DHG Maupassant 2014 : Une belle mobilisation et des enseignements pour l’avenir
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Disons-le d’emblée, on ne peut pas parler de victoire à l’issue de plusieurs semaines de mobilisation contre la DHG du LGT Maupassant. Le bilan est maigre, quelques heures seulement ayant été arrachées. Des miettes. Alors, tout ça pour ça ? La prochaine fois, ça ne vaudra même pas la peine de se battre ? A la CGT Educ’ Action, nous pensons au contraire que la mobilisation est malgré tout un événement positif et que nous devons nous appuyer sur cette expérience pour construire des mobilisations qui débouchent à l’avenir sur d’authentiques victoires.
Fait important, malgré les attaques qui se succèdent depuis plusieurs années, les collègues ne sont pas résignés et ont montré une fois de plus qu’ils savent se mobiliser. L’immense majorité des collègues ont en effet participé activement aux actions proposées : grèves, freeze, rédaction et distribution de tracts, élaboration d’une page Facebook, concours de photographies décalées, etc. Les AG quotidiennes du midi ont été très bien suivies et toutes les actions ont été discutées, débattues et, quand c’était nécessaire, votées démocratiquement. Les collègues ont su également faire preuve de créativité pour populariser leur mouvement. Les flash mob/freeze ont été spectaculaires, elles ont permis de fédérer largement adultes et élèves et ont servi à relayer dans les medias locaux et les réseaux sociaux la juste indignation des collègues.
Pour autant, nous devons aussi tirer des enseignements de la mobilisation pour l’avenir. Un certain nombre de collègues pensent par exemple qu’une direction plus compétente et plus à notre écoute aurait permis d’éviter une DHG aussi catastrophique. A la CGT Educ’ action, nous pensons au contraire qu’il ne faut pas se faire trop d’illusions à cet égard. Un(e) chef d’établissement plus revendicatif à l’égard de sa hiérarchie aurait peut-être permis d’atténuer un tout petit le choc mais pas tellement plus, surtout quand la baisse excède les 70 heures d’enseignement. Il ne faut rien attendre d’un éventuel proviseur « sauveur » mais au contraire apprendre, nous enseignants et salariés de terrain, à compter avant tout sur nos propres forces. Notre force, c’est l’union la plus large et la plus déterminée pour résister aux décisions injustes et brutales en termes de suppression de postes, de conditions de travail et de qualité de l’enseignement.
De même, nous avons pu mesurer combien il ne faut pas attendre grand-chose du soutien des élus locaux. La députée locale a eu beau promettre l’obtention d’un nombre important d’heures, nous n’avons pas vu venir grand-chose sur le LGT et rien du tout sur le LP.
Par ailleurs, concernant les modalités de la lutte, les actions sympathiques, ludiques, festives, spectaculaires du type flash mob, freeze, occupations nocturnes ne peuvent à elles seules constituer une véritable alternative aux moyens d’action plus traditionnels. Ce qu’il faut au monde du travail dans le contexte actuel, et au monde de l’éducation en particulier, c’est retrouver une vraie combativité, celle qui permettrait de mettre un coup d’arrêt aux politiques de régression sociale qui se suivent depuis plusieurs décennies. Dans cette perspective, seules des grèves longues, déterminées et contagieuses permettraient de gagner. Les actions ludiques et alternatives peuvent être utiles dans un cadre de lutte qui privilégie la grève mais c’est une erreur de penser qu’elles peuvent nous dispenser de construire la grève.
A la CGT Educ’ action, nous pensons qu’il faut chercher à élargir la mobilisation et à nouer plus de contacts avec les personnels des autres établissements scolaires, comme nous avons essayé de le faire avec les personnels du collège Ferry. Croire qu’il n’y aurait que des problèmes locaux, des situations particulières, propres à chaque établissement, est à notre avis une erreur. Nous avons le même patron, l’Etat, et nous subissons la même politique, l’austérité. Il n’y a pas vraiment de problématique spécifique à Fécamp. Partout, on manque de postes d’enseignants, d’assistants d’éducation, de Copsy, d’infirmières, d’assistantes sociales, de personnels techniques des locaux, d’administratifs, etc. Partout, de nombreuses familles connaissent des difficultés pour vivre avec des moyens financiers suffisants, ce qui pèse sur la scolarité d’un grand nombre de jeunes. Partout, les enseignants se retrouvent démunis pour travailler correctement avec leurs élèves, toujours plus nombreux par classe.
Enfin, nous pensons également que, quel que soit le gouvernement ou la couleur politique des élus locaux et nationaux, les salariés devront continuer à se battre pour arracher de meilleures conditions de travail. Concernant les syndicats, ceux-ci ont un rôle important à jouer pour inciter les salariés à s’organiser démocratiquement dans les luttes qu’ils mènent. Nous ne sommes pas de ceux qui veulent se battre à la place des collègues, qui négocient pour eux ou qui privilégient le syndicalisme de service et de connivence. Nous défendons un syndicalisme combatif, indépendant du pouvoir et qui favorise l’organisation de l’action par les salariés eux-mêmes. Dans cette période de reculs sociaux, nous avons besoin de syndiqués qui ne baissent pas les bras et qui incitent leurs collègues à se prendre en main. Enseignants et syndiqués à la CGT, nous faisons également le choix d’un syndicalisme interprofessionnel et intercatégoriel et non d’un syndicalisme strictement enseignant.
Alors, des combats à mener, il y en aura d’autres. Mais si nous voulons gagner, il faut s’y préparer dès maintenant. Rejoignez-nous et syndiquez-vous. SYNDIQUÉS, NOUS APPRENONS À NOUS ORGANISER ET À NOUS DÉFENDRE COLLECTIVEMENT. REGROUPÉS ET UNIS, NOUS SOMMES PLUS FORTS.