PARCOURSUP en LP … Il faut qu’ça marche !
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3 avril 2019, fin du Parcours(sup) du combattant pour les PP de Terminale en Lycée Professionnel ou ailleurs….
Plus encore cette année que les autres, ce dispositif bancale de préparation à la poursuite d’études aura été « l’objectif à atteindre de l’année » au détriment de tout le reste, acquisition des savoirs, préparation d’examen, stages …
Rappelons que l’académie s’est donnée pour objectif de permettre à 80% des lycéens professionnels de poursuivre leurs études, en eussent-ils envie ou pas.
Rappelons aussi que le gouvernement a décidé que Parcoursup, plateforme géniale puisque crée sous Macron après les affres d’APB était le graal, outil parfait qui fonctionne.
La réalité de cette énième façade de communication, c’est plutôt un report de la responsabilité du parcours d’orientation sur les équipes enseignantes et les établissements pour faire fonctionner la machine coûte que coûte. C’est l’éloignement progressif de l’implication des familles et élèves. C’est l’absence maintenant consommée des conseillers d’orientation devenus « Psy EN », totalement absents du processus dans cette phase décisive de la vie de l’élève. Absence compensée par les professeurs sur les heures de cours ou d’accompagnement personnalisé.
Mais Blanquer l’a dit : Pacoursup ça marche ! Ca DOIT marcher !!! C’est notre devise d’ailleurs « en Marche ! » !
Alors foin de l’écologie ! Inondons les participants d’une communication "papier" en flux continu depuis novembre et en provenance de moult sources, ce qui, au final, de par sa masse et par la nature des élèves, n’est pas lue.
Foin des contraintes techniques éprouvées par les élèves et du temps passé pour saisir un vœu ! S’inscrire à Parcoursup c’est entrer dans un magasin IKEA, il faut parcourir tous les onglets pour saisir un vœu, répondre à toutes les questions même personnelles, qui n’ont d’autres visées que d’instruire des statistiques à gogo ! C’est aussi valider et confirmer des vœux en ajoutant à chaque demande une lettre de motivation dont certaines ne seront même pas lues par les établissements d’accueil (Universités notamment) ! C’est avoir une adresse mail acceptée par le portail et communiquer obligatoirement son numéro de téléphone !
Foin des enseignements, des progressions pédagogiques et du ressenti de l’élève ! Mettons une pression institutionnelle non stop sur les établissements et les professeurs, même si cela a pour effet :
1) de déstabiliser les enseignements car une grande partie du temps de cours crucial en janvier (retour de stages, dossiers à faire, cours à avancer ...) se trouve cannibalisé par Parcoursup.
2) de déresponsabiliser les élèves et les familles sur tout ce qui concerne les choix d’orientation et le respect des contraintes calendaires ou techniques liées à Parcoursup
3) de rajouter du stress aux élèves déjà bien tendus sur cette période (janvier février principalement) et de diluer leurs priorités (examen, CCF, ...) au point où ils se sentent perdus et ne savent plus sur quoi se concentrer, au risque de décrocher ou de ne plus rien faire
4) de rajouter du stress aux équipes et notamment aux Professeurs Principaux qui peuvent en être dégoûtés et ne plus vouloir assumer cette tâche.
5) De capter des moyens qui pourraient être utiles ailleurs, car des ressources énormes sont mobilisées à cette unique fin, que les élèves fassent des vœux !
6) "D’obliger" implicitement des élèves à faire des vœux dont certains s’étaient initialement engagés dans des filières pros car courtes.
L’objectif de tout cela semble être de satisfaire des statistiques sociales et une politique du "tout le monde en études supérieures" qui prend appui sur la déprofessionalisation croissante de nos sections , au risque de conduire en BTS des élèves peu motivés, qui s’orientent par défaut. Au risque aussi et c’est déjà engagé, de déprofessionnaliser et réduire aussi les exigences des filières BTS. L’effet suivant sera, et on le voit déjà, "tout le monde en licence pro !" et ainsi de suite ...
Ne serait il pas plus approprié de nous redonner la possibilité de former de bons professionnels et de favoriser leur entrée dans le monde du travail, puisqu’ils en sont capables... ?
Mais là c’est au delà des velléités de l’éducation Nationale et la réforme actuelle de la voie professionnelle nous montre à quel point ce n’est pas un but recherché. C’est au-delà aussi des principes du Président qui se complait dans une France ou les jeunes galèrent pour trouver un emploi, où le chômage permet de réduire les exigences salariales, où l’entrée dans le monde du travail se fait de plus en plus tard et de façon de plus en plus précaire, où on demande pourtant, après lui avoir BIEN savonné la planche, à un individu de travailler plus longtemps et durablement pour obtenir une retraite à temps plein.