bac pro GA, AESH, loi Blanquer, loi Dussopt, répression... : ça ne passe pas !
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Bien que le Ministre s’en défende, c’est au seul nom de la politique d’austérité que l’Education Nationale lance un plan social en GA, avec plus de 1500 suppressions de postes au niveau national et des dizaines au niveau académique. La disparition de cette filière dans de nombreux établissements est programmée à l’horizon 2022. Malgré les annonces d’accompagnement et de bienveillance envers les collègues concernés, faites en groupe de travail et à diverses occasions au CTA, c’est sans ménagement que les collègues ont été avertis. Nous dénonçons la violence avec laquelle ont été faites ces annonces dans les établissements et le manque de réponses apportées à des demandes plus que légitimes de personnels inquiets à juste titre. Que dire aussi de la pression mise sur les enseignants pour donner leur proposition de reclassement dans les plus brefs délais ? M. le Ministre, et vous même au niveau académique, êtes pourtant responsables de cette situation inadmissible, prise sans se préoccuper des collègues et des élèves qui auraient été dans cette filière ni des places en bac pro qui manqueront à l’avenir. Sachant qu’à ce jour aucune alternative n’est proposée aux élèves intégrant cette filière, pour grande partie des filles, nous nous dirigeons sans doute vers un décrochage programmé. La CGT Educ’Action soutient bien entendu les mobilisations des personnels qui s’opposeront à la fermeture du bac pro Gestion Administration.
C’est bien sûr la même logique financière qui est à l’origine des choix de redéploiement des postes d’Assistant d’éducation. Nous dénonçons le barème qui laisserait entendre que des établissements sont sous-dotés. Cet outil n’est là que pour gérer la pénurie, mais ne tient aucun compte de la réalité et des difficultés du terrain, alors même que des personnels, comme au collège Picasso à Harfleur, tentent de vous alerter . Le travail des AED est crucial pour le fonctionnement d’un collège ou d’un lycée, pour lutter contre l’absentéisme ainsi que pour pacifier face à la violence scolaire. Nous ne doutons pas un instant que des établissements soient sous-dotés, et même bien plus que ne le laisse entendre le « barème » académique, et nous demandons la création de postes au lieu d’un redéploiement.
Concernant le dernier point à l’ordre du jour, la convention Education Nationale et Agence Régionale de Santé sur l’école inclusive, nous avons là un bel exemple de « vernis pédagogique » pour justifier une attaque contre les AESH. La mutualisation des AESH au sein des PIALs mis en place de façon expérimentale dans l’académie ne peut qu’aggraver la précarité et la fatigabilité de ces personnels : ils seront plus flexibles, devront assurer des remplacements d’AESH et donc seront confrontés à différents types de handicap, devront effectuer des déplacements. Cela passe par l’augmentation du nombre d’heures travaillées et par conséquent de leur rémunération, et le paiement des frais de déplacement. M. Blanquer n’accorde aucune confiance aux collègues AESH. Alors même qu’il se fend d’une loi sur l’école, il leur refuse un statut et la titularisation, pour leur offrir des conditions de travail encore pires. Nous demandons une augmentation immédiate des salaires des AESH et le paiement des frais de déplacement des aesh qui exercent sur plusieurs établissement, la fin des PIALs dont nous ne connaissons toujours pas le nombre d’implantations dans l’académie, et un statut de fonctionnaire pour les AESH avec la titularisation de tou·tes. Nous nous interrogeons aussi sur le rôle futur de la MDPH dans l’évaluation des besoins d’accompagnement de l’enfant, et sur la qualité de l’intervention auprès des élèves et des familles. Si on peut se satisfaire d’un retour à une gestion départementale des AESH, cela passe par un renforcement en 1er lieu du nombre de personnel administratif pour gérer les AESH. Si la mise en œuvre d’un nouveau logiciel AUSCAR est une bonne nouvelle, il doit nécessairement intégrer tous les AESH qu’ils·elles soient géré·e·s par les nouveaux SPEI ou par les EPLE (AESH HT2). En effet, il n’est pas acceptable que les AESH HT2 soient obligé·e·s d’aller chercher les heures dans les EPLE pour pouvoir travailler. Ainsi comment vont être contactés les AESH hors titre 2 pour leur proposer une fiche de vœux et leur éviter de chercher eux mêmes des établissements pour travailler ? Que vont devenir les salariés en contrat PEC ? Concernant les SDEI, pour la CGT Educ’action, l’urgence n’est pas à faire un état des lieux des personnels disponibles, mais donner des moyens concrets pour permettre aux personnels de travailler dans de bonnes conditions. Ainsi, depuis des années, les enseignants référents souffrent. Le nombre d’élèves qu’ils·elles suivent est trop important. Pour la CGT Educ’action, le nombre d’élèves suivis par les enseignants référents doit être limité à 150 élèves maximum. Cela permettra de mieux accompagner les familles, des enseignants. La CGT Educ’action demande la création de postes d’enseignants référents nécessaires. De même pour les coordonnateurs ULIS, l’urgence est à la création de postes permettant de couvrir l’ensemble des notifications et éviter des déplacements parfois très importants des élèves pour intégrer une ULIS. Cela passe aussi par une nette augmentation des possibilités de départs en formation spécialisée. Par ailleurs, concernant les AESHco en ULIS école nous demandons que leur nombre d’heures travaillées correspondent à minima aux temps de scolarité des élèves soient 24h et la prise en compte des heures invisibles qui sont nécessairement plus nombreuses compte-tenu du nombre d’inclusion pour tendre vers un temps plein. Les élèves d’ULIS étant scolarisés 24h, ils ont droit à un accompagnement sur la totalité de leur temps de scolarisation. Quant à l’engagement de l’accompagnant, si