Lycée Val de Seine : quel mépris pour la détresse des collègues !
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Chacun a en tête la dramatique tentative d’immolation d’un personnel du lycée Val de Seine le jour de la pré- rentrée 2016. Nombreuses ont été les réactions de solidarité des personnels, notamment des PLP. L’heure d’information syndicale déposée par la section CGT du lycée le 8 septembre avait réuni 100 personnes. Une journée de grève avait été décidée quelques jours plus tard en solidarité avec le collègue et afin d’interpeller la hiérarchie sur ce geste qui, n’en déplaise à la rectrice, n’est pas lié à un problème personnel mais bien au management de sa hiérarchie. Comment le rectorat a-t-il géré la situation depuis ?
La CGT, représentée au CHSCT Départemental, a rédigé un droit d’alerte pour danger grave et imminent début septembre afin d’exiger une enquête sur le champ et afin de prendre toutes les mesures pour faire cesser les risques sur la santé des personnels. La CGT n’a obtenu une réponse que le 4 novembre : refus de l’enquête malgré l’article 5-7 du décret 82-453 qui l’y oblige. Interpellé également par la FSU et FO, le rectorat a d’abord réuni le CHSCT Académique le 16 septembre mais a refusé la demande d’enquête du CHSCTA et a notifié son refus dans un courrier du 2 novembre.
Que fait le rectorat au lieu d’appliquer la réglementation ? Il diligente sa propre enquête-maison. Certes, les personnels ont pu être reçus par trois responsables du rectorat mais à part la hiérarchie elle-même, nul n’aura accès au compte-rendu de cette enquête, à sa méthodologie, aux témoignages des collègues, à ses conclusions. Le rectorat fait tout pour garder la main sur la situation : surtout pas de syndicats pour rendre publiques les conditions de travail des collègues, le management à l’œuvre et les responsabilités du rectorat dans les dysfonctionnements de l’organisation du travail ! Pas de bruit, pas de vague sur le malaise à Val de Seine !
Le collègue lui-même n’est pas épargné. Il a été reçu en entretien par le rectorat mais classiquement, on lui a conseillé… de muter. Ce serait donc à la victime de muter ? Et le ou les responsables pourraient dormir sur leurs deux oreilles ? Inadmissible ! Double peine !
Concernant l’accident de travail, un congé longue maladie a bien été accordé au collègue… mais sans rapport avec le service. Une nouvelle preuve que le rectorat fait comme s’il n’était pour rien dans les causes qui ont conduit le collègue dans la détresse. La lettre qu’il a rédigée peu après sa tentative de suicide et qu’il a demandé à faire lire en salle des professeurs laisse pourtant planer peu de doutes sur le lien avec le travail : reproches humiliants (c’est « une honte d’avoir une moyenne aussi basse » pour ses élèves), remise en cause de son « professionnalisme ainsi que de son intégrité », rapports avec la hiérarchie très dégradés (« bête noire du proviseur »), etc.
Les personnels doivent savoir cela. Derrière les masques de la respectabilité, le visage de la hiérarchie rectorale est bien souvent celui de la brutalité, du mépris et du déni. Ne soyez pas malades à cause du travail : rien ne vous sera épargné pour éviter que cela soit reconnu comme étant en lien avec le travail. Avis aux collègues : seule leur mobilisation pourra permettre d’imposer des conditions de travail dignes !