Comprendre et combattre la réforme de la voie professionnelle

dimanche 2 septembre 2018
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UNE RÉFORME INACCEPTABLE !
DÉFENDONS L’ ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL PUBLIC

A LIRE EN PJ : 4 PAGES SPECIAL REFORME DE LA VOIE PROFESSIONNELLE

Le gouvernement Macron poursuit sa politique libérale. Avec le projet CAP 2022, il veut développer la précarité contre le statut de la Fonction publique. Il s’attaque aux services publics et menace le sys-tème de retraite. Le ministre de l’Éducation nationale a présenté ses mesures pour la "revalorisation" de la voie professionnelle et, sans sur-prise pour nous, c’est une prolongation de la réforme Penicaud sur la formation professionnelle qui est, elle aussi, une mise à sac du service public !

Le tout apprentissage :
Le ministre veut de l’apprentissage dans tous les lycées professionnels. Mais l’apprentissage n’est pas plus efficace que la voie scolaire et, en moyenne, 1 apprenti·e sur 5 ne termine pas sa formation. Les lycées pro accueillent tout le monde alors que l’apprentissage discrimine : il nécessite la signature d’un contrat de travail beaucoup plus difficile à obtenir pour les filles, les jeunes issu·es de l’immigration ou des quartiers populaires. Le développement du mixage des publics et la mixité des parcours entraineront une dégradation des conditions de travail avec un risque d’annualisation du temps de service des enseignant·es. À terme, c’est bien une remise en cause du statut des PLP !

Une réforme austéritaire avec d’importantes suppressions de postes :
Le projet propose des regroupements de filières, entrainant une réduction du nombre d’emplois.
Un plan social est en préparation en Gestion Administration : 1000 dé-parts en retraite non-remplacés, 500 précaires menacé·es et 1500 reconversions forcées.
Cette réforme implique aussi une réduction des heures de cours et une refonte des enseignements généraux, afin de les « contextualiser ». L’ensemble des programmes va être revu à marche forcée et l’ouverture culturelle évacuée. Dans le discours du ministre, la formation du/de la citoyen·ne se résume "aux savoir-être, essentiels pour l’insertion professionnelle". Cette réduction des horaires, en EG et en EP, va rendre les poursuites d’études en BTS plus difficiles. Le tout sur fond de tri social et de sélection renforcée dans le supérieur.

Organisons une riposte unitaire
Face à cette situation la CGT Éduc’action s’est adressée à l’ensemble des organisations syndicales pour construire une large mobilisation. Elle est indispensable si nous ne voulons pas voir l’enseignement professionnel public perdre le rôle essentiel qui est le sien.
Dès le mois de septembre préparons la grève !

Seconde de détermination : Bac pro raboté !
Sous couvert d’une orientation plus progressive, J.M. Blanquer crée une classe de seconde pro de détermination, organisée au-tour de familles de métiers présentant des compétences professionnelles communes à différentes spécialités du Bac pro.
Cette seconde de détermination va réduire à 2 ans la formation à un métier. Après la précédente réforme du Bac pro 3 ans, c’est une nouvelle attaque contre la spécialisation. Ces Bacs pro plus généralistes n’amélioreront pas l’insertion professionnelle mais dégraderont davantage le niveau de qualification reconnu par l’entreprise dans le seul but de faire baisser le coût du travail et d’asservir les salarié·es.

Impact des nouvelles grilles sur un LP type
Prenons un LP moyen de 600 élèves réparti·es de la manière suivante : 2 sections de Bac pro GA, 2 sections de Bac pro tertiaire (ARCU et Commerce), 2 sections industrielles (avec 24 élèves dans toutes) et 2 classes de CAP.
Appliquons les nouvelles grilles pour chacune des sections. La perte d’heures cumulée serait d’environ 1550 heures sur l’an-née donc 3 postes de 18H.
Imaginons que les effectifs de la section GA soient diminués, ou la section complètement supprimée : suppression supplémentaire de 1 à 3 postes en GA.
Résultat : le lycée pourrait perdre jusqu’à 6 postes !! Les heures d’AP (en nette augmentation dans les grilles) deviendraient un enjeu pour les collègues menacé·es : de quoi alimenter la concurrence !
Le candidat Macron a annoncé la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires. Voilà comment, avec la réforme de la voie pro, l’Éducation nationale va y contribuer.

