Enseignement professionnel : Compte-rendu de l’audience au Ministère du 26 juin 2015
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Cette audience fait suite à la demande de la CGT Educ’action pour l’enseignement professionnel.
CCF/ Epreuves ponctuelles
Une première interrogation sur le passage en CCF de l’épreuve de Français Histoire géographie pour la validation du diplôme intermédiaire (BEP) : Au cours de l’année, nous avons appris la transformation en CCF de cette matière pour le BEP. Alors que ce texte avait été présenté à la FIP en avril, fin mai, une dépêche de l’AEF indiquait que le ministère avait fait marche arrière. Quelle explication à ce revirement qui nous convient parfaitement dans la mesure où nous sommes opposés aux CCF ?
Le MEN explique qu’il a fait le constat d’une nécessité d’avoir une vue d’ensemble sur les épreuves de validation des différents diplômes pour en assurer la cohérence. De plus, ce passage en CCF contribuait à une certaine dévalorisation de ces matières alors que la France venait de vivre les attentats de janvier et le MEN a donc considéré que c’était un mauvais signal envoyé aux jeunes élèves de LP pour tenir compte de la valeur de la discipline.
A là question d’un retour au ponctuel pour l’épreuve de maths, le MEN répond qu’il est difficile de calibrer une épreuve ponctuelle surtout au niveau 5. Le MEN, avec le nouveau système d’indemnité reconnait la préparation des CCF.
Qu’en est-il de la publication des textes pour le passage en épreuves ponctuelles de la PSE, de l’éco-droit et de l’éco-gestion en Bac pro ?
Pour l’heure ces textes ont été examinés par toutes les instances mais nous n’avons pas constaté leur publication ? Cette transformation correspond à une demande très forte des enseignants et résulte des engagements pris lors des concertations qui ont eu lieu au dernier trimestre 2013.
Le MEN va vérifier.
Une autre question portant sur l’organisation des épreuves concernant la SST est restée en suspens également. En effet, suite au passage en épreuve ponctuelle de la PSE, comment se déroule l’évaluation de l’enseignement obligatoire de secourisme ? Il nous semble que cet enseignement allait faire l’objet d’une évaluation écrite dorénavant, mais sans aucune certitude. Le MEN doit vérifier et nous répondra ultérieurement.
Bilan de la réforme du bac pro 3 ans.
La CGT a redemandé un bilan de cette réforme à laquelle elle était très opposée. Alors que courant mai, des réunions de bilan avaient été programmées, là encore le MEN a tout annulé sine die sans explication.
La réponse du MEN est que ce report est lié à l’actualité : la réforme du collège et la rénovation des programmes dont la mise en route se fera au CSE en septembre, ont absorbé plus de temps que prévu.
Les bilans sont reprogrammés pour l’automne (fin septembre/début octobre). La question du bilan sera abordée pour l’ensemble des trois voies du lycée avec une organisation par thèmes.
Pour l’enseignement professionnel, les thèmes déjà envisagés sont :
Quel parcours CAP/Bac pro ? Quelle organisation pour les élèves sortant de CAP et désireux d’intégrer un Bac pro ? La classe de seconde Bac pro, quelle organisation ?
Bilan des évaluations (CCF et épreuves ponctuelles), y compris Bac général et technologique.
Le MEN explique pour la seconde Bac pro qu’il considère que les élèves « se cherchent un peu » et qu’il est donc nécessaire de revoir comment répondre à ces questions.
Le MEN est preneur de toutes les suggestions concernant des thématiques à aborder dans le cadre de la réflexion sur les bilans.
Cela nous a amené à poser la question de la poursuite de l’expérimentation de la seconde de détermination. La réponse qui nous est donnée est que les textes permettent cette période de détermination et que celle-ci permet aux élèves de mieux gérer leur parcours professionnel.
Pour la CGT Educ’action, le fait de repousser l’orientation peut s’avérer positif, néanmoins la perte d’heures d’enseignement professionnel de la spécialité, évoquée par les collègues de l’enseignement professionnel, est une fois de plus préjudiciable aux élèves et à la valeur du diplôme préparé.
Pour le MEN, la question de la gestion des flux suite à cette période de détermination est envisagée sous l’angle d’une meilleure adéquation entre l’offre et la réussite des élèves dans leur insertion professionnelle. Convaincre les jeunes d’entrer dans certaines filières leur permettrait de mieux réussir et s’insérer plus facilement ! Il faut rendre plus intelligible les intitulés des diplômes, ils ne parlent pas aux parents et aux jeunes.
Point sur la circulaire de rentrée.
La question des PFMP a également été abordée par la conseillère de la Ministre dans la mesure où elle nous a annoncé vouloir mener une réflexion sur le sujet. La question a été amenée par une remarque sur les pôles stage mis en place de manière institutionnelle à la rentrée 2015 (voir la circulaire de rentrée). Il sera question de revoir la répartition et l’organisation des PFMP. Le MEN veut travailler aussi sur leur contenu. Des pistes de réflexion sont à trouver. La possibilité de PFMP collective en établissement a été évoquée. Il s’agirait de faire venir les entreprises dans les établissements pour expliquer leur travail et leur fonctionnement.
La CGT Educ’action rappelle sa volonté de réduire les PFMP, les disparités énormes en termes de qualité des stages et le déficit de connaissances théoriques pour la poursuite d’études en BTS.
