CHSCT : illusions du dialogue social, nécessité des résistances collectives et individuelles
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Déclaration lue en séance du 26 février 2019
CHSCT, acte II. Puisque les résultats électoraux obtenus lors du scrutin de novembre-décembre 2018 ont permis à la CGT éduc’action de Seine-Maritime de conserver son siège au CHSCT, nous remercions tous ceux/celles qui ont fait confiance aux militant.e.s CGT et ont permis à notre organisation de continuer à militer pour défendre nos conditions de travail. Nous les remercions d’autant plus qu’il n’est pas évident de choisir un syndicat intercatégoriel, interprofessionnel, de tradition ouvrière et qui, comble de passéisme, inscrit son action dans le cadre de la lutte des classes. Nous répondrons simplement à nos détracteurs que ce n’est parce que la classe dominante et ses défenseurs s’emploient depuis fort longtemps à ringardiser cette description de la réalité que celle-ci n’existe pas.
Nous entamons donc un second mandat dans cette instance traitant de questions cruciales et qui en disent long sur ce qu’est en train de devenir l’Education nationale à l’époque du néolibéralisme autoritaire, incarné actuellement par Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer, parfaits représentants d’une classe de possédants prêts à tout pour défendre les intérêts matériels de leur classe sociale et faire taire les partisan.e.s d’une société authentiquement libre et égalitaire. Prêts surtout à affaiblir toujours plus l’éducation en lui retirant des moyens, se rendant ainsi responsables de la mise en place d’un système moins efficace et justifiant par ce biais les modifications structurelles de celles-ci, voire la disparition de ce service public. Les exemples sont nombreux dans ce domaine en France qu’il s’agisse de la fonction publique d’état, hospitalière ou territoriale. Tout concourt à inquiéter notre organisation syndicale et avec nous, tous ceux qui défendent le service public. Nous savons donc à quoi nous attendre dans ce contexte régressif en siégeant au CHSCT.
Nous savons également que malgré tous nos efforts, les CHSCT restent très mal connus de nos collègues de travail. Comment pourrait-il en être autrement quand le périmètre de cette instance couvre tout un département et environ 23 000 salarié.e.s ? Pour la CGT, il ne faut surtout pas supprimer les CHSCT comme le proposent Action publique 2022, le gouvernement et les adeptes de la régression sociale mais au contraire, créer de vrais CHSCT de proximité, par établissement scolaire dans le second degré et au minimum par circonscription dans le premier degré, et placés sous le contrôle des travailleur.ses de l’éducation.
Plus généralement, nous savons qu’il reste fort à faire pour faire connaître nos droits en matière de santé et pour utiliser les outils permettant de protéger ses conditions de travail : Documents Uniques d’Evaluation des Risques, registres de santé et de sécurité, droit de retrait, démarches pour faire reconnaître un accident du travail, etc. La connaissance de ces droits devrait être rendue obligatoire dans le cadre de la formation initiale des enseignant.e.s.
Nous sommes conscient.e.s enfin de l’adversité que nous aurons à affronter dans cette instance, laquelle ne se situe pas exclusivement dans le camp de l’Administration mais parfois aussi de la part de représentant.e.s syndicaux dits « réformistes » et prêt.e.s à toutes les compromissions pour faire exister leur boutique syndicale et leurs liens privilégiés avec la hiérarchie. Il faudra encore bagarrer, dès cette séance n’en doutons pas, ne serait-ce que pour faire appliquer la réglementation favorable aux salarié.e.s et faire jouer un rôle utile au CHSCT, comme celui consistant à communiquer tout au long de l’année les déclarations d’accident du travail, à procéder aux enquêtes en cas de danger grave et imminent et d’accident de travail ou à faire connaître les fiches consignées dans les registres Santé et Sécurité au Travail.
Malgré ces évidentes limites, nous pensons que le CHSCT constitue néanmoins un levier intéressant. Le CHSCT permet ainsi de mieux faire connaître la réalité du travail dans l’éducation nationale, qu’il s’agisse par exemple du management pratiqué par la hiérarchie (collège Branly, lycée les Bruyères, EREA Dolto…), de l’opacité en matière de pollution de l’air et des sols (établissements de Petit-Quevilly), des conditions parfois désastreuses de l’inclusion d’élèves en situation de handicap, de logiques de restructurations et d’économies d’échelle (école Molière au Havre), de réformes ministérielles imposées contre la volonté des travailleurs.ses et de leurs conséquences néfastes pour leurs conditions de travail. Ce rôle de lanceur.se d’alerte mérite aussi d’être mené : informer pour révolter, dirions-nous pour paraphraser Fernand Pelloutier.
Car rappelons-le, ce n’est pas dans le cadre de ces instances du prétendu « dialogue social » que les travailleurs.ses de l’éducation vont pouvoir vraiment améliorer leurs conditions de travail. Nous pensons au contraire que les salarié.e.s de l’éducation nationale doivent amplifier les actes de résistance, multiplier les luttes de terrain, se prendre en main, individuellement et collectivement, en lien avec l’ensemble du monde du travail, pour renverser le rapport de forces et espérer ainsi reconquérir davantage de bien-être au travail. Ne plus subir, ne plus se résigner et prendre les coups, mais s’organiser pour imposer le contrôle des travailleur.se.s de l’éducation sur une école qui donne les moyens à tous/tes de s’épanouir dans son travail, d’être en bonne santé et de s’émanciper.
En dépit de ces importantes réserves, nous avons bien l’intention d’exercer notre mandat en défendant tous.tes les salarié.e.s en souffrance, en informant régulièrement sur l’action et le fonctionnement de l’Administration, en rendant compte de notre action à l’égard des personnels et surtout en incitant nos collègues à se battre, collectivement et individuellement pour reconquérir le sens de leur métier et leur droit à travailler en bonne santé. Pour ne pas perdre sa vie à la gagner !