Après les marchands de canon, voici le baron Seillère
popularité : 12%
Suite à la gigantesque et brutale déconfiture de l’ex-Vivendi Universal dirigé à l’époque par Messier, la branche édition, Vivendi Universal Publishing (VUP) a été mise en vente. C’est Lagardère qui se proposa de l’acheter. Cette acquisition comprenait Editis. Elle signifiait une main mise quasi totale de Lagardère-Matra- Hachette sur l’essentiel de l’édition de livres, de dictionnaires, d’ouvrages scolaires, sans oublier les réseaux de diffusion de la presse et ceux des livres. La Commission de Bruxelles avait exigé qu’au moins 60% d’Editis soient vendus.
Après de longs mois de tractations et de manœuvres, Lagardère se décidait d’obtempérer et lançait les enchères. C’est finalement la société financière familiale, vieille de 300 ans, Wendel Investissements dirigée par le patron du Medef, le baron Seillière, qui a remporté la vente. Le chiffre de la transaction est de 660 millions d’euros, un affaire doublement rentable pour Lagardère. En effet, outre le prix élevé qu’il retire de cette vente, il consolide en fait sa position. En effet, plutôt que de vendre les 60% d’Editis à un concurrent, comme le groupe Gallimard, il a choisi un repreneur extérieur au secteur de l’édition.
Wendel Investissement est une société peu connue du grand public. Elle gère les finances de la famille Wendel, une ancienne et puissante famille de l’oligarchie financière qui a accumulé sa richesse en exploitant les ouvriers sidérurgistes, jusqu’à l’effondrement de cette branche en 1978. Elle a profité des nationalisations mitterrandiennes pour empocher, malgré la faillite, des indemnisations. Wendel investissement est un confortable porte feuille d’actions dont le seul but est de grossir, au fil des acquisitions et des ventes. Elle avait fait parler d’elle au moment des péripéties d’Air Liberté pour laquelle elle a refusé de verser le moindre centime.
Cette nouvelle acquisition ne devrait rien lui coûter, car c’est la société rachetée qui devra payer son propre rachat.
L’Association des professeurs des sciences économiques et sociales s’est inquiété de voir le champion du libéralisme prendre les commandes des maisons d’édition scolaires, car "depuis deux ans, il mène une campagne calomnieuse à l’encontre des manuels de sciences économiques".