Visite de Blanquer aux lycées de Fécamp : le ministre fait sa comm’ tout en continuant la casse du service public d’éducation
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Trois jours après ses annonces sur la réforme des lycées professionnels, le ministre Blanquer vient faire le service après-vente aux lycées de Fécamp. Il n’y a pourtant pas de quoi en être fier, cette énième contre-réforme constituant un grave recul pour le service public de l’enseignement professionnel. Il s’agit en réalité pour le gouvernement d’opérer d’importantes coupes budgétaires, comme dans tous les services publics, en baissant de manière sensible le nombre d’heures d’enseignement pour les élèves et en supprimant à nouveau plusieurs milliers de postes de professeur.e.s de lycée professionnel.
Le choix gouvernemental est également idéologique car fortement influencé par les branches professionnelles qui veulent mieux contrôler la formation des jeunes et les formater à leur convenance. Il en est ainsi de l’accent mis sur l’apprentissage, bien loin de constituer une voie de réussite pour tous.tes, si l’on en juge par le taux très élevé de ruptures de contrat, le fléau des discriminations selon la couleur de peau, l’origine sociale ou le genre, ainsi que les conditions de travail et d’apprentissage souvent difficiles pour les jeunes embauchés sous ce statut.
Le choix de visiter les lycées Descartes-Maupassant n’est pas anodin puisqu’il s’agit de vanter la supposée réussite des campus des métiers et des qualifications (CMQ). Ces structures totalement opaques mais potentiellement redoutables pour le service public ont pour objectif de déréguler la voie professionnelle scolaire, de développer l’apprentissage et de renforcer la présence de groupes d’intérêts privés patronaux puisqu’on trouve en leur sein des multinationales (Areva, par exemple), ainsi que des lobbys patronaux comme le Medef, la CPME ou Energies Normandie, ce qui constitue une atteinte grave à la neutralité du service public. Qui peut raisonnablement croire que les CMQ deviennent des « Harvard du pro », selon l’expression tout orwellienne du ministre ?
Plus généralement, les choix ministériels s’inscrivent dans un contexte d’attaques de plus en plus dures contre le système éducatif : sélection à l’université, affaiblissement du bac, fermetures de classes, renforcement des inégalités, mais aussi autoritarisme du ministre qui prétend dicter d’en haut la bonne pédagogie aux professeur.e.s des écoles. Les personnels enseignants et d’éducation, les élèves et leurs familles n’ont rien de bon à attendre d’un ministre qui continue à supprimer des postes, qui va recourir massivement à des salarié.e.s contractuel.le.s en lieu et place de professeur.e.s formé.e.s, qui développe la concurrence entre établissements au détriment du service public et qui dégrade les conditions de travail d’enseignant.e.s déjà très fragilisé.e.s par le manque de moyens, l’absence totale d’écoute et l’enchaînement de réformes avant tout comptables.
Non, le ministre Blanquer n’est pas le bienvenu à Fécamp et personne ne doit être dupe des mensonges liés à cette opération de communication ministérielle et de son absence d’ambition pour les jeunes, particulièrement ceux issus des classes populaires.