Qui nous note ?
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A la lecture de l’article ci-dessous, on peut plus que s’interroger sur la légitimité de l’évaluation des personnels par nos hiérarchies.
Nous reproduisons un article du site guyaweb. C’est affligeant et cela se passe de commentaire.
Le site internet de la discipline de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) de l’Académie de Guyane a été suspendu vendredi par le Rectorat, alerté sur les propos racistes publiés par le “responsable éditorial” du site, Christian Le Guillou, Inspecteur d’Académie de SVT.
Jusqu’à vendredi 15 octobre, on pouvait lire sur le site de la discipline de SVT (http://webtice.ac-guyane.fr/svt/) les considérations de l’inspecteur de cette discipline scientifique sur l’existence de races humaines et leurs prétendus fondements génétiques.
“Aujourd’hui le racisme existe et son fondement anthropologique, l’existence de races humaines, tout autant.”
“On peut déduire que l’humanité n’est constituée que d’une seule espèce, encore que tous les « croisements » n’ont pas été « expérimentés »”.
“Le niveau atteint par les élèves en Génétique dans les classes de Première et de Terminale S leur permet d’entrer dans ces subtilités et d’interroger de façon féconde la notion de « race ».”
“S’il y a des races chez les chiens, les chats, les lapins, il y en a aussi chez l’Homme”
Pour donner une pseudo crédibilité scientifique à son approche, Christian Le Guillou s’appuyait sur sa compréhension des travaux du chercheur Bertrand Jordan pour affirmer l’existence de races dans l’espèce humaine.
“Pour Bertrand Jordan, biologiste moléculaire de renom, fondateur du Génopole de Marseille, les choses ne sont pas si simples. L’Homme est un animal et s’il y a des races chez les chiens, les chats, les lapins, il y en a aussi chez l’Homme.
Ensuite, l’exploration à grande échelle des « snips » (marqueurs chimiques polymorphes attachés à l’ADN) a permis de construire des « arbres de proximité » qui identifient divers groupes de population ayant chacun une lointaine origine commune. Au-delà de la grande homogénéité génétique de notre espèce, on peut donc repérer l’ascendance des individus par rapport à de grands groupes continentaux qui ont en commun des caractères visibles et qui correspondent à peu près aux catégories que l’on désigne habituellement par le mot race : africain, européen, asiatique et amérindien.”
Or il semblerait que l’inspecteur de SVT ait compris des travaux de Bertrand Jordan ce qu’il voulait bien en comprendre. En effet, ce chercheur précise lui-même que “contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire, l’ascendance n’est donc pas la « race », l’étude des Snips ne divise pas l’humanité en groupes distincts…” Dans un article intitulé ADN, ascendance génétique et “race” sociale : l’apport des Snips, publié en 2010, il insistait sur “l’importance de la distinction entre ascendance génétique et « race »”.
Grande confusion intellectuelle
Une distinction éludée par l’inspecteur de SVT de Guyane, qui mêle dans un power point qui était téléchargeable sur le site de sa discipline, des éclairages sur l’avancée des recherches sur les races canines, des passages sur “la question de la race dans les enseignements d’histoire et de français” et “une brève histoire des races humaines” dans ce qui semble être une grande confusion intellectuelle.
L’inspecteur n’hésitait d’ailleurs pas à appliquer sa conception raciale aux élèves guyanais en attribuant à des groupes des caractères particuliers : “Ils restent assis, parfois muets comme absents quand ils sont constitués majoritairement d’amérindiens, parfois turbulents quand leur succèdent des enfants d’origine haïtienne, brésilienne ou bushinengué.”
C’est cette dernière phrase qui a fait réagir Philippe Lacombe, le Recteur de l’Académie de Guyane, alerté vendredi par des représentants syndicaux des propos tenus sur ce site supposément “pédagogique”, dont il dit avoir ignoré les contenus jusqu’alors.
Le site temporairement suspendu
“Là où j’ai un embarras, c’est sur le mélange de productions scientifiques et d’opinions. On est dans le stéréotype, c’est a-scientifique” commente le Recteur. Le Recteur n’a pas souhaité se positionner par rapport aux autres textes et documents disponibles sur ce site administré par l’Inspecteur de SVT, en poste en Guyane depuis deux ans.
Philippe Lacombe explique avoir suivi la procédure classique au sein de l’Éducation nationale. “A chaud, on suspend parce qu’on a un doute, dans un souci de protection. Dans un deuxième temps, on demande un avis de spécialistes. Et dans un troisième temps, on peut prendre des sanctions : procédure disciplinaire interne et/ou procédure pénale.”
Le rapport d’expertise sur les contenus de ce site est attendu pour la fin des vacances scolaires. Il dira si l’Inspecteur d’Académie “est sorti de son périmètre de compétences” et devrait permettre l’enclenchement de sanctions le cas échéant. Affaire à suivre donc.