Fusion d’académies : où en est-on ?
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Fin mai, Najat Vallaud Belkacem a annoncé qu’il y aurait au maximum 5 fusions d’académie qui accompagneraient la loi de territorialisation. Les académies de Rouen et de Caen font partie des académies qui devraient fusionner.
Le comité technique académique de Rouen, et une réunion entre les deux recteurs et les organisations syndicales des deux académies, ont permis d’en savoir un peu plus, et surtout d’avoir confirmation que la fusion était déjà bien engagé, et que les deux recteurs y avaient déjà bien réfléchi.
Lors du CTA du 22 juin, Mme le Recteur n’a pas voulu annoncer que la fusion des deux académies était en cours, et nous a renvoyé à la feuille de route du ministère qui sera dévoilé en juillet. Tout juste s’est elle bornée à nous dire que la fusion était « plausible ».
Pourtant, le rythme des réunions entre les Recteurs de Caen et de Rouen, la nomination officielle d’un Recteur coordonnateur qui serait celui de Caen, la création d’un site commun aux deux académies et l’organisation déjà bien avancée du fonctionnement des services académiques nous font penser que la décision est prise et que les académies de Caen et de Rouen ne seront plus qu’une seule académie à l’horizon 2018.
Le rectorat de Rouen a déjà annoncé que le scénario « plausible » serait celui de services académiques avec deux bi-sites spécialisés en pôles de compétences. En clair, les deux rectorats seraient conservés et chacun se spécialiserait. En mars, le rectorat donnait comme exemple deux pôles de compétences précis : gestion des personnels et organisation des examens. Et rapidement, Mme la Recteur, tout comme Mme la Ministre, nous assure qu’aucune mobilité ne sera forcée, et que la mobilité fonctionnelle sera accompagnée de la formation nécessaire. Mais dès qu’on va un peu plus loin et que se pose la question des personnels à qui on va forcément demander de suivre le pôle de compétences pour lequel ils ont acquis de l’expertise au fil des années, et de la proposition qui leur sera naturellement faite de changer de site, la réponse est bien plus évasive quant aux possibilités de refuser ce poste. Au lieu d’une réelle confirmation que le refus serait possible et sans conséquence, il a fallu se contenter d’une phrase énigmatique : « le pire n’est pas toujours à craindre »
La question de la carte des formations en lycée est elle aussi bien avancée, et cela même si les académies ne fusionnent pas, nous a-t-on précisé. Dès la rentré 2016, elle sera révisée de manière à éviter les incohérences, à savoir les « doublons » dans les formations. On voit poindre ici le risque évident de fermetures de filière, notamment dans les lycées professionnels des zones « frontalières » entre la Haute et la Basse Normandie. Devant cette annonce, le ministère devrait avoir du mal à tenir son engagement de préservation d’emplois, mais c’était une évidence, alors que la politique d’austérité adoptée par le gouvernement impose toujours plus de fermetures de filières, de sections, de classes. Nous sommes d’ailleurs très inquiets pour l’enseignement professionnel, le MEDEF dont les idées sont souvent reprises par le gouvernement ayant déjà proposé la régionalisation des professeurs de l’enseignement professionnel. La nouvelle étape de la décentralisation en fournira peut être l’occasion.
Enfin, une dernière annonce présentée comme certaine. Pour les personnels enseignants et administratifs, l’ensemble des procédures de mutations, de recrutement, seront maintenues dans l’état actuel pendant 3 ans. Un petit bémol cependant pour les TZR, puisqu’à la même réunion nous avons appris que le cadrage national n’était pas finalisé. Et puis que se passera-t-il au bout des trois ans ?
Nous rappelons notre totale opposition à la réforme de la territorialisation et donc à la fusion des académies. Celle-ci s’opère principalement pour des raisons budgétaires qu’impose l’austérité. Le but est de « rentabiliser » les moyens en liquidant ou en dégradant les missions remplies mais aussi de faire des « économies » sur le dos des personnels de l’éducation. C’est une évidence qu’à plus ou moins long terme il y aura de nombreuses conséquences négatives en terme de fusion de services et de fermeture de sites, de mobilité forcée des agents, de suppression d’emplois, de flexibilité accrue...et que toutes ces réorganisations se feront avec l’opacité habituelle.