Luttons pour le maintien des SEGPA !
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L’objectif du ministre est la disparition complète des classes SEGPA à moyen terme et par conséquent la suppression des milliers de postes des enseignants spécialisés (PE et PLP). Ainsi, les élèves relevant de la SEGPA seront intégrés dans les classes ordinaires des collèges, classes extrêmement surchargées allant jusqu’à 30 élèves. Et tout cela avec « des parcours individuels et inclusifs » selon Peillon.
En effet lors du groupe de travail ministériel du 5 février au sujet des SEGPA, le ministre Peillon a affiché sa volonté de mettre fin aux structures de SEGPA telles quelles existent aujourd’hui. Cette volonté n’est pas nouvelle, mais le ministre compte accélérer les attaques contre les SEGPA, structures si importantes et précieuses pour les élèves en grande difficulté d’apprentissage. Après la fermeture des Formations qualifiantes (FQ, CAP en 2 ans après la classe de 3me SEGPA) dans la quasi-totalité des académies, le ministre veut réduire les structures SEGPA (de la 6éme à la 3éme) à un dispositif d’inclusion, un peu à l’image des ULIS.
Les élèves des Formations qualifiantes dans l’Académie de Rouen doivent être selon l’inspecteur académique intégrés dans les lycées professionnels. Or, il n’y a pas de structures adaptées ni des places suffisantes pour accueillir ces élèves. Pour anticiper la future fermeture des SEGPA, l’Inspection académique interdit le redoublement en école primaire ce qui empêche qu’un élève soit candidat pour la 6me de SEGPA.
Dans la logique du ministre de faire des économies coute que coute des classes 15 élèves comme celles des SEGPA et des FQ ne sont plus tolérables (ni les classes ordinaires 25 élèves).
Victoire pour les enseignants du Collège Emile ZolaL’Inspection académique annonçait fin janvier, dans la même optique, la fermeture de deux classes de SEGPA, une au Collge Paul Eluard Saint Etienne du Rouvray et l’autre au Collge Emile Zola Sotteville-les-Rouen.
Suite à cette annonce, les enseignants du Collège Zola, décidés de ne pas accepter la fermeture de la 6me SEGPA et la suppression d’un poste de professeur d’école spécialisé, se sont réunis plusieurs fois en heure syndicale et AG et ont organisé la résistance : lettre aux parents, demande d’audience auprès de l’IA, pétition, information aux parents lus des écoles primaires, motion et vote majoritaire contre la DHG au CA du 4 février, communiqué de presse et la préparation d’une journée d’action le 6 février.
Une mobilisation encourageanteCette journée d’action était un succès : un rassemblement devant le Collège à 8 heures du matin regroupait en tout une cinquantaine de personnes : élèves de SEGPA, enseignants, parents d’élèves, enseignants d’autres établissements, syndicalistes et la presse. Ensuite, une vingtaine d’enseignants se sont rendus à la mairie pour interpeller le maire. Lors d’une mini-manifestation sur le marché avec banderole et mégaphone, de nombreux habitants de Sotteville ont déclaré leur soutien et ont signé la pétition. En même pas deux jours les enseignants (et parents d’élèves) ont récolte environ 400 signatures. Après avoir fait la tournée des écoles primaires du secteur du Collège Zola pour informer les parents d’élèves, une délégation d’enseignants s’est retrouvée le soir devant l’Inspection académique ou avait lieu une réunion du CTSD (Comité technique spécial départemental) au sujet des SEGPA. Même avant le début de la séance, Carrière, Directeur académique, a annoncé qu’il revenait sur sa décision de fermer la 6me SEGPA Zola (et aussi sur la fermeture de classe au collège Eluard). Evidemment tout cela sera revu la rentre 2015.
Le contexte des municipales et plusieurs articles de presse ont certainement aidé, mais la mobilisation des enseignants du Collège Zola était décisive pour remporter cette victoire. Une mobilisation très encourageante car elle impliquait la majorité des enseignants sous des formes différentes et elle a démontré qu’une lutte collective est le meilleur moyen pour défendre nos conditions de travail et les conditions d’études de nos élèves.
La jeunesse issue des milieux populaires, victime de l’austéritéForte diminution des postes RASED dans le premier degré, attaques contre l’enseignement professionnel, fin de beaucoup de Zones d’éducation prioritaire (ZEP) avec des milliers d’heures d’enseignement supprimes à la clé, fermetures des CIO, fermeture des structures SEGPA et Formation qualifiante : ce sont tout d’abord les jeunes issus des milieux populaires qui sont les plus touchés par cette politique éducative du gouvernement. Malgré les annonces hypocrites de Peillon de vouloir palier au décrochage des élèves, c’est tout à fait le contraire qui se produit : les élèves les plus en difficulté ne sont plus correctement encadrés dans les structures adaptèes comme les SEGPA faute de moyens ou sont noyés dans les classes surchargées au collège, lycée et lycée pro sans le moindre moyen de s’en sortir. Les dispositifs comme le DAD (dispositif anti-décrochage) ne représentent dans ce contexte au mieux qu’une gestion de la misère.
La lutte contre cette éducation à deux vitesses, la lutte pour le maintien des structures pour les élèves en difficulté comme les SEGPA s’inscrit dans la lutte contre toutes ces coupes budgétaires, s’inscrit dans la lutte pour une Éducation de qualité pour toutes et tous. La CGT Educ’action s’oppose à cette « politique éducative » contre les jeunes en général et contre les jeunes défavorisés en particulier, s’oppose à cette austérité et reste entièrement partie prenante pour construire des mobilisations venir.
Olaf van Aken, enseignant au Collge Emile Zola