Mixage des publics et des parcours : menace sur le statut des PLP
Dans la logique des parcours mixtes, la 1ère année est utilisée comme un outil de tri social. Les meilleurs éléments partent en apprentissage, les plus fragiles restent dans la voie scolaire. Dans les classes mixées, on peut imaginer les rivalités entre jeunes dont certain·es seront payé·es d’autres pas ! Ce type de classe est une aberration pédagogique de surcroit. Avec des temps d’alternance différents et donc des groupes classe différents comment construire une progression cohérente ?
La CGT Éduc’action met en garde contre la mise en oeuvre du mixage des publics au sein de la voie pro qui ne peut se faire qu’en annualisant le temps de travail des PLP !

Menaces sur les conditions de travail
Le CHEF-D’OEUVRE en ASSP ce sera quoi ?

Pour valoriser une réforme qui engendre des suppressions de postes, il faut trouver l’IDÉE qui va marquer les esprits par son originalité. C’est chose faite avec la réalisation du « chef-d’oeuvre » pour chaque spécialité validé par un jury au Bac. Mais les collègues n’ont pas attendu cette ré-forme pour proposer des projets qui aboutissaient à la réalisation de « chefs-d’oeuvre » dans les filières qui se prêtaient à cette pratique.
Outre le côté désuet de cette mesure qui renvoie à l’âge d’or du compagnonnage corporatiste d’un autre siècle, ce qui est critiquable c’est le côté obligatoire de cette mesure, son application à toutes les filières et le nombre d’heures qui y sera consacré au détriment de l’enseignement disciplinaire.

Nouveaux programmes ! Nouveaux diplômes !
Réécrire les programmes, en contextualisant les enseignements généraux pour mieux les articuler avec l’enseignement professionnel, quel appauvrissement de nos enseignements ! La refonte complète des diplômes, sous l’égide des branches professionnelles va dans le même sens : les référentiels déclinés en blocs de compétences portent une vision utilitariste de nos enseignements au seul service des entreprises.
Faire acquérir à nos jeunes les normes entrepreneuriales et former une main d’oeuvre adaptable et corvéable à merci pour une employabilité immédiate, c’est ça l’excellence !

La co-intervention : des volumes horaires très conséquents !
16% en CAP et 10% en Bac pro pour l’enseignement professionnel
50% en CAP et 25% en Bac pro pour l’enseignement général
Imposée par les textes, sans aucun temps de concertation pour les enseignant·es, elle va alourdir notre charge de travail et consacrer la vision utilitariste de l’enseigne-ment général.

Chasse à la taxe ouverte dans tous les EPLE !
La réforme de la formation professionnelle doit entériner une nouvelle forme de la taxe d’apprentissage : « la contribution alternance ». La part barème ou hors-quota pouvant être perçue par les EPLE passe de 23 à 13%, de même que le versement se fera au bon vouloir des entreprises pour les organismes de formation de leur choix. La chasse à la taxe sera donc réouverte dans tous les LP pour obtenir, en cette période de baisse des dotations régionales, quelques fonds précieux pour améliorer les équipements des ateliers ou leur fonctionnement. En prime un asservisse-ment renforcé au monde économique !

Nouveauté de la rentrée : les tests de positionnement !
Du 10 au 28 septembre, chaque élève de seconde pro passera un test en français et en maths pour identifier ses acquis et ses besoins. Conçus par des groupes d’experts d’enseignant·es, ces tests, censés aider les enseignant·es à mieux cibler les difficultés des élèves pour organiser l’AP, se feront sur un support numérique.
Des remédiations seront proposées aux élèves ayant des difficultés, sous forme de logiciel individualisé. Les boites privées qui fleurissent sur ce terrain vont se frotter les mains ? Pour éviter cela la BRNE réfléchit à son propre outil numérique … Nous voilà rassuré·es …ou sidéré·es à l’idée de cette hyper individualisation et externalisation.

La CGT Éduc’action revendique :

Défense et amélioration du statut des PLP
Ni annualisation du temps de service ni modification du calendrier scolaire. Égalité de traitement avec les enseignant·es des voies générale et techno du lycée : application de la pondération. Les PLP sont des profs de lycée à part entière !

