« inclusion » d’une classe ULIS en LP : témoignage
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Dites moi de quoi vous avez besoin, je vous expliquerai comment vous en passer... !
A la rentrée de septembre, il s’est avéré que dans la classe d’ULIS du LP Fernand Léger à Grand-Couronne, un seul élève était inscrit… Grande surprise car chaque année, sept à huit élèves étaient présents dans cette classe. Une professeure des écoles spécialisée et un AVS encadraient tous les deux ces élèves dans différents apprentissages. Ces mêmes élèves effectuaient plusieurs stages d’intégration dans différentes formations du lycée tout au long de l’année, souvent accompagnés d’un AVS.
Mais où sont donc passés ces élèves ?
L’explication s’est rapidement faite...
Plusieurs enseignants, du domaine général et professionnel, se sont interrogés sur certains élèves (un voire même deux) dans différentes formations. Ce qui a interpellé ces enseignants, ce sont des problèmes de comportement, d’apprentissage, de coordination des gestes de ces élèves. Il s’avère que ce sont eux qui, auparavant, étaient inscrits en ULIS…
L’institution a donc inclus directement ces jeunes dans différentes formations sans prendre en compte ni les handicaps de ces jeunes ni la difficulté des enseignants.
Pour l’enseignement général, les enseignants se retrouvent ainsi non seulement avec les élèves qu’ils avaient auparavant (et les difficultés qui existaient déjà) et un ou deux élèves relevant de l’ULIS.
Ces derniers nécessitent beaucoup de temps car c’est un accompagnement personnalisé et à temps complet dont ils ont besoin pour progresser. Les enseignants ne pouvant apporter toute cette aide à ces seuls élèves, délaissant parfois les autres, la solution a été apportée par l’institution : adapter leurs exigences et leurs critères d’évaluation pour ces élèves ! Mais comment rendre crédible une évaluation quand les exigences de réussite sont différentes pour deux élèves dans une même classe ? Voilà une difficulté de plus que devront gérer les enseignants. Ceci décrédibilise davantage la valeur du diplôme déjà peu valorisante aujourd’hui aux yeux de beaucoup d’entreprises.
Pour l’enseignement professionnel à présent, les difficultés sont d’un autre ordre. Ces élèves sont face à de l’outillage, du matériel et des situations de travail dangereuses !
L’utilisation d’une scie circulaire, d’une tronçonneuse, d’un travail en hauteur (exemple du montage d’un échafaudage à plusieurs mètres de hauteur nécessitant le port d’une protection individuelle et de s’assurer constamment pour éviter l’accident en cas de chute) posent de réels problèmes de sécurité et d’apprentissage. Ainsi, par exemple, un élève a eu de grandes difficultés pour déplacer une simple brouette d’un point A vers un point B sans chuter, ou encore un autre élève a porté plusieurs coups sur un de ses camarades lors d’un différend dans un atelier, l’amenant devant le conseil de discipline..
Comment gérer les problèmes de comportement avec de l’outillage dangereux ? C’est bien une dégradation des conditions de travail des enseignants les exposant à un stress supplémentaire dans la gestion de ces situations quotidiennes. Placer ces élèves dans ces situations sans leur apporter l’aide et le soutien dont ils ont besoin pour progresser (via un AVS ou un professeur des écoles spécialisé au quotidien), c’est les placer en situation d’échec !
Alors même que plusieurs formations professionnelles sont contraintes au respect du code du travail dans leur apprentissage nécessitant très souvent des demandes de dérogation pour plusieurs travaux dangereux auprès de l’inspection du travail, comment celle-ci ainsi que l’institution envisagent l’accord d’une dérogation pour des travaux dangereux alors même que des problèmes de coordination de mouvement sont constatés ? C’est une question que l’on peut se poser… En cas d’accident, la responsabilité de l’enseignant serait forcément engagée…
Enfin, quel avenir est envisagé pour les professeurs des écoles spécialisé dans ces conditions ? Cette pratique ne faisant que dévaloriser leur travail pourtant indispensable !
Une nouvelle fois, l’institution cherche à faire des économies budgétaires au détriment des enseignants, des élèves et de la réussite de tous ! A nouveau, celle-ci travaille avec des chiffres et omet totalement que les enseignants travaillent eux avec de l’humain…
Intégrer ces élèves, oui ! Mais avec les moyens humains nécessaires et indispensables à l’épanouissement de ces jeunes et ne dégradant pas les conditions de travail des enseignants ! Et en adaptant également la formation au profil de l’élève….
Des formations sur sites s’envisagent déjà pour expliquer aux enseignants comment faire…
Dites moi de quoi vous avez besoin, je vous expliquerai comment vous en passer... !
La CGT Educ’action revendique donc le retour à la classe ULIS où les jeunes étaient pris en charge pendant un an par un(e) professeur(e) spécialisé(e) et un(e) AVS. Cette année permet de préparer l’INTEGRATION des élèves dans le cursus scolaire par la suite.
Anthony HALBOUT