Urgence dans l’agglomération rouennaise : deux familles sont à la rue.
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Grave pénurie de logements d’urgence.
Après l’expulsion de la famille Erdene le 30 mars de son logement à Maromme, c’était au tour de la famille Sinani d’être expulsée du sien le 11 avril à Petit-Quevilly. Dans les deux cas, les parents sont des déboutés du droit d’asile. Dans les deux cas, France Terre d’Asile les a fait expulser de leur domicile - sans proposition d’hébergement pérenne. Elles ont seulement obtenu 3 ou 4 nuits d’hôtel.
Depuis, c’est le 115 tous les jours. Quand le 115 n’a plus de places à proposer, ce qui arrive presque chaque fois, les familles se retrouvent sans solutions. Les vigiles font sortir ceux qui espèraient passer la nuit dans la salle d’attente des urgences du CHU. Alors, il faut compter sur la famille, les amis, les comités de soutien. Le Carrefour des Solidarités assure une mise à l’abri de quelques nuits toutes les deux semaines.
Des enfants parfaitement intégrés.
La famille Erdenne est composée de six personnes : les parents et leurs quatre enfants, tous scolarisés à Maromme. L’aînée est en classe de troisième après avoir fait toute sa scolarité au Collège de Maromme. En même temps que cette famille, la tante des enfants, qui vient de mettre au monde une petite fille, a également été expulsée du logement.
La famille Sinani est composée de cinq personnes, les parents et leurs trois enfants, tous scolarisés à Petit- Quevilly depuis longtemps ; l’aînée est bien connue parce qu’elle fait partie de l’élite footballistique régionale junior.
Malgré les difficultés, les enfants sont tous des élèves assidus et très bien intégrés dans leur entourage. Les aînées, quant à elles, préparent leur brevet.
Rassemblement devant la préfecture le 3 mai.
A l’heure actuelle, personne ne semble en mesure de proposer un logement d’urgence, encore moins une solution de logement stable. Les deux comités de soutien ont frappé aux portes de France Terre d’Asile et de leurs mairies respectives. En vain.
Très vite, ils ont décidé d’agir ensemble : ils ont demandé une audience auprès de Mme le Préfet et ont décidé d’un rassemblement devant la préfecture le mercredi 3 mai. Nous étions 110 avec affiches, banderoles et mégaphone (merci la CGT Educ). Dès notre arrivée, on nous a annoncé que le secrétaire du cabinet de la préfète allait recevoir une délégation de cinq personnes. Il a précisé dès le départ qu’il ne connaissait pas le dossier, qu’il ne prendrait aucune décison et qu’il transmettrait nos pétitions et revendications à Madame le Préfet : un titre de séjour pour les parents (Erdene et Sinani) et un logement stable pour les deux familles.
La Préfecture ne s’engage à rien.
A la fin de l’audience, on ne savait pas si la préfecture ferait appel de la décision du tribunal administratif qui venait d’annuler l’OQTF frappant M. et Mme Sinani. Le représentant de la préfecture a reconnu que M. et Mme Erdene étaient régularisables dans le cadre de la circulaire Valls mais aucun engagement n’a été pris. Quant au logement, la préfecture reconnaît la pénurie de logement d’urgence mais ne propose absolument rien.
Pourtant, la France a ratifié la Convention des droits de l’enfant en 1990. Dans son article 3, elle fait prévaloir l’intérêt supérieur de l’enfant sur toute autre considération. Il revient donc, en dernier recours, à l’Etat d’assurer aux enfants Sinani et Erdene leurs droits à un logement stable, à l’éducation et à vivre en famille. C’est d’autant plus impératif que, selon l’article 55 de notre Constitution, « les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois ». Ils peuvent donc être invoqués face l’administration et dans toute action devant les jurisdictions. Ce que nous avons fait. Mais l’Etat ne respecte pas ses propres règles.
La mobilisation est plus que jamais d’actualité.
Les deux comités poursuivent la mobilisation : on continue de faire circuler les pétitions, de populariser notre action auprès des personnels de l’Education, des parents d’élèves et des médias. Une chaîne de solidarité quotidienne est à l’œuvre autour des deux familles. Mais l’urgence absolue reste celle du logement et toutes les solutions sont étudiées.
Plus largement, les deux questions cruciales qui nous sont posées sont celle de l’accueil des étrangers dans notre pays et celle de la politique du logement. Nous sommes engagés dans une bataille du pot de terre contre le pot de fer. Parce qu’ici comme ailleurs en France, il existe des Sinani et des Erdene anonymes qui ne reçoivent le soutien de personne. Et il en existera d’autres demain. Bien sûr, on espère aboutir à une issue heureuse pour ces deux familles. Mais cela ne changera rien à la politique globale qui exclut des gens de la légalité et les mène à la rue. Deux comités de soutien locaux n’y suffiront pas. A nous d’en faire des priorités nationales.
-* Comité Sinani : personnels du collège Diderot (Petit-Quevilly),Club Football USQRM, Parents d’élèves du collège , personnels de l’école G Meret , RESF agglo de Rouen
-* Comité Erdene : personnels du collège Alain et de l’Ecole élémentaire Delbos, parents d’élèves de l’école et du collège, FCPE du collège Alain, RESF Agglo de Rouen, CGT Educ’action, Secours Catholique, adjointe au maire de Maromme).