Un lycée pro du futur
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Il était une fois un lycée professionnel de province dans une ville moyenne classé en éducation prioritaire dite ZEP. Ce lycée préparait ces élèves aux métiers du bâtiment avec un bon taux de réussite pour tous les diplômes.
Puis est venu le temps des réformes toutes aussi efficaces les unes que les autres.
Les ZEP sont supprimées donc artificielles le rectorat monte les effectifs de classe de 12 à 15 et de 24 à 30. Mais les difficultés des élèves (en tout genre) et les conditions de travail (locaux et moyens) restent les mêmes. Par conséquent, le taux de réussite chute et les élèves ne veulent plus rester dans ce lycée.
Puis pour revaloriser la voie professionnelle, l’Etat supprime arbitrairement une année d’étude pour avoir un examen mais crée le Contrôle en Cours de Formation avec de l’Accompagnement Personnalisé. Le taux de réussite remonte. Mais le nombre d’élèves dans la section est trop bas 24 élèves au lieu de 30 possibles donc le pourcentage d’élèves ayant eu l’examen dans le lycée reste trop bas. Pourtant les professeurs, grâce aux moyens que leur alloue l’Etat, font en sorte que les élèves présents obtiennent l’examen (but caché du CCF) mais cela ne suffit pas. Il y a toujours un déficit d’effectifs dans les sections, le taux de réussite ne suffit plus pour attirer des éélèves.
Mais le déficit d’effectifs n’est pas une baisse d’effectif du lycée car le nombre de classes est constant et le nombre d’élèves par classe en moyenne est constant. Le rectorat a arbitrairement augmenté le nombre d’élèves par section de 24 à 30 donc en gardant le même nombre d’élèves dans la section, le rectorat dit qu’il y a un déficit de 6 élèves. Or, dans le même temps, il n’y a eu aucun travaux pour faire que les conditions d’étude des élèves et les conditions de travail des personnels soient optimisés pour ces effectifs d’élèves, même dans certaines salles de cours il manque des chaises. Mais le rectorat envoie toujours les répartitions avec les capacités d’accueil à 30 élèves donc avec un déficit de -6 par section alors que les effectifs réels du lycée n’ont que très peu baissé.
Maintenant, pour avoir toujours plus, le rectorat et la région proposent que le lycée, devenu entre temps lycée des métiers donc a accueilli dans ces locaux (toujours sans autres moyens) des formations pour adultes GRETA dispense des formations par apprentissage dans les sections qui ne remplissent pas les capacités d’accueil maximales, le tout avec toujours les mêmes moyens.
Merci aux gouvernements successifs d’avoir autant pris soin de la voie professionnelle en la réformant.
Juste une précision. Il y a quinze ans, nous ne demandions rien, la voie professionnelle vivait bien et formait bien avec des diplômes nationaux, ce n’est pas être rétrograde de demander à revenir à ce que nous n’aurions jamais dû changer, un lycée avec des capacités d’accueil de 24 ou 12 élèves et avec des examens nationaux.
Faire du tout-apprentissage (c’est ce qui nous attend) avec 35 ou 40 élèves par section, ça c’est rétrograde, car cela revient à revenir aux années 70 où il y avait ceux qui apprenaient leur métier sur le tas, avec un peu de formation en institut, et ceux qui étaient en lycée (il n’y en avait qu’une sorte) pour poursuivre de longues études.
Eric PENENT