Nous, professeurs au lycée, nous, les "pseudoZintellectuels"... ne voulons pas de cette réforme du collège
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Nous reproduisons ci-dessous un tract intersyndical réalisé au lycée Blum de Créteil
La réforme du collège présentée par la ministre doit s’appliquer à la rentrée 2016. Elle s’inscrit dans le cadre de la loi de refondation Peillon qui organise la territorialisation de l’éducation nationale, en lien avec la réforme des statuts, le socle commun et aux nouveaux programmes associés.
Nous, les "pseudoZintellectuels", ne voulons pas des EPI pris sur les heures disciplinaires.
Pour chaque niveau, 3 ou 4 h sont prises sur les heures disciplinaires pour les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires). Cette répartition se fera établissement par établissement, ce qui sera source de tensions et de divisions entre les équipes. Avec l’AP et les dédoublement, c’est 20% de la DHG des collèges qui sera gérée au local. Le contenu des enseignements complémentaires sera défini par le conseil pédagogique, les heures réparties globalement sur l’ensemble du cycle. Ce seront finalement près de 2/3 d’une année scolaire perdus pour les élèves sur l’ensemble du collège.
Nous, le "ballet des Cassandre ", voulons des programmes disciplinaires nationaux définis annuellement
L’objectif de l’enseignement obligatoire devient l’acquisition du socle commun. Les projets de programmes en sont la déclinaison, définis par cycle avec des compétences omniprésentes. Ils ne sont plus énoncés en terme de savoirs mais de compétences ; seul le terme de "compétence" est retenu pour "l’évaluation régulière" et la "validation" en fin de cycle. Ainsi, les programmes seront nécessairement déclinés localement, avec des inégalités croissantes entre les collèges quant aux contenus enseignés. On s’achemine ainsi vers l’école du socle et vers une explosion des inégalités. Une telle organisation demanderait par ailleurs un travail supplémentaire considérable, des réunions en tout genre (conseil de cycle, de disciplines, conseil école-collège avec chaque école du secteur) justement permis par le décret sur les statuts d’août 2014.
Nous refusons donc cette autonomie des établissements, qui aggravera les inégalités déjà existantes. Nous ne voulons pas d’un collège à 7200 vitesses (soit le nombre de collèges en France).
Nous, les "immobiles", voulons un vrai enseignement du latin et du grec
Le latin et le grec prendraient la forme d’EPI ou d’une option, présentée ou non selon le choix de l’établissement. Cette dernière se ferait sans “financement“ supplémentaire de DHG : il faudrait prendre des heures dans le pot commun, et ce donc au détriment d’autres disciplines, ce qui sera encore source de divisions entre les collègues.
Nous, les "conservateurs", voulons conserver ce qui fonctionne en langues vivantes : les classes bilangues et sections euros
Les classes bilangues ont notamment permis de conforter la présence de l’enseignement de l’allemand dans de nombreux collèges. Loin d’être élitistes, elles ont favorisé la mixité sociale. Leur suppression menace gravement l’enseignement même de l’allemand. Nous voulons conserver une vraie diversité linguistique et un horaire d’enseignement permettant de réellement faire progresser les élèves. Les 2,5h/sem de LV2 dès les 5èmes, présentées comme une amélioration, combinée à la suppression des classes euros, ne remonteront en rien le niveau en langues étrangères des élèves.
Nous, les "réactionnaires" sommes contre la territorialisation de l’éducation nationale
Après la réforme des rythmes, l’éducation nationale se structurerait encore un peu plus en réseaux : le cycle 2 CM1-CM2-6ème va imposer aux écoles et collèges du secteur une étroite collaboration, une application locale des programmes et des contenus réduits et adaptés au contexte local. Tout cela va entrainer un profilage des établissement et une mise en concurrence des établissements sur le territoire. Cette modulation des programmes selon les collèges aura des conséquences sur le lycée, et menace à terme le caractère national du baccalauréat.
Nous, les " détracteurs" sommes pour la défense de la liberté pédagogique
Le conseil pédagogique prendrait une place plus importante avec cette réforme au collège. Les enseignants seraient plus directement soumis au chef d’établissement, et seront les exécutants des projets décidés localement. Les enseignants devront se soumettre aux hiérarchies intermédiaires (conseil de cycle, école-collège, conseil d’école, pédagogique, d’établissement...) et au "projet d’établissement" ce qui réduira à néant la liberté pédagogique de chacun d’entre-eux. Dès la rentrée 2015, inspecteurs et chefs d’établissement prépareront ces « formations » qu’implique la nouvelle organisation du collège.
Cette réforme aura nécessairement des effets sur le lycée. Il ne s’agit pas d’obtenir une bonne application de la loi de refondation, une bonne définition locale des contenus des enseignements, alors que c’est dans ce cadre que se place la consultation sur les programmes. Ces projets ne sont ni amendables, ni négociables.