Les pôles de stage vont au-delà de la simple « banque de lieux de stage » dans la mesure où il s’agit de mettre en place une plateforme qui permettra la mise en place d’outils permettant aux jeunes de mieux connaitre le monde de l’entreprise en bénéficiant de l’apport d’un réseau d’entreprises. Ils prendraient en charge les 4 ou 5 jeunes qui n’auraient pas trouvé de stage. Ce seraient des lieux de productions d’outils et de réflexion collective.
Pour l’organisation des pôles stages, les rectorats auront à se déterminer entre deux modèles proposés :
L’un territorial, soit sur le BEF (bassin emploi/formation), soit sur le département, l’autre par filière (BEF aussi mais sur les métiers)
Droit au retour en formation.
La question que nous avons posée est celle portant sur les moyens attribués pour permettre le retour en formation des jeunes. Il est prévu aujourd’hui par les textes et implique que nous accueillions en classe en cours d’année des jeunes ayant quitté le système scolaire et désireux de reprendre des études en vue d’obtenir une qualification professionnelle.
Réponse du MEN : Le retour en formation concerne l’ensemble des partenaires du SPRO. Le jeune doit être accueilli dans une des structures lui permettant d’obtenir l’accompagnement nécessaire à l’élaboration puis à la concrétisation de son parcours.
Une plateforme d’appel fonctionne depuis mai 2015. Il est encore trop tôt pour évaluer son fonctionnement ou faire un bilan de son activité. Le dispositif est piloté par un comité de pilotage interministériel qui se réunit régulièrement pour développer et permettre la mobilisation du réseau. Une évaluation du niveau de saturation sera faite dès que possible. Jusqu’à présent, 5000 jeunes se sont connectés au service.
Néanmoins, il nous est rappelé que les LP ne sont pas les seuls concernés et que le jeune peut tout autant intégrer une formation par apprentissage ou d’autres structures comme les EPIDE qui disposent de 1000 places ou les E2C. Un vade-mecum va être donné aux SPRO afin de mobiliser tous les acteurs. Le but n’est pas tant de faire obtenir un diplôme que de raccrocher le lien avec les services sociaux.
Exit donc la question des moyens. En tous cas, pas avant d’avoir la possibilité d’une évaluation du dispositif.
Apprentissage
Nous avons réitéré notre attachement à l’enseignement professionnel sous statut scolaire et dénoncé les travers de l’apprentissage déjà maintes fois répétés.
Pour le MEN, la question ne doit pas se poser en termes de concurrence mais en termes de complémentarité.
Ce point a fait l’objet d’un développement assez long de la part de la conseillère fraîchement nommée. Elle a ainsi annoncé la promotion de l’enseignement professionnel avec des festivités annoncées pour les 30 ans du Bac pro ET annoncer réfléchir à une stratégie pour valoriser ce qui se fait dans les LP pour contrer le discours sur l’apprentissage. Elle s’est dite confiante sur le rôle social des LP et réaffirme leur nécessité.
Le problème qu’elle dit avoir repéré est qu’il manque une stratégie d’ensemble pour les LP et la nécessité de les englober dans une réflexion sur le long terme afin de sortir de la logique adéquationniste qui a cours en ce moment.
Même si ses propos témoignent d’une réelle volonté de faire reconnaître toute la valeur des LP, il y a fort à parier que la réalité politique ne tardera pas à la rattraper.
Pour finir, nous avons également évoqué la question du continuum Bac -3/Bac +3 et des moyens nécessaires pour garantir la réussite des bacheliers pro engagés en STS.
Le ministère nous a affirmé s’intéresser lui aussi à la question même s’il ne maîtrise pas toute la chaîne en raison de la procédure APB. Le fait est que les sortants de bac pro n’obtiennent pas toujours leur premier choix faute de places et qu’ils partent en fac (philo, socio etc...) De ce fait, une réflexion doit être menée sur les motivations de poursuite d’études qu’ils faisaient afin de voir les mesures à mettre en place.
Pour la CGT Educ’action, une des priorités est de mener la réflexion sur des modules d’accès spécifiques, année préparatoire…
Dans la circulaire de rentrée, sur deux questions que nous avons posées concernant des explications sur la diversité/souplesse des parcours par une validation modulaire et ce que recouvre les termes de parcours aménagé de stagiaire de la formation initiale : le MEN doit nous recontacter pour des précisions.
Note pour information
L’EPIDE est un établissement public administratif créé en 2005 par Michèle Alliot-Marie et Jean-Louis Borloo, alors respectivement ministre de la Défense et ministre du Travail et de la Cohésion Sociale. Il est financé par les ministères de l’Emploi et de la Ville. Le Fonds Social Européen participe également à son financement. Sa mission est d’accompagner des jeunes femmes et hommes dans la réussite de leur projet social et professionnel, grâce à un parcours adapté et individualisé. Pour réaliser cette mission, l’EPIDE crée et gère des centres. Aujourd’hui, il y a 18 centres en métropole).
Les Écoles de la 2e Chance (E2C) ont pour objectif d’assurer l’insertion sociale et professionnelle de jeunes adultes de 18 à 25 ans sans qualification et sans emploi. Les E2C sont rassemblées autour d’une association : "Le Réseau des Écoles de la 2e Chance" (Réseau E2C France) depuis juin 2004 autour d’une Charte des Principes Fondamentaux. Avec 107 sites sur le territoire, le Réseau E2C France est présent dans 18 Régions et 48 départements et 4 ultra-marins).