Réforme de l’éducation prioritaire : des propositions alléchantes mais des mesures insuffisantes et dangereuses pour les personnels !
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Le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, a présenté son "plan pour l’éducation prioritaire", jeudi 16 janvier 2014.
Concernant les personnels enseignants - Le ministre a repris les annonces des chantiers métiers : indemnités spécifiques, pondérations et création d’un nouveau grade d’accès fonctionnel (GRAF). Cela concernerait 100 réseaux en 2014 et 350 en 2015.
La CGT Éduc’action reste opposée à la multiplication des indemnités spécifiques et surtout à la création d’un nouveau grade qui crée de nouvelles inégalités et une hiérarchie entre les personnels. Elle est favorable à des décharges de service pour les missions particulières.
Ainsi, le ministère reconnaît la difficulté et la spécificité d’enseigner en ZEP par l’octroi de décharges horaires (via une pondération) afin de pouvoir donner du temps pour le travail en équipe et le suivi des élèves (1.5 h/hebdo en collège et 9 jours par an en primaire). Mais, derrière cette proposition alléchante peut se profiler une remise en cause des garanties statutaires des personnels enseignants du second degré. La décharge horaire risque de ne pas permettre une réelle baisse du temps et de la charge de travail. La baisse du temps devant élèves, associé à la mise en place d’un temps de concertation et de formation, défini localement, va sans doute se traduire par la multiplication des réunions obligatoires qui pourraient être chronophages. De plus, la grande majorité des collègues qui exercent dans l’éducation prioritaire ne sont pas concernés par la pondération.
La CGT Educ’Action Rouen n’est pas opposée à la mise en place de projets, de réunions, de concertation, mais sur la base des initiatives de collègues volontaires.
La CGT Educ’action défend avant tout les conditions de travail des personnels et donc leur statut. Dans notre académie, lors du Comité technique, elle a voté avec le SNES et FO un vœu clair sur cette question :
Concernant le projet de refondation des statuts des professeurs, nous rappelons nos exigences :
- nous voulons garder des obligations définies en maxima hebdomadaires d’heures d’enseignement disciplinaires et nous refusons l’annualisation de notre temps de travail ;
- nous ne voulons pas que nos services soient définis localement et refusons le principe de lettres de missions ;
- la pondération 1,1 prévue pour les collègues exerçant en éducation prioritaire ne doit pas s’appliquer à un nombre réduit d’établissements ;
- nous nous opposons à la suppression des décharges statutaires et tout nouveau calcul des pondérations qui se traduirait par des pertes salariales ;
- nous nous opposons à une redéfinition de nos statuts qui conduirait à une augmentation de la charge de travail."
Enfin, le Ministre maintient le dispositif Eclair que la CGT Educ’action n’a cessé de dénoncer. Cela traduit bien sa volonté de maintenir encore aujourd’hui dans l’éducation prioritaire des fonctionnements dérogatoires aux garanties statutaires.
Concernant les élèves - Le ministre annonce un nouveau renforcement de la scolarisation des enfants de moins de 3 ans, pour arriver, d’ici 2017, à 30 % dans les 350 réseaux. Rappelons que les "efforts" constatés lors de la rentrée 2013 ont été très peu visibles. Ceux annoncés pour la rentrée 2014 ne sont pas de nature à faire évoluer sensiblement ces taux de scolarisation pour l’ensemble des écoles relevant aujourd’hui de l’éducation prioritaire, dans certaines académies ces taux étant bien en-deçà des 5 %...
Par ailleurs, le ministre annonce plus d’enseignants pour le dispositif "Plus de maîtres que de classes". En théorie, ce dispositif est positif mais il doit se vérifier en pratique quand, aujourd’hui, le ministère peine à prendre en charge la hausse démographique...
Enfin, le ministre annonce que les réseaux bénéficieront d’un renforcement en infirmières et assistantes sociales. Cette annonce va dans le sens des revendications de la CGT Éduc’action, ce qui n’est pas le cas pour l’annonce de la création de 500 nouveaux postes d’Assistants de Prévention et de Sécurité. La CGT Educ’action continue de réclamer des moyens pérennes en termes d’accompagnement éducatif.
La CGT Éduc’action constate que le ministère opère une redéfinition de la carte de l’éducation prioritaire qui pourrait aboutir à un nouveau rétrécissement de celle-ci, ce qui ne serait pas acceptable. Elle demande que les moyens annoncés soient réellement mis sur la table. En ce sens, la CGT Educ’action reste très dubitative au regard des budgets et des recrutements prévus.
Les annonces du ministre peuvent paraître ambitieuses. Mais les personnels doivent rester mobilisés pour défendre leurs conditions de travail, ce qui passe par le refus des mesures qui remettent en cause nos garanties statutaires.
Le plan annoncé semble être un curieux mélange de poudre aux yeux et de biais enfoncés dans le statut. D’autant plus, que la préparation de la rentrée 2014 contredit la soit-disant bonne volonté de Peillon : dans les académies, les seuils prévus dans et hors éducation prioritaire avoisinent ou sont à 30 élèves par classe en collège et 35 en lycée.