CTA du 22 juin : déclaration de la CGT Educ’action
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La rentrée 2015 s’annonce encore comme celle d’une nouvelle offensive du gouvernement contre les fonctionnaires et les personnels de l’Education nationale en particulier, à travers la fusion des académies de Caen et de Rouen, la réforme du collège et des suppressions de postes qui se poursuivent.
Concernant le point sur la régionalisation et l’organisation des services académiques, le peu d’information des documents qui nous ont été envoyés, et l’absence de réponse aux questions sur ce point lors du dernier CAEN, nous laissent plus que perplexes.
Nous rappelons notre totale opposition à la réforme de la territorialisation et donc à la fusion des académies. Celle-ci s’opère principalement pour des raisons budgétaires qu’impose l’austérité. Malgré les annonces « rassurantes » de la Ministre, à l’échelle de l’éducation comme dans d’autres secteurs, le but est de « rentabiliser » les moyens en liquidant ou en dégradant les missions remplies mais aussi de faire des « économies » sur le dos des personnels de l’éducation. Cette rentabilité se fera une fois du plus en s’attaquant aux conditions de travail des salariés. C’est une évidence qu’à plus ou moins long terme il y aura de nombreuses conséquences négatives en terme de fusion de services et de fermeture de sites, de mobilité forcée des agents, de suppression d’emplois, de flexibilité accrue... Lorsque l’on connaît le peu de cas que font les services académiques du travail des CHSCT, on ne peut que craindre que toutes ces réorganisations soient effectuées avec l’opacité habituelle.
De plus, nous pouvons être très inquiets pour l’enseignement professionnel. Même si les annonces gouvernementales prétendent que « L’objectif n’est pas la régionalisation de l’enseignement », le MEDEF dont les idées sont souvent reprises par le gouvernement a déjà proposé la régionalisation des professeurs de l’enseignement professionnel. La nouvelle étape de la décentralisation en fournira peut être l’occasion.
La politique du Ministère contre le collège unique confirme le fait que nous ne pouvons pas avoir confiance dans les « engagements » des uns et des autres. La Ministre a répondu par le mépris aux fortes mobilisations du 19 mai et du 11 juin, en utilisant les méthodes de « passage en force » qu’ils condamnaient hier.
Nous demandons l’abrogation du décret « réforme du collège ». L’atout séduction des 4000 ETP ne prend pas. Si, et seulement si ces ETP sont créés, ce dont nous pouvons douter, (Rappelons que 39 postes ont été supprimés dans les collèges de l’académie pour la prochaine rentrée), ce chiffre ne ferait au final qu’une moyenne de 10h00 par établissement. Et cette réforme ne s’attaque pas au problème des effectifs par classe qui qui est une des principales sources de la difficulté scolaire. La CGT éduc’action revendique, à tous les niveaux de la scolarité, des maximas de 15 élèves par classe en éducation prioritaire et de 20 hors éducation prioritaire.
L’AP, les enseignements pluridisciplinaires vont mettre en concurrence les disciplines entre elles vont aggraver l’échec scolaire en multipliant des structures sans cadre, inefficaces et qui ne correspondront pas à des enseignements disciplinaires. Et les heures de « marges » vont accroître fortement l’autonomie des établissements. Une partie des enseignements sera « à la carte » et permettra une sélection encore plus forte des enfants. Cette réforme va augmenter les inégalités, à l’image de l’enseignement des langues anciennes et régionales qui en disparaissant en tant qu’option, est voué à l’extinction dans des collèges dont on peut craindre que ce seront majoritairement ceux des quartiers les plus populaires. C’est tirer une fois de plus à boulet rouge sur la volonté d’offrir à tous les enfants une éducation ambitieuse. Quant aux classes euros et bi-langues, si le ministère se souciait réellement de combattre l’élitisme, il suffisait d’en implanter dans chaque collège et de les ouvrir à tous les élèves qui en font la demande. Et le ministère ne semble pas avoir pris en considération les conséquences pour les enseignants de langue et de lettres classiques.
Pour les personnels, la note va être salée, mais c’est là aussi le but recherché : continuer les attaques sur notre statut et nos conditions de travail. Les enseignements interdisciplinaires, la fusion des horaires de sciences en 6° permettent d’avancer à nouveau sur la bivalence des enseignants à laquelle nous sommes opposés. De même, la création d’une marge de 20% des enseignements au choix d’un établissement est une manière détournée de rendre un peu plus flexible encre les enseignants, en plus de les mettre en concurrence.
Enfin, les problèmes ne se limitent pas au seul niveau collège. Tous les secteurs de l’éducation sont attaqués sous de nombreux aspects depuis plusieurs années : réforme des rythmes scolaires, précarité, CCF, fermetures de filières en lycées professionnels, réforme du lycée, dégradation des conditions d’enseignement, IMP, multiplication des missions obligatoires, menaces sur les SEGPA, réforme de l’éducation prioritaire etc....
C’est également le cas des services de vie scolaire. Plusieurs lycées subissent des suppressions d’emplois d’Aed. La politique de redéploiement va se traduire par des licenciements (hypocritement appelés « non renouvellement ») ou par des baisses de salaires (conséquence d’une réduction des quotités horaires pour rendre un ETP).
Pour toutes ces raisons, nous nous mobiliserons dès la rentrée pour un mouvement de grève de tous les personnels de l’Education Nationale, afin d’obtenir l’abrogation du décret « réforme du collège », mais aussi un véritable plan de recrutement 80 000 personnels titulaires et l’abrogation des réformes qui s’attaquent aux statuts et aux conditions de travail des salariés et mettent à mal le système éducatif.