Classes d’adaptation : passerelles vers la réussite en BTS !
Il est nécessaire d’adapter les parcours des élèves en fonction de leurs besoins. Le Bac pro a toujours eu une double finalité : l’insertion professionnelle et les poursuites d’études. Aujourd’hui le fossé entre le Bac pro et le BTS est grand, avec la réforme à venir il deviendra infranchissable… Cette situation est inacceptable !
La CGT Éduc’action revendique la mise en place de classes passerelles du Bac pro vers le BTS pour permettre aux élèves de consolider leur parcours avec une année de formation spécifique après le Bac, dans une classe dédiée avec des moyens adaptés. Nous devons donner aux jeunes de la voie pro les moyens de réussir en BTS !
Dans de nombreuses spécialités, l’insertion professionnelle se situe au niveau BTS. C’est notamment le cas en Gestion Administration. Viser l’excellence pour ces spécialités et pour l’ensemble des jeunes de la voie pro implique d’avoir de l’ambition et de donner des moyens ! Gagner de vraies classes d’adaptation, passerelles du Bac pro vers le BTS, c’est une revendication de la CGT !

L’éducation prioritaire pour les LP ! C’est pour quand ?
Les lycées pro concentrent les difficultés sociales et scolaires. Les lycées sont pourtant aujourd’hui exclus des dis-positifs REP/REP+. Les difficultés des élèves s’arrêtent-elles à la sortie du collège ? La CGT Éduc’action défend l’ex-tension des dispositifs d’éducation prioritaire à tous les lycées. Gagner l’extension des réseaux REP/REP+ aux lycées, c’est reconnaître le difficile exercice des personnels de la voie pro et permettre aux enseignant·es de toucher une prime allant de 1734 € / an (REP) à 2312 € /an (REP+). Pour une vraie éducation prioritaire, il faut des seuils d’élèves par classe, une décharge de service plutôt qu’une pondération, et l’extension de la prime à tous les personnels intervenant dans les établissements. Gagnons l’éducation prioritaire pour les lycées, !

La titularisation immédiate de tou·tes les contractuel·les !
La réforme de la voie pro s’inscrit dans le plan du gouvernement de la réduction du nombre d’emplois : fonctionnaires titulaires comme contractuel·les. Dans certaines académies, de manière insidieuse, les rectorats anticipent la baisse de besoins d’enseignant·es. Des contrats, même en CDI, ne sont pas reconduits au prétexte d’insuffisance professionnelle. Les titulaires seront déplacé·es mais les contractuel·les en surnombre seront licencié·es. Cette ré-forme du lycée professionnel concerne bien tous les personnels quel que soit leur statut ! La CGT revendique la titularisation de tou·tes les précaires sans conditions de concours ou de nationalité

L’éducation prioritaire pour les LP ! C’est pour quand ?
Les lycées pro concentrent les difficultés sociales et scolaires. Les lycées sont pourtant aujourd’hui exclus des dis-positifs REP/REP+. Les difficultés des élèves s’arrêtent-elles à la sortie du collège ? La CGT Éduc’action défend l’ex-tension des dispositifs d’éducation prioritaire à tous les lycées. Gagner l’extension des réseaux REP/REP+ aux lycées, c’est reconnaître le difficile exercice des personnels de la voie pro et permettre aux enseignant·es de toucher une prime allant de 1734 € / an (REP) à 2312 € /an (REP+). Pour une vraie éducation prioritaire, il faut des seuils d’élèves par classe, une décharge de service plutôt qu’une pondération, et l’extension de la prime à tous les personnels intervenant dans les établissements. Gagnons l’éducation prioritaire pour les lycées !

Défense et amélioration du statut des PLP
Ni annualisation du temps de service ni modification du calendrier scolaire. Égalité de traitement avec les ensei-gnant·es des voies générale et techno du lycée : application de la pondération. Les PLP sont des profs de lycée à part entière !

L’intérêt de la voie pro et des PLP : la CGT !


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Brèves

Mouvement 2019 des personnels ATSS :

samedi 22 décembre 2018

Mouvement inter-académique des AAE et des SAENES :
La saisie des voeux doit se faire du 11 décembre 2018 au 8 janvier 2019. La CAPN des SAENES aura lieu le 19 mars 2019, et celle des AAE le 21 mars 2019.

Mouvement à gestion déconcentrés ADJAENES
la pré-inscription se fera du 10 janvier 2019 au 7 février 2019. Le reste du calendrier sera en fonction des académies demandées.

Mouvement à gestion déconcentrés des ATRF
la pré-inscription se fera du 10 janvier 2019 au 7 février 2019. Le reste du calendrier sera en fonction des académies demandées.

