Derrière les conflits au travail, l’emprise du management
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Lors de la séance du CHSCTD du 12 novembre 2015, la CGT, ainsi que FO et la FSU, avaient dénoncé les dysfonctionnements ou les carences de l’employeur en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail. Depuis cette date, la situation n’a guère évolué. Les trois droits d’alerte déposés par la CGT (école Condorcet, EREA Dolto, collège Branly) n’ont par exemple pas débouché sur les enquêtes réglementaires. Que faut-il donc attendre pour que l’employeur applique la réglementation ? D’autres accidents du travail ? Des suicides ?
A cet égard, la CGT tient à alerter l’employeur sur « l’inflation des conflits avec la hiérarchie ». Cette formule, nous la reproduisons telle qu’elle figurait dans un rapport du sénat de juin 2012. Sur le terrain, nous le constatons par exemple à l’EREA Françoise Dolto ou au collège Edouard Branly, mais d’innombrables situations de travail conflictuelles existent à tous les niveaux. Et que s’est-il passé depuis la parution de ce rapport ? Rien, le gouvernement enterre, ignore, et continue à maltraiter les personnels, érigeant le management issu des entreprises en dogme, à tous les niveaux hiérarchiques, pour faire passer de nouvelles mesures contre les travailleurs, comme la récente réforme du collège.
Derrière ces conflits au travail, la responsabilité de l’employeur est directement engagée, la loi lui faisant obligation de protéger la santé et la sécurité des personnels. Or, derrière les méthodes brutales de certains responsables hiérarchiques, il y a toute une idéologie managériale inculquée de plus haut, de plus loin. L’emprise du management est ainsi le pendant de l’austérité : puisque le gouvernement taille dans les dépenses, il faut exiger plus des personnels, les faire travailler toujours plus, les sommer de s’adapter, sous couvert de travailler ou d’ « enseigner autrement », c’est-à-dire sans moyens, sans formation suffisante, sans soutien, sans reconnaissance la plupart du temps.
Mais le manager est lui aussi un managé : il est lui aussi sous pression, sous la contrainte d’objectifs chiffrés à atteindre, lui aussi chargé de faire passer les réformes auxquelles il ne croit pas forcément. On le somme également de mettre au pas les travailleurs lucides qui s’indignent de voir dans quelles conditions travaillent leurs élèves.
Généralement, la technique utilisée par l’employeur pour nier ou minimiser la réalité du travail consiste à renvoyer le travailleur qui souffre ou qui proteste à de prétendues difficultés personnelles ou à la soi-disant fragilité de celui-ci. Pour la CGT, il n’existe pas de situations individuelles : il n’y a que des situations de travail pathogènes. L’expression de la souffrance au travail peut certes revêtir des formes différentes, chacun tentant de tenir comme il peut, mais tous les travailleurs sont dans la même galère, ne forment qu’une seule classe, sont confrontés au même employeur et aux mêmes décisions absurdes. Et le travailleur le mieux considéré par sa hiérarchie peut se retrouver subitement, du jour au lendemain, ostracisé et considéré comme incompétent, à l’instar de ce qui peut se passer au collège Edouard Branly. C’est bien parce qu’il existe des organisations du travail pathogènes que l’employeur public peut conclure à des travailleurs fragiles, défaillants, malades.
Il est certes des situations qui semblent ne concerner localement qu’un travailleur, comme celle vécue par un travailleur handicapé et évoquée lors du CHSCT du 12 novembre. Or, l’examen de cette situation de travail révèle entre autres l’insuffisance notoire des moyens accordés à la médecine de prévention, au budget alloué aux allègements de services mais aussi à l’insuffisante application de la loi de 2005 en matière de handicap.
Enfin, nous ne pouvons terminer cette déclaration sans penser à nos camarades des CHSCT du secteur privé et aux collègues qu’ils sont chargés de défendre. La loi sur le dialogue social contient une série de mesures qui rentrent en application en janvier 2016 et qui vont aboutir à la fusion des instances représentatives du personnel, dont les CHSCT, en une seule instance, les Délégations Uniques du Personnel. Ces DUP comporteront moins de représentants du personnel, se réuniront moins souvent et disposeront de moins de moyens et de protection pour défendre leurs collègues. Cette nouvelle attaque est inacceptable.
Dans le public comme dans le privé, il appartient aux travailleurs de se dresser contre ces attaques et de construire le rapport de forces contre les mauvais coups du patronat. Pour ne pas perdre sa vie à la gagner !