Projet de décret collège, ou comment chercher à rouler les personnels et les jeunes !
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Jean Michel Blanquer ne devrait pas tarder à lancer une grande opération de « comm. » pour mettre en avant son projet d’arrêté du 19 mai 2017 sur l’organisation des enseignements au collège, ou comment faire semblant de mettre au placard la réforme du collège, tout en amplifiant les choix dévastateurs contre lesquels une immense majorité des enseignants concernés ou non ont été vent de bout contre la réforme : l’autonomie accrue, la disparition d’heures d’enseignement, un système fait pour diviser les personnels, la mort assurée des enseignements type bilangue, euro, latin... dans les zones populaires notamment.
Première annonce-séduction : finie la liste des thèmes EPI, les enseignants pourront appeler EPI tout ce qu’ils voudront faire. Alléchant mais dangereux ! C’est un coin de plus enfoncé dans un cadrage national des programmes qui est déjà mis à mal. Et sans vraie liberté, puisque les heures doivent rester étiquetées EPI ou AP et que les Principaux de collège vont mettre la pression sur les équipes enseignantes pour avoir des projets. Et l’étiquetage EPI/ AP pose en lui même un sérieux problème puisque nous ne récupérons toujours pas les heures d’enseignement telles que nous les connaissions avant la réforme. Ca ouvre grand la porte d’un bilan négatif des EPI qui pourrait se solder par la disparition de ces heures dans la grille horaire des élèves.
Ensuite, Jean-Michel Blanquer espère contenter les enseignants en communiquant sur le retour des bilangues. Mais en regardant de plus près le projet de décret, ce n’est pas ça du tout. Les établissements pourraient faire le choix de proposer une deuxième langue vivante en sixième, à raison de 2 heures hebdomadaires maximum. Mais les heures seraient prises sur les marges auxquelles chaque classe a réglementairement droit et que les Principaux, sous couvert du conseil d’administration, peuvent utiliser comme ils l’entendent. La « bilangue » va donc être en concurrence avec des dédoublements de classe, des AP en groupes, des EPI nécessitant une co-intervention etc... Et le Ministre de l’éducation réussirait même avec ce tour de passe passe à supprimer la bilangue de continuité, et à récupérer les 2 heures que les rectorats sont obligés allouent actuellement à cette option. Pour les classes euro, le Ministre pourrait faire le même coup en projetant de prendre sur les heures marges le renforcement de l’enseignement de l’une des deux langues vivantes étrangères dans la limite de deux heures hebdomadaires au cycle 4. C’est bien loin de ce que la CGT éduc’action veut : des moyens supplémentaires dans tous les collèges pour qu’il y qu’on puisse proposer des enseignements ambitieux (bilangue, euro...) partout !
Enfin, il est bien reprécisé qu’un établissement (entendez le chef d’établissement sous couvert du conseil d’administration) peut « moduler la répartition du volume horaire hebdomadaire par discipline », à condition qu’à la fin de l’année du cycle les élèves aient toutes les heures par discipline. Là où on pouvait répartir les heures sur tout le cycle (3 ans pour le cycle 4), on ne peut plus le faire que sur une année. Maigre consolation qui ne ferme évidemment pas la porte de l’annualisation de notre temps de travail.
Et pendant ce temps, Jean-Michel Blanquer n’a jamais évoqué le problème des classes surchargées avec une moyenne nationale de 28 élèves par classe. Mais ça on s’en doutait ! On ne sait pas encore précisément ce qui sera définitif, mais ça ne promet vraiment rien de bon. A nous de nous mobiliser au plus vite, aux cotés des autres salariés, et de montrer que nous voulons de vrais moyens pour l’éducation, mettre fin à l’autonomie des établissements et aux attaques sur notre statut !