Fusion des académies de Caen et de Rouen : Reculer d’un pas...pour mieux faire avancer la fusion « probable »
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Fin mai, Najat Vallaud Belkacem avait annoncé qu’il y aurait au maximum 5 fusions d’académies qui accompagneraient la loi de territorialisation. Les académies de Rouen et de Caen faisaient partie des académies qui devaient « probablement » fusionner.
Le comité technique académique de Rouen, et une réunion entre les deux recteurs et les organisations syndicales des deux académies, avaient permis d’en savoir un peu plus, et surtout d’avoir confirmation que la fusion était déjà bien engagée, et que les deux recteurs y avaient déjà bien réfléchi.
Lors du CTA du 22 juin, Mme le Recteur nous a renvoyé à la feuille de route du ministère qui devait être dévoilée mi-juillet. Tout juste s’est elle bornée à nous dire que la fusion était « plausible ».
Pourtant, le rythme des réunions entre les Recteurs de Caen et de Rouen, la nomination officielle d’un Recteur coordonnateur en la personne du Recteur de Caen, la création d’un site commun aux deux académies et l’organisation déjà bien avancée du fonctionnement des services académiques nous faisaient penser que la décision était prise et que les académies de Caen et de Rouen ne seraient plus qu’une seule académie à l’horizon 2018.
Finalement, le 31 juillet, c’est Manuel Valls qui annonçait non pas la fusion des académies mais la création de la fonction de Recteur de région académique en charge de l’élaboration d’un projet d’organisation inter académique pouvant aller de partenariats renforcés à une intégration conduisant à une fusion des académies ! C’est ainsi que sans avoir le courage d’assumer la fusion des académies, le premier ministre faisait avancer le dossier de la fusion des académies de Caen et de Rouen.
Le rectorat de Rouen a déjà annoncé que le scénario « plausible » serait celui de services académiques bi-sites spécialisés en pôles de compétences. En clair, les deux rectorats seraient conservés et chacun se spécialiserait. Le siège du Recteur de région académique serait Caen et l’académie de Rouen serait, de facto, sous son autorité. En mars, le rectorat donnait comme exemple deux pôles de compétences précis : gestion des personnels et organisation des examens. Et rapidement, Mme la Recteur, tout comme Mme la Ministre, nous assure qu’aucune mobilité ne sera forcée, et que la mobilité fonctionnelle sera accompagnée de la formation nécessaire. Mais dès qu’on va un peu plus loin et que se pose la question des personnels à qui on va forcément demander de suivre le pôle de compétences pour lequel ils ont acquis de l’expertise au fil des années, et de la proposition qui leur sera naturellement faite de changer de site, la réponse est bien plus évasive quant aux possibilités de refuser ce poste. Au lieu d’une réelle confirmation que le refus serait possible et sans conséquence, il a fallu se contenter d’une phrase énigmatique : « le pire n’est pas toujours à craindre ». Mais le pire a depuis été annoncé par le journal Le Monde, le 12 août, qui affirme que plus de 10000 agents de la fonction publique sont menacés de mutation forcée suite à la réforme territoriale. Il n’y a aucune raison pour que l’éducation y échappe.
La question de la carte des formations en lycée est elle aussi bien avancée, et cela même si les académies ne fusionnent pas, nous a-t-on précisé. Dès la rentré 2016, elle sera révisée de manière à éviter les incohérences, à savoir les « doublons » dans les formations. On voit poindre ici le risque évident de fermetures de filière, notamment dans les lycées professionnels des zones « frontalières » entre la Haute et la Basse Normandie. Devant cette annonce, le ministère devrait avoir du mal à tenir son engagement de préservation d’emplois, mais c’était une évidence, alors que la politique d’austérité adoptée par le gouvernement impose toujours plus de fermetures de filières, de sections, de classes.