PLAN BORLOO DE « COHÉSION SOCIALE »
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Le projet de loi Borloo pour la « cohésion sociale », adopté en Conseil des ministres le 15 septembre dernier, prétend couvrir à la fois les domaines de l’emploi, du logement et de ce qu’il appelle sans vergogne « l’égalité des chances ». Certaines facettes de ce projet concerne directement l’Education nationale.
Collège : répression et élitisme
Ce projet prévoit la création de 30 internats avec « enseignement général, enseignement pré-professionnel et activités ludiques et culturelles ». Ces établissements seront destinés aux élèves rebelles à l’autorité, avec comme objectif de les éloigner des « mauvaises influences » de leur quartier ou de leur famille. L’instruction sera réduit à une portion congrue au profit d’un dressage par le travail en entreprise. Cela s’inscrit parfaitement dans la longue série de mesures sécuritaires et dans la politique de déqualification et de déscolarisation de la jeunesse, prônée par le rapport Thélot.
Pour les élèves connaissant des difficultés scolaires mais n’étant pas en conflit avec l’institution, Borloo prévoit de développer l’alternance et d’expulser ces élèves de l’école dès 14/15 ans, en les mettant en pré-apprentissage.
En parallèle de ces exclusions du système scolaire des élèves en difficulté, le projet de loi entend créer des « pôles d’excellence éducative » dans des collèges. On en revient donc à une sélection précoce et, comme avec la « réforme » de la classe de 3ème, le collège unique est définitivement enterré.
Après 16 ans, la déscolarisation
Borloo veut « augmenter de 40% le nombre d’apprentis » (pour arriver à 500 000 dans un premier temps) et ainsi « porter à 2% de l’effectif le nombre d’apprentis dans les entreprises ». Là encore, comme dans le rapport Thélot, l’accent est mis sur la sortie rapide du système scolaire de ceux qui devront former la future main d’œuvre déqualifiée et surexploitée.
La conséquence logique de ce développement de l’apprentissage sera que les LP vont se vider de leurs élèves au profit des CFA et de formations internes aux entreprises, qui n’offriront pas de diplômes reconnus dans les conventions collectives.
Cette déscolarisation de la jeunesse s’accompagne de cadeaux fiscaux au patronat. Le budget 2005 prévoit que l’embauche d’un apprenti ouvre également un crédit d’impôt de 1 600 euros par an, qui peut être porté à 2 000 dans le cas de l’embauche d’un apprenti qui « connaît des difficultés d’insertion particulière ».
Privatisation de l’éducation
Le projet de loi Borloo prévoie de constituer des « équipes de réussite éducative » dans les ZEP et les zones urbaines sensibles (ZUS).
Pour cela, il modifie les compétence de la caisse des écoles dans le 1er degré. Celle-ci est placée sous la responsabilité des municipalités et est chargée de gérer les fonds permettant les sorties éducatives, les classes transplantées, l’achat des livres scolaires, la gestion de la cantine, ... Jusqu’à présent, elle n’avait pas le droit d’embaucher ou d’intervenir dans le fonctionnement de l’école ou la pédagogie. Désormais, ces caisses vont pouvoir constituer des « équipes de réussite éducative ». Dans ces équipes, comme l’a indiqué récemment le ministre lors d’un déplacement dans la Vienne, des bénévoles pourraient se voir confier des missions éducatives.
Ces équipes pourraient aussi être gérées par des groupement d’intérêt public (GIP) de gestion publique ou privée (90% des GIP sont privés) qui aurait le pouvoir de recruter du personnel en CDD ou CDI.
Les enfants en difficulté ne seront donc plus confiés à du personnel statutaire et qualifié, mais à des bénévoles ou des salariés de droit privé, et plus souvent précaires. C’est là un pas de plus vers la privatisation de l’enseignement !
Ce plan implique également une modification / destruction des règles statutaires : à travers l’affichage de recruter 100 000 jeunes en alternance dans les trois Fonctions publiques, le gouvernement remet en cause les concours nationaux.
Ce projet de loi doit être combattu
Le Plan Borloo va donc continuer à produire cette « exclusion » qu’il prétend combattre. Ce plan va accentuer les inégalités en privant du droit à l’instruction les enfants des quartiers populaires.
Ce plan est non seulement le digne continuateur de la politique de « refondation sociale » du Medef, en voulant détruire l’ensemble des droits collectifs conquis par les travailleurs, mais c’est aussi la mise en œuvre de certaines des propositions du rapport Thélot.