Réfugiés de Syrie et d’ailleurs, Soyez les bienvenus !
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texte adapté à partir d’un tract de la Cgt Saint-Gobain
Des barbelés à perte de vue, des patrouilles de soldats parés au combat… pour refouler sans ménagement hommes, femmes et enfants, des familles entières au bord de l’épuisement qui fuient la guerre et la misère, les canaliser et faire le tri entre les bons et les mauvais migrants, entre ceux qui vont pourvoir aux besoins des économies européennes et rentrer dans les quotas pays par pays et ceux qui sont jugés inutiles et présentés comme des profiteurs, des parasites pour nos systèmes de protection sociale.
Voilà ce que les média nous donnent à voir en boucle quand dans le même temps gouvernements et patronats font leur course et tentent de redorer leur blason en désignant les migrants dont ils ne veulent pas comme responsables des problèmes. C’est insupportable, et ce d’autant que ça a de l’écho comme on le constate dans les discussions autour de nous.
Sur la question du travail et du logement en particulier, beaucoup s’interrogent, celles et ceux qui sont frappés par la crise, qui enchaînent les boulots précaires pour un salaire de misère, subissant travail de nuit ou à la chaîne, contraints d’aller habiter toujours plus loin, submergés par les difficultés de la vie.
A celles et ceux qui disent : « On ne peut pas accueillir tout le monde » La réalité, c’est…
… que pour faire face à la crise actuelle, l’engagement de la France est bien maigre, accueillir 24 000 réfugiés sur 2 ans ! A cela, rien de bien surprenant car en matière d’asile d’une façon générale, si la France est le 4ème pays le plus demandé en Europe, après l’Allemagne, la Suède et l’Italie, c’est elle qui a la politique la plus répressive puisqu’elle ne répond positivement qu’à 30% des demandes d’asile qu’elle examine. C’est bien moins que l’Allemagne -49% de réponses positives- et loin derrière l’Italie -59%- et la Suède -83%-. Le mythe d’une France « terre d’accueil » est entretenue à dessein ; il sert dans la période à justifier le regain dans la chasse aux Sans-Papiers, à poursuivre le harcèlement des populations Rroms et à intensifier l’expulsion des migrants déjà présents en France comme encore la semaine passée à Paris avec l’évacuation de deux campements où vivaient environ 800 personnes, devant la mairie du 18ème arrondissement et dans le quartier de la gare d’Austerlitz, ou encore à Saint-Ouen en Seine Saint Denis où une trentaine de réfugiés syriens, dont une dizaine d’enfants, ont été violemment évacués par la police du square qu’ils occupaient.
La réalité, ce sont les déclarations de Valls qui veut rétablir les frontières, ce sont les déclarations de Hollande qui appelle à la création de camps en périphérie de l’Europe où les réfugiés syriens seraient parqués puis renvoyés chez eux dès que la situation en Syrie serait apaisée. Quel cynisme ! Comment imaginer qu’un conflit qui dure depuis 4ans1/2 et a déjà fait plus de 300 000 morts et 4 millions de réfugiés –pour l’essentiel au Liban- prenne fin dans un avenir proche.
A celles et ceux qui croient que : « Des réfugiés en plus, c’est du travail en moins alors que le chômage fait déjà des ravages » La réalité, c’est…
… qu’il n’y a pas de lien entre le nombre d’immigrés en France et le nombre des travailleurs privés d’emploi. Les immigrés représentent aujourd’hui environ 7% de la population résidant en France et ce chiffre est stable depuis le début des années 30, alors que la situation de l’emploi au cours de cette période a, elle, radicalement changé. En fait les immigrés dans leur grande majorité ont toujours été les travailleurs dont l’industrie française a eu besoin.
Les mécanismes du chômage sont tout autres. Ce qui engendre destructions d’emplois et licenciements, ce sont les crises qui secouent régulièrement l’économie, c’est la concurrence féroce que se font entre eux les groupes industriels qui les pousse à la recherche incessante de gain de productivité et entraîne restructuration et fermeture de boîtes.
Les travailleurs immigrés qu’on trouve en masse sur des postes peu ou pas qualifiés en sont les principales victimes. Que l’on soit immigré ou français d’origine ne change rien à l’affaire : pour faire face aux menaces sur l’emploi, il n’y a qu’une solution, la lutte déterminée ! Et pour se donner toutes les chances, il faut lutter tous ensemble sur la base de nos intérêts communs, contre ceux qui exploitent notre travail pour leur propres intérêts.
A celles et ceux qui pensent que : « Tous ces réfugiés, il va bien falloir les loger, et nous ça fait déjà tellement longtemps qu’on attend un logement » La réalité, c’est …
… que des logements il y en a. Les statistiques officielles en dénombrent jusqu’à 2 millions d’inoccupés et qui le restent malgré des lois de réquisition votées mais que les pouvoirs publics ne semblent pas disposés à faire appliquer. Le problème, ce n’est pas la venue d’immigrés supplémentaires.
Le problème, c’est la politique du logement et la façon dont on le considère. Pour nous, le logement, c’est un élément essentiel de notre vie, un logement décent où on se sente un minimum en sécurité, pour y élever nos enfants, s’y reposer, avec un loyer qu’on puisse assumer sans devoir sacrifier tout le reste.
Mais dans une société marchande, la politique du logement ne répond pas à ce besoin social, elle est au contraire soumise à la loi du marché, avec ses impératifs de rentabilité, de retour sur investissement. De l’Etat aux municipalités, des investisseurs publics aux privés, tous font de même : faire du logement locatif l’investissement le plus lucratif qui soit. Et tant pis pour tous ceux qui dorment à la rue, les victimes des marchands de sommeil, les familles populaires, contraintes à aller vivre toujours plus loin en banlieue, les jeunes contraints à être logés par la famille.
Pour le logement aussi, les immigrés sont les premières victimes des politiques antisociales et se voient refuser plus qu’aux Français l’accès au logement social quand bien même ils disposent de ressources suffisantes.
Contre tous ceux qui nous font la misère au quotidien, affirmons notre solidarité envers les réfugiés, souhaitons-leur la bienvenue.
Une solidarité sur la base de nos aspirations communes, à vivre en paix, dignement, avec un travail qui permettent de subvenir à nos besoins, à ceux de nos enfants, leur éducation, tout ça quoi ! Tout ce qui nous rapproche de ces hommes et de ces femmes poussés sur les routes de l’exil et nous renforce contre ceux qui nous imposent leur choix, nous soumettent à leur volonté, par la force dès qu’il le faut, nous exploitent.