Enseignement moral et civique (EMC) : Demandez le programme !
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Le ministère vient de publier tous les programmes d’EMC applicables à la rentrée prochaine.
Ils sont consultables sur le site du Bulletin officiel.
Les programmes confirment les inquiétudes face aux projets de programme que nous avons exprimés il y a quelques mois (voir l’article ci-dessous)
Très réactionnaire morale laïque
En décembre dernier, le Ministère a publié les projets de programmes de l’enseignement moral et civique (EMC), marotte du ministre Peillon. Ce nouvel « enseignement » a été présenté comme une pièce maîtresse de la lutte pour la défense des « valeurs de la République », République bourgeoise qui depuis bien longtemps a « remplacé sa devise Liberté, Égalité, Fraternité ! par les termes non équivoques de Infanterie, Cavalerie, Artillerie ! » (Marx, Le 18 Brumaire, 1851).
Sans discuter sur le fait que le gouvernement donne à l’école pour mission d’enseigner la morale aux élèves, c’est-à-dire le « bien » et le « mal », on peut constater facilement que le but de l’EMC est proprement réactionnaire.
Il affiche comme objectif affiché d’apprendre aux jeunes le « principe d’obéissance » c’est-à-dire « comprendre le bien-fondé des règles régissant les comportements individuels et collectifs, à y obéir et à agir conformément à elles ». Si les élèves réussissent à intégrer ce principe, les professeurs de philosophie pourront cesser de soumettre à leurs élèves un sujet comme « Faut-il obéir à des lois injustes ? » et on trouvera moins de militants pour aider les sans-papiers ou faire des piquets de grève.
La moralité de l’EMC laisse aussi à désirer. En terminale, le passage de l’ECJS à l’EMC le montre clairement.
Les actuels programmes d’ECJS abordaient des questions qui disparaissent totalement des projets de programme d’EMC. C’est le cas par exemple des thèmes « argent et moralisation financière » et « violence et travail ». Pour le premier, on comprend sans mal que les anciens collègues de Jérôme Cahuzac aient préféré faire disparaître ce type d’interrogation. Pour le second, il suffit de lire les accompagnements de programme (élaborés sous le gouvernement Sarkozy !) pour comprendre pourquoi les auteurs de la loi Macron ont fait passer à la trappe ce sujet : « Si globalement le travail s’est progressivement « humanisé » depuis la fin du XIXème siècle dans bon nombre de pays, la violence au travail n’a pas pour autant disparu et prend des formes multiples sur lesquelles il faut s’interroger. Si on laisse de côté la privation de travail qui est bien souvent vécue fort légitimement comme une injustice majeure, ces violences concernent avant tout la vie des travailleurs sur les lieux de travail eux-mêmes : les conditions de travail se caractérisent aujourd’hui bien souvent par l’intensification des cadences, l’individualisation du traitement des salariés avive la concurrence entre ceux-ci et augmente le stress, les conflits du travail évoluent mais demeurent au cœur de la vie sociale. »