REMPLACEMENTS : Des solutions en trompe-l’oeil !
par ,
popularité : 10%

En présentant son plan de 7 mesures pour améliorer le remplacement des enseignants-es absents-es ce mardi 18 octobre, la Ministre cherche à communiquer pour masquer la réalité vécue sur le terrain. Une nouvelle opération de communication qui prouve aussi que la priorité affichée pour l’Éducation n’était que de la poudre aux yeux et est loin de refléter les besoins urgents. Précisons aussi, que les enseignant-es ne sont pas plus absent-es pour raison de maladie que les autres salarié-es et agents de la fonction publique et/ou privé... voire même moins. Sauf à vouloir remettre en cause le congé maternité dans une profession fortement féminisée !
Des créations de postes et un recrutement insuffisants
En affirmant que le nombre de postes a augmenté depuis 2013, la Ministre ne précise pas dans le même temps qu’en plus des besoins de remplacement pour les enseignants-es malades, de nouveaux dispositifs de remplacements ont été créés.
En effet, les journées de décharge des directeurs d’écoles de moins de 4 classes et celles des enseignants exerçant en REP+, nécessitent des postes. Cette nouvelle opération de communication du ministère masque mal la réalité des besoins sur le terrain car si de nouvelles missions de remplacements courts existent, cela impose une réelle politique de création de postes de remplacement. Or les postes créés, comptés aux plus juste, ce sont faits au détriment des nécessaires ouvertures de classes. De plus, le premier problème est celui du manque de recrutement d’enseignants.
Des missions de remplacement qui ont augmenté !
Ainsi, dans notre département, à la rentrée 8 postes ne pouvaient être pourvus par manque d’enseignants. Ce sont des brigades qui ont dus être mobilisés dans l’attente de l’ouverture de la liste complémentaire ou du recrutement de contractuel-les. À l’issue de la CAPD du 18 octobre, ce sont 25 enseignant-es affecté-es sur des postes de brigade qui assurent des missions à l’année sur des postes vacants. Autrement dit, il manque a minima 25 emplois d’enseignants. Et la situation ne va pas s’arranger ! Dans tous les départements la situation est comparable.
Les ZIL en ligne de mire ! L’annonce de la Ministre de transformer les postes de ZIL en postes de brigade pour créer un vivier unique de remplaçants et soit-disant améliorer l’efficacité du remplacement va fortement dégrader les conditions de travail des personnels ainsi que les conditions de remplacement. En effet, les postes de ZIL permettent des remplacements de courte durée dans les circonscriptions. Or, par définition, la courte durée n’est pas prévisible. La durée peut varier en fonction des renouvellements des arrêts. C’est le manque de remplaçants ZIL qui contraint les circonscriptions à jongler avec la pénurie pour répondre aux arrêts maladie pour garde d’enfants malades ou Congé de Maladie Ordinaire. Les secrétaires de circonscriptions subissent d’ailleurs en premier lieu le manque de postes de ZIL ce qui accroît leur charge de travail. Ce n’est pas en la centralisant qu’on réglera le problème. Par ailleurs, il est déjà fréquent que les circonscriptions se « prêtent » les ZIL selon les besoins. Il est tout aussi fréquent que les enseignant-es ne soient pas remplacé-es dans les grandes écoles (plus de 8 classes) et en maternelle pour permettre le remplacement de ceux des petites écoles élémentaires (moins de 5 classes). |
Une culpabilisation affichée des enseignants
En affirmant d’une part que les enseignants-es ne sont pas plus absents que d’autres types de personnels, la ministre propose d’autre part des mesures qui ajoutent de l’huile sur le feu et discréditent les enseignants-es et le travail des personnels des circonscriptions chargés d’organiser les remplacements.
La mesure n°6 qui vise à « mieux accompagner les personnels pour éviter les absences perlées » risque de se traduire par une culpabilisation des collègues à prendre un arrêt ou à le renouveler. On a déjà entendu des propos d’IEN ou de DASEN qui affirment « il y a des collègues qui abusent, vous le savez bien », « vous êtes sûr que vous êtes malades » ou encore « vous êtes sûr que vous n’avez pas de solutions pour votre enfant ? » !
L’accompagnement individuel et l’invitation au sein de la cellule ressource humaine (c’est à dire à la DSDEN avec l’IA adjoint et le chef de service de la Division du Personnel) risque de se traduire par des rappels à l’ordre, voire des sanctions. Le tutorat, l’allègement de service (on peut en rire quand on constate qu’on ne peut l’accorder actuellement par manque de moyen) ou le retrait temporaire de service (entendons-nous, congé sans solde forcé, mise en disponibilité, CLM ou sanction disciplinaire de niveau 2 ou 3) s’apparentent plus à des mesures répressives.
Réaffirmons-le, les enseignants ne sont pas absents par plaisir et souhaitent aussi de la continuité dans leur travail.
Enfin la mesure n°7 qui vise à mettre en place un guide unique sur les différentes autorisations d’absence afin de clarifier à l’attention des services et des agents, le cadre juridique des droits et devoirs qui leur sont associés, on est aussi en droit de craindre un cadre qui permettra l’augmentation des refus des autorisations d’absence, phénomènes qui existent déjà.
Déréglementation de la formation continue
En proposant aux collègues de faire leur formation hors temps d’enseignement, c’est à dire le mercredi ou pendant les vacances, payée éventuellement en heures supplémentaires, la Ministre tente une relance de la formation continue sur le temps personnel.
La formation continue sur le temps de service est un droit. Chaque collègue a droit à 36 semaines de formation continue.
Or la formation continue a été mise à mal sous l’ère Sarkozy lorsqu’il a décidé d’employer les stagiaires sur les postes classes à l’année. Les Ministres Peillon/Hamon/Vallaud-Belkacem n’ont pas remis en cause ce principe. Au contraire, ils l’ont renforcé en dédoublant les stagiaires par poste (2 PES en alternance). Si la formation continue existe de nouveaux, elle reste timide (15 stages au Plan Académique de Formation à candidature individuelle) et fortement contrainte (Formation à public désigné). Le nombre de postes de brigade stage reste très limité (25 postes brigade Formation continue stage long !). Alors que les conditions de travail des enseignants-es sont déjà fortement dégradées par la multiplications des réunions, des animations pédagogiques, des conférences ou des formations à public désigné le soir après la classe ou le mercredi après-midi, cette mesure va accentuer encore plus un système qui alourdit fortement le temps de travail.
Remplacement spécialisé : le parent pauvre !
Rappelons que le nombre de postes de Brigade ASH et ZIL ASH est très réduit ! Dans notre département il existe 4 postes de brigade ASH et 2 postes de ZIL ASH ! De nombreux collègues non spécialisés sont déjà affectés sur des postes spécialisés, et les rares postes de remplaçants ASH sont rarement occupés par des titulaires du CAPA-SH. Le manque de formation spécialisée en est la principale cause. Une fois de plus, c’est un recrutement et des formations insuffisantes qui créent la pénurie.
Retour de la précarité ?
Enfin l’annonce de la création de 1500 emplois ne doit pas nous bercer d’illusions. Cela ne garantit pas la création de postes d’enseignants, mais peut se traduire par un recrutement de contractuels comme le précise d’ailleurs la mesure n°4 de la Ministre pour les absences de plus de 15 jours ! Il peut être fait également appel à des contractuels en CDI ou en CDD, dont le recrutement peut être anticipé pour faire face au pic des besoins de remplacement.
La CGT Educ’action 76 s’oppose à ces mesures et revendique :
|