appartenant aux mairies , ils pourront se voir contraints de la laisser pour des activités péri éducatives et ainsi où devront-ils aller pour faire leurs travaux de correction et\ ou de préparation ?. Dans les instances, on parle de la mise en place de charte entre la mairie et les enseignants afin de réfléchir ensemble sur le partage de ces locaux. Mais nous ne sommes pas dupes, ce seront les mairies qui, en cas de désaccord, auront le dernier mot.
-certains apprentissages (les arts, l’EPS, etc…) risquent à terme d’être externalisés sur ce temps périscolaire alors que les collègues souhaitent continuer de les enseigner parce qu’ils sont indissociables des autres apprentissages notamment parce qu’ils permettent de prendre en compte les élèves dans leur globalité, de mieux les connaître et donc de les aider à progresser.
ET enfin et surtout, avec les projets éducatifs territoriaux, les enseignants seront sous la coupe des collectivités qui pourront décider de leur emploi du temps et par là auront un pouvoir d’ingérence sur leur pédagogie.
Les syndicats, Sud EDUCATION et la CGT EDUCACTION souhaitent, eux aussi, qu’une réflexion sur l’école ait lieu, nous ne sommes absolument pas opposés à des changements au contraire mais nous sommes opposés à cette réforme parce qu’elle ne répond pas aux besoins et parce qu’elle va accentuer les inégalités territoriales.Vouloir réformer les rythmes scolaires, ce n’est pas uniquement modifier les horaires , cela nécessite une réflexion plus large sur ce qui se passe avant, pendant et après le temps de classe. Ceci nécessite du temps et des moyens financiers. Mais le seul objectif de notre ministère était de communiquer, de laisser croire qu’il faisait quelque chose pour l’école.
Pour lutter contre les inégalités, l’enseignement doit rester polyvalent et relever de l’éducation nationale, assurant la gratuité et la laïcité.. Les enfants doivent être encadrés par des professionnels formés et titulaires.Les effectifs par classe doivent être diminués afin de permettre à nos collègues de donner du temps à chaque enfant.Il faut également des moyens pour généraliser le dispositif « plus de maîtres que de classes » .Les RASED doivent retrouver leur place au sein d’une école qui se donne pour mission de lutter efficacement contre les inégalités sociales.
Les programmes doivent être repensés, le socle commun de compétences supprimé.
Le temps de classe doit être différent selon les âges.Le temps d’enseignement sur l’année doit être revu. La formation initiale et continue des enseignants doit aussi faire l’objet d’une nouvelle réflexion .Autant de pistes sur lesquelles nos organisations syndicales sont prêtes à débattre avec le ministère.
Dans l’immédiat et parce que ce ministère ne veut pas entendre les désaccords exprimés par une grande partie de nos collègues lors des journées de mobilisation qui ont eu lieu partout en France au cours de ce premier trimestre ; et parce qu’ils nous sembleraient incohérents à nous, organisations syndicales, d’appeler à des journées de grève puis de siéger bien sagement dans les instances qui valident ce que nous combattons et continuerons dès janvier prochain à combattre , nous décidons de boycotter ce CDEN .