Concours internes et réservés : la précarité organisée…
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Ils s’appellent Nicolas, Séverine, Marie-France ou Estéban et enseignent depuis des années dans l’enseignement privé sous contrat. Parfois ballottés d’un établissement à l’autre, parfois payés en heures supplémentaires sans pour autant disposer d’un temps plein, souvent obligés de travailler loin de chez eux, comme la dernière roue du carrosse, ils partagent des caractéristiques communes : ils sont mal payés (moins de 1200 euros net par mois pour un temps plein d’enseignement), et ne savent pas de quoi sera fait leur avenir. Ils sont les véritables soutiers de l’Education Nationale.
Heureusement, l’administration a tout prévu pour sortir ces agents de la précarité : les concours internes, les concours réservés, les examens professionnels.
Nous touchons là au comble de l’hypocrisie et de l’abjecte. Ces concours sont effectivement ouverts. Les collègues travaillent donc d’arrache pieds, en plus de leur temps plein, pour obtenir le précieux sésame vers une situation plus enviable. Seulement le nombre de postes proposés ne correspond pas aux besoins. Conséquence : lorsque 50 collègues en activité se présentent pour 10 postes offerts, cela crée 40 désillusions, 40 vocations fragilisées à leur retour devant les élèves, 40 projets de vie remis en cause.
Mais après tout, ils ne sont peut-être pas très bons, nos collègues, s’ils n’obtiennent pas ce concours ? Alors pas d’hypocrisie : mettons-les dehors ! Non. L’administration (via les jurys composés d’enseignants et d’inspecteurs) refuse leur accès à un statut stable… mais leur propose un nouvel emploi à la rentrée suivante !
Pourquoi se priver puisque nous pouvons utiliser des personnels dévoués, flexibles, malléables… et moins chers. Encore mieux qu’une délocalisation en Roumanie ! Les jurys produisent même parfois un travail zélé, en octroyant un nombre d’admis inférieur au nombre de contrats proposés. Il s’agit pourtant bien d’un concours, pas d’un examen. Au même titre que le conducteur chevronné qui repasserait le code après 20 ans de permis, le professeur certifié serait-il très à l’aise devant un jury qui l’interroge sur les 14 compétences indispensables à tout enseignant digne de ce nom. Allons plus loin : l’inspecteur qui juge inapte un maître délégué (à l’obtention du concours, pas à la capacité d’enseigner !) serait-il lui-même très à l’aise devant une classe de 35 élèves ? Pas sûr. Mais les préoccupations des uns et des autres ne sont pas les mêmes en fonction de leur position dans l’échelle de l’administration. Et la mémoire semble faire défaut lorsqu’il s’agit de se souvenir de la complexité de vivre une situation précaire quand on a pu s’en extraire soi-même. Le souci de garantir une fonction publique de qualité, sans doute ?
Alors la CGT Educ’action 76 demande la fin de cette situation inacceptable. Elle revendique donc la titularisation sans condition de toutes et tous les précaires.
Dans l’immédiat, nous demandons l’augmentation du nombre de postes mis au concours et qu’aucun poste ne soit pas pourvu.