La misère s’invite dans nos écoles !
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Des enfants sans chaussettes l’hiver, qui dorment dans des squats, ne mangent pas à leur faim... Un rapport dévoilé en mai raconte la détresse à laquelle sont souvent confrontés les professeurs. Les témoignages d’enseignants recueillis pour ce rapport font froid dans le dos.
Dans son rapport sur la « grande pauvreté et réussite scolaire » publié ce mardi, une enquête menée dans dix académies, Jean-Paul Delahaye, l’ancien directeur général de l’enseignement scolaire formule 68 recommandations. Mais c’est d’abord la multitude de témoignages bouleversants des professeurs confrontés de plein fouet à cette misère que l’on retient. Une situation aggravée par la crise économique.
À l’école Valmy du Havre, les professeurs observent que, pour beaucoup de parents, « la fin du mois commence le 10, les gens mettent des T-shirts dans les trous du plancher pour que les rats ne rentrent pas, certains enfants nous disent : à quoi ça sert d’apprendre, plus tard je serai chômeur ».
Dans des écoles de Stains (Académie de Créteil), on explique que « pour un enfant, une matinée le ventre vide jusqu’à 12h30, c’est long et cela peut compromettre l’investissement de l’élève dans son travail scolaire ; malgré le coût des repas réduits, pour certaines familles, c’est encore trop, les enfants ne mangent pas à la cantine mais ne mangent pas correctement chez eux ».
Même constat à Nancy et à Maxéville ou à Arras où « des enfants ont faim et l’expriment spontanément ou se manifestent par des vols réguliers de goûters. Certains énoncent spontanément le fait de ne pas avoir déjeuné le matin. Face à certaines situations et difficultés observées, la directrice invite les familles à inscrire l’enfant à la cantine (prix du repas 70 cts d’euros) en utilisant des moyens de contournement et promouvant le fait d’être avec ses camarades ».
Dans une cité scolaire de Metz, les impayés de cantine se montent à 15 000 euros pour plusieurs dizaines de familles et le nombre, dit un proviseur, a triplé en 10 ans. Les enseignants d’une école de la Somme en éducation prioritaire remarquent que « les régimes « mono-aliment » sont souvent révélateurs d’un grand état de pauvreté.
Les ghettos sont aussi ethniques, comme dans des écoles des quartiers nord de Marseille où les seules personnes non issues de l’immigration sont essentiellement les personnels de l’éducation nationale. Si l’on considère divers quartiers dont nous avons une connaissance directe, on observe en effet dans les rues, les écoles, les centres sociaux, les commerces, les transports qu’une large part de la population est d’origine immigrée, et/ou composée de « non-Blancs ». Cette réalité, trop souvent sous-estimée par une partie des élites et des sociologues, est toutefois omniprésente dans l’expérience et le discours des habitants des cités. Un tel décalage participe ainsi au sentiment de ces derniers d’être parqués dans des « ghettos ». La précarité des conditions de logement : marchands de sommeil, locaux insalubres…
Dans les écoles REP du Havre visitées par la mission, 40 % des caries dentaires ne sont pas soignées. Les médecins de l’Éducation nationale et les infirmières témoignent que le lundi est un jour très chargé car les jeunes viennent se faire soigner à l’école, n’ayant pu le faire le week-end. En zones urbaines comme en zones rurales, on est « souvent dans l’urgence, on oriente vers ». En outre, ces familles, sans ressources, n’ont pas souscrit de mutuelle et sont souvent dans l’impossibilité de faire face à l’achat de lunettes, aux soins dentaires. Des enfants sans chaussettes et parfois sans chaussures
etc... Le rapport est un vrai catalogue non exhaustif des symptômes de la misère que nous voyons au quotidien.