7 ans de réforme du lycée : 7 ans de suppressions de postes, de dérégulation et de mise en concurrence
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Le ministère a entamé des réunions pour faire le bilan de la réforme du lycée, mise en oeuvre à partir de 2009. Les discussions sont sans intérêt car le ministère n’entend pas remettre en cause cette réforme et ses conséquences désastreuses mais propose d’associer les syndicats à des ajustements techniques.
Depuis des années, les personnels ont au quotidien et sur le terrain fait le véritable bilan de la réforme Chatel : des économies budgétaires, une dérégulation généralisée et une mise en concurrence des personnels.
Moins d’heures de cours pour supprimer des postes
En lycée général, les suppressions de postes ont été massives ces dernières années car la réforme Chatel s’est traduite par une baisse de l’offre d’enseignement : moins d’histoire en série S, les mathématiques optionnelles en série littéraire, la baisse des horaires de langue...
En lycée technologique, la situation a été bien pire ! Depuis 2012, le gouvernement a refusé de revenir en arrière sur la réforme des STI, nous pourrions plutôt parler de massacre de la voie technologique industrielle. Le nombre de spécialités est passé de vingt à deux baccalauréats. Les conséquences pour les enseignants ont été dramatiques : mesures de carte scolaire, polyvalence imposée, reconversion forcée... La souffrance au travail a explosé !
A chaque lycée son fonctionnement, à tous la dérégulation
Depuis la réforme, les dédoublements ne sont plus définis par les textes et chaque lycée organise comme il le souhaite l’accompagnement personnalisé (en demi-classe ou en classe entière, disciplinaire, interdisciplinaire ou n’importe quoi !) De plus, une partie du baccalauréat en langue est évalué par des "évaluations en cours d’année", c’est-à-dire des épreuves maison sans réel cadrage national ou même académique.
Cela se traduit par de très fortes inégalités constatées non seulement par les personnels mais aussi par l’Inspection générale. Dans un récent rapport, elle fut bien obligée de reconnaître « le creusement des écarts entre les lycées ».
Pour les enseignants, c’est aussi l’introduction d’une forte flexibilité : l’organisation de l’accompagnement personnalisé peut changer d ’une année sur l’autre au bon vouloir de l’équipe de direction. De plus, l’AP est dans un certain nombre de lycées un moyen pour annualiser les services : un emploi du temps variable selon les trimestres voire des tentatives pour pondérer les heures d’AP dans les VS.
Des personnels divisés et mis en concurrence
L’"autonomie" des établissements est surtout le prétexte à une gestion locale de la pénurie. Les heures globalisées à répartir par chaque CA (10 en seconde, 6 à 10 selon les séries en 1e et terminale) sont – comme les IMP – l’objet de nombreuses rivalités entre collègues et entre disciplines. Ils sont à la source de marchandage entre les chefs d’établissement et les personnels.
Les horaires de langue ont été globalisés et chaque établissement choisit de répartir la pénurie des 4,5 heures hebdomadaires.
Comme chacun manque d’heures pour assurer un enseignement de qualité (et donner du sens à ce qu’il fait) et a besoin d’heures dédoublées pour travailler dans de bonnes conditions, la répartition locale des heures ne peut être que source de tensions.
Collège : la réforme du lycée en pire
La réforme de la ministre Vallaud-Belkacem est une adaptation de tous les effets néfastes (et des échecs flagrants) de la réforme que subissent les lycées depuis 2009. Elle vise à réduire les heures de cours, à introduire l’accompagnement personnalisé, et à mettre en oeuvre une pseudo-interdisciplinarité chronophage et vide de sens. Le tout bien entendu avec la sacro-sainte "autonomie" des établissements, sa globalisation des horaires (sur trois ans comme en lycée professionnel) et la répartition locale des heures dédoublées.
Soyons conscient d’une chose : si la réforme du collège passe, les personnels des lycées subiront rapidement la déréglementation et la dégradation des conditions de travail dont seront victimes en premier lieu les personnels des collèges.
Il est facile de s’en convaincre lorsque l’on prend connaissance des "pistes" du ministère dans le cadre du bilan : il propose par exemple d’étendre le socle commun – cet enseignement low cost – à la classe de seconde.