La pédagogie Nutella ou le collège 2016... vu à la TV !

lundi 20 avril 2015

La réforme du collège 2016 agite le Landerneau enseignant depuis quelques semaines. Elle inquiète aussi à juste titre les parents qui se demandent bien ce que ledit collège réformé fera avec leur progéniture.

Pour rassurer tout le monde, la télévision publique nous montre à quoi ressemblera le collège 2016, dans deux reportages successifs. En effet, le collège réformé s’inspire de dispositifs innovants qui existent déjà dans quelques établissements expérimentaux.

Alors savourons cet avant-goût du collège nouveau...

Lire la suite sur le site La Vie Moderne

Chatel : "Certaines mesures vont dans le bon sens"

lundi 20 avril 2015

C’est le spécialiste des réformes destructrices Chatel qui ont mis à mal le lycée général et liquidé la voie STI qui nous le dit.
On constate facilement où Vallaud-Belkacem trouve son inspiration !

"Que les conservateurs tombent les masques !"

lundi 20 avril 2015

Voici le titre de l’interview de Vallaud-Belkacem au très réactionnaire journal Le Point.
Notre seule réponse à NVB : "Que les néo-libéraux tombent également le masque !"

4 pages spécial Retraités de la FERC

samedi 31 août 2013

Au sommaire : Conférence de l’UFR... les retraités à l’offensive ! - Quelle UFR, quelle structure ? - Place des retraités dans la CGT - Continuité syndicale et renforcement - Impressions croisées
Télécharger le 4 pages

Au sujet des dépenses scolaires…

jeudi 22 août 2013

Chaque année, à l’approche de la rentrée, on retrouve dans les médias des articles plus ou moins bien renseignés sur les "dépenses de la rentrée des classes". Je les parcours toujours avec un peu d’agacement quand ils mettent en avant les nouveaux cartables, les vêtements, les classeurs, les crayons et les compas, les garderies et les cantines.
Parler de ces frais là, c’est évoquer l’arbre pour cacher la forêt. Les cartables et les compas durent facilement plusieurs années et les vêtements ne me semblent pas être une dépense scolaire : mes filles iraient-elles nues si l’école n’existait pas ? Idem pour la cantine : il faut manger même en dehors de l’obligation scolaire. Admettons pour la garderie des petits. Ce qui m’interpelle, ce sont les frais dont on parle moins et qui pourtant jalonnent bien le parcours scolaire des jeunes.
Lire la suite sur le site de l’Ecole démocratique

Ecole élémentaire : en France, le nombre d’élèves par enseignant supérieur à la moyenne OCDE (Depp)

vendredi 16 août 2013

Selon la revue "L’Éducation natio­nale en chiffres" de la Depp, le taux d’encadrement dans les écoles élémen­taires fran­çaises se situe en des­sous de la moyenne des pays de l’OCDE.
Le taux d’encadrement dans les écoles élémen­taires fran­çaises est en des­sous de la moyenne des pays de l’OCDE, selon la revue "L’Éducation natio­nale en chiffres" éditée par la Depp et parue en juillet 2013.
Dans les pays de l’OCDE, le nombre moyen d’élèves par ensei­gnant était à ce niveau de 15,4, en 2011 contre 18,4 en moyenne en France.

Loire-Atlantique / Rythmes : lettre ouverte des UD CGT, FO, FSU et Solidaires au DASEN et aux 26 maires de Loire-Atlantique appliquant la réforme en 2013

samedi 29 juin 2013

Depuis plusieurs mois, nos organisations syndicales ne cessent de dénoncer la précipitation et les dangers contenus dans la réforme des rythmes scolaires. Si les appréciations de nos syndicats respectifs peuvent diverger sur l’analyse de la loi Peillon et de son volet sur les rythmes scolaires, cela ne nous empêche en rien de partager nombre de points de vue sur les effets néfastes de cette réforme. Les propos volontaristes des municipalités ayant décidé de s’engager dès septembre 2013 dans la mise en œuvre du pan de réforme sur les rythmes ne résistent pas à un l’examen pragmatique. Pour notre part cette réforme relève plus d’un projet politique portant sur la territorialisation de l’École que sur les effets bénéfiques pour les enfants et les familles.
L’intention gouvernementale affiche une volonté de servir la réussite scolaire des élèves. Nous pensons qu’il y a loin du discours à une réalité qui malmène aussi les personnels concourant aux rythmes éducatifs des enfants. Les campagnes de communication politiciennes ne peuvent dissimuler les malaises grandissant autour de la rentrée 2013 précipitée.
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