Suppressions de postes, #pasdevague, réforme de la voie pro, CAP2022... : ce qu’en dit la CGT éduc’action de Haute-Normandie

mercredi 14 novembre 2018
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Déclaration préalable lue en séance du Comité Technique Académique du 13 novembre 2018.

Monsieur le Recteur,

Les personnels ont montré hier par la grève leur colère contre les choix destructeurs faits par M. Blanquer pour l’Education Nationale, et le gouvernement Macron-Philippe pour l’ensemble des services publics. La question qui se pose est la même pour tous les services publics : jusqu’où ira-t-on ? Cette année 4500 postes vont être supprimés. L’an prochain ce sera 10 000 et l’objectif annoncé récemment par Philippe et Darmanin est de supprimer 120000 postes d’agents d’ici 2022. Pour 2019, l’Education Nationale va contribuer à hauteur de 1800 suppressions, laissant présager au moins 4000 suppressions en 2020. Ces seuls chiffres justifient largement l’appel à la grève de la CGT éduc’action du 12 novembre, mais la CGT éduc’action a choisi également d’appeler à la grève hier l’ensemble des personnels contre tous les projets et réformes en cours qui poursuivent un double but en supprimant des heures postes, en accentuant la sélection et en désarmant les jeunes notamment du lycée professionnel face au monde du travail.

Le bilan de la rentrée scolaire qui nous est proposé ne peut qu’accentuer un peu plus la colère des personnels tant il est éloigné de la réalité qu’ils vivent. Tout en reconnaissant l’énorme travail et le nombre d’informations intéressantes fournies par le livret, nous constatons nous aussi qu’il nous est impossible de faire un réel bilan de
la rentrée scolaire à partir du document fourni. Le constat de l’évolution des effectifs en premier et second degrés peut nous interpeller, et notamment le transfert d’élèves du public vers le privé dans le second degré, mais ce qui importe n’est pas seulement le nombre d’élèves à accueillir, mais surtout la qualité de l’accueil. Quel est le taux d’encadrement à la rentrée 2018 par rapport à la rentrée 2017 ? Quel est le nombre de classes en premier et second degrés, et avec quel effectif moyen ? Quelle est l’évolution par rapport à 2017 ?

Mais l’absence de données tangibles qui ne resteraient que des moyennes cachant des situations très différentes et parfois préoccupantes n’est peut-être pas un hasard. Pour le second degré, en mars 2018 nous dénoncions une centaine d’ETP supprimés au lieu des 78 ETP annoncés, pour finalement 1117 élèves en moins, recul qui devrait n’être que temporaire vu les prévisions d’effectifs pour les années à venir. Nous jugions également très insuffisantes les 63 créations pour le 1° degré au vu du nombre de classes à dédoubler. Et à cette rentrée, nous avons pu constater que la situation se dégradait encore un peu plus, avec dans certains établissements des effectifs de classe qui frôlent voire dépassent les capacités physiques des salles. Les documents ne disent rien non plus des conséquences des 10 suppressions de postes chez les administratifs, à la fois dans les services académiques mais aussi dans les établissements où le personnel doit « compenser » ce qui ne peut plus être
effectué faute de personnel dans les services académiques. La dure réalité des AVS/AESH et des personnels précaires de l’éducation nationale ne ressort pas non plus de ces documents. Les conséquences d’un contrat non renouvelé ou d’une baisse d’un temps déjà trop partiel et la désillusion de contractuels qui ne peuvent pas être CDIsés parce que le rectorat ne les a pas embauchés assez tôt pour leur donner ce droit, sont pourtant dramatiques. Le bilan de l’orientation post-bac laisse évidemment de côté deux données importantes : le nombre de jeunes ayant été acceptés sur leurs voeux prioritaires et le stress occasionné par une procédure
inhumaine. Mais surtout il laisse de côté l’essentiel qui est l’ouverture de places dans le supérieur en nombre suffisant pour permettre à chaque jeune d’obtenir l’orientation post-bac souhaitée.

La situation se dégrade pour les élèves mais aussi pour tous les personnels qui font de plus en plus souvent face à la violence verbale ou physique. Et celle-ci n’est pas seulement due au téléphone portable comme veut nous le faire croire le Ministre , mais au fait que le gouvernement a laissé des quartiers entiers à l’abandon, plaçant les enseignants en première ligne pour affronter les conséquences de la ségrégation sociale, géographique et scolaire. Pour la CGT Éduc’action, la violence dans les établissements n’est pas une fatalité. Une présence humaine et adulte en nombre suffisant est indispensable : enseignants, non enseignants, personnels de santé et
sociaux, personnels de vie scolaire…. Il est également indispensable d’en finir avec la culture du déni et de la minimisation des faits de violence par l’Administration : bref, il faut en finir avec la culture du « pas de vague ». La CGT Educ’action soutient totalement le mouvement de libération de la parole qui s’est massivement exprimé par le biais du #pasdevague. Nulle volonté de notre part de récupérer ce puissant
mouvement parti de la base, mais plutôt une réaction qui pourrait se traduire par un mot : enfin ! Oui, comme nous avons toujours essayé de le faire, il est hors de question de mettre la poussière sous le tapis. Il faut au contraire exprimer, dire, écrire, relayer la réalité de ce que vivent des milliers de nos collègues et obliger l’Education nationale à apporter de vraies réponses, non pas sécuritaires et réactionnaires, mais budgétaires, sociales, humaines, pédagogiques. Nous soutenons d’ailleurs la lutte des personnels du lycée Utrillo de Stains qui refusent la nomination d’un gendarme comme proviseur adjoint.

Cette volonté de relayer la réalité est mal partie, comme l’illustre par exemple le projet de réforme de la voie professionnelle. Les mêmes recettes sont utilisées à chaque fois pour tenter de vendre la contre-réforme à l’opinion publique, tout du moins à la partie de l’opinion publique qui ne scolarise pas ses enfants dans les LP publics. Le nerf de la réforme est au contraire bien évidemment budgétaire, chacun dans les salles des
professeurs des LP en est conscient. Mais comme le ministre veut éviter que ce soit trop visible, trop évident, il maquille cet énième plan social et le pare de prétendues vertus pédagogiques à coup de co-intervention imposée, d’AP fourre-tout, d’autonomie accrue des établissements ou de réalisation de chef d’oeuvre. Or, pour
l’instant, le seul chef d’oeuvre que le ministre ait réussi, c’est d’avoir provoqué l’opposition de la grande majorité des PLP ! Qui peut croire en effet que baisser le nombre d’heures des élèves ou dé-spécialiser davantage le bac pro en instaurant des secondes familles de métiers permette de « viser l’excellence » ? Qui peut croire que le
développement de l’apprentissage constitue un progrès pour le service public et va permettre de faire baisser massivement le chômage des jeunes alors que toutes les études montrent le caractère discriminatoire de l’apprentissage ? Qui peut croire que baisser la taxe d’apprentissage pour les LP concourt à en faire des « Harvard du pro » ? Coupes budgétaires, amplification du management, dérégulation, affaiblissement du
service public, voici au contraire la vision que le trio Macron/Philippe/Blanquer porte pour le service public, les jeunes des classes populaires et les personnels qui se démènent pour essayer de leur construire un avenir.

Nous rappelons ici nos revendications d’un plan de recrutement national d’au moins 80 000 personnels titulaires et des maxima de classe à 15 en éducation prioritaire et 20 hors éducation prioritaire, et de la titularisation sans condition de tous les personnels précaires. Ce sont pourtant non seulement de nouvelles suppressions de postes qui sont annoncées par le gouvernement pour l’année prochaine, avec 2650 ETP en moins dans le second degré malgré une hausse démographique prévue, 400 suppressions chez les personnels ATSS, et des créations insuffisantes dans le 1° degré. Mais de surcroît, le gouvernement planifie une régression sociale majeure dans
le cadre d’Action Publique 2022 : généraliser le recours aux contractuels pour généraliser ainsi la précarité dans les services publics, encourager des plans de départs volontaires, étendre la rémunération individualisée et au mérite, affaiblir les prérogatives des commissions Administratives Paritaires, supprimer les CHSCT dans un contexte où l’idéologie managériale produit énormément de casse physique et psychologique sur les personnels, tout cela en dit long sur la guerre sociale que l’Exécutif entend mener contre la fonction publique. Et nous dénonçons la solution-coup de poing qui prévoit d’imposer une nouvelle HSA obligatoire pour compenser ces
suppressions. Ce serait illusoire de croire que ça suffirait, et ça ouvrirait grand la porte à une augmentation générale du temps de travail des enseignants du second degré sans aucune compensation salariale. La CGT éduc’action s’oppose à toute augmentation du temps de travail !

Enfin, nous conclurons sur deux faits qui constituent pour nous des cas de répression antisyndicale. Nous sommes indignés des sanctions demandées contre deux militants syndicaux au LP Denis Papin, à Romorantin, et nous demandons qu’aucune sanction ne soit prononcée contre ces représentants des personnels. Par ailleurs, M. le Recteur, nous souhaitons avoir l’assurance qu’aucune sanction ne sera prise contre tout personnel du LP Bartholdi à Barentin, à la suite du courrier collectif envoyé au président de la République et à son conseiller éducation. Trois ans après le mouvement « Je suis Charlie », il nous semblerait totalement incompréhensible et
grave que les droits des personnels soient restreints en matière de liberté d’expression.


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Lubrizol : 1 an après on oublie pas ! Réunion publique le 25 septembre, manifestation le 26 septembre

mardi 8 septembre 2020

Réunion publique d’information sous chapiteau Vendredi 25 septembre 2020 de 18 à 20h A la Friche Lucien, place Carnot, ROUEN
Jeudi MANIFESTATION Samedi 26 septembre 13h30 Rendez-vous devant : LUBRIZOL (quai de France)

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Ecoles Delaunay en action le 22 janvier 2020 pour revenir en REP+

jeudi 23 janvier 2020

Lors de l’animation pédagogique du mercredi 22 janvier 2020 sur « les élèves à besoins particuliers », les enseignants ont rappelé leur exigence de classer les écoles maternelle Delaunay-Laurencin et élémentaire Sonia Delaunay de Dieppe (Val Druel) en REP+. En effet, elles sont sorties de l’Éducation Prioritaire en 2014 et ont été exclues des dispositifs REP et REP+ alors qu’elles répondent à tous les critères pour être classées en REP+. Son rang (64ème) au niveau académique la situe au même niveau que les écoles de REP+ du Havre ou de Rouen Nord.

Tous les enseignant·e·s des deux écoles sont venu·e·s avec un tee-shirt rappelant leur exigence et ont pris la parole en début d’animation. À l’issue de l’animation, l’urne était disponible pour pouvoir faire voter au référendum d’initiative populaire.

La CGT Éduc’action 76 soutient les collègues dans leurs actions.

Motion de soutien aux salariés de la Chapelle d’Arblay

mercredi 18 septembre 2019

Les camarades de la CGT Educ’action Haute-Normandie réunis en Assemblée générale de rentrée le 16 septembre 2019 à Maromme expriment leur soutien aux salariés de la Chapelle Darblay, menacés de licenciement.
Dans le secteur privé, les fermetures de site et les plans de licenciement se multiplient. Dans les services publics, ce sont les suppressions de postes massives et la dégradation des conditions de travail.
De plus, la réforme des retraites est une attaque contre l’ensemble des salariés.

  • Zéro licenciement !
  • Non à la fermeture des sites !
  • Non à la casse des services publics !
  • Non à la réforme des retraites ! Luttons tous ensemble !

Motion adoptée à l’unanimité par l’AG des syndiqué-e-s CGT éduc’action Rouen

Fusion des académies : j’habite à Evreux, pourra-t-on me nommer à Cherbourg ?

vendredi 13 septembre 2019

La lettre de cadrage pour la fusion des académies de Caen et Rouen certifiait que la gestion des personnels enseignants ne serait pas impacté jusqu’en 2022 (Mais en 2018 on nous jurait que la fusion n’était pas encore décidée). A en croire M. le Ministre, jusqu’à cette ce cas de figure n’existera pas. Mais après 2022 ça devient tout à fait possible pour les personnels du second degré. Le Rectorat a tout intérêt à ce que la souplesse et la mobilité des personnels soient maximales. Et avec l’affaiblissement du rôle des CAPA il sera encore plus compliqué d’influer sur les choix des services académiques, sans oublier que pour les contractuels ce « contrôle » est inexistant.

Une fusion des académies pour fermer des sections !

vendredi 13 septembre 2019

Le Rectorat et la Région Normandie lancent la réflexion pour une nouvelle carte de formation à la rentrée de septembre 2020. Ca ne sent pas bon du tout ! L’académie et la région de Normandie auront, si nous ne faisons pas reculer le Ministère, le même périmètre au 1° janvier. Les filières de formation, frontalières pour le moment, ou seulement identiques, seront à la prochaine rentrée dans la même académie. Ce sera une très bonne excuse pour fusionner et fermer par ci par là et pour récupérer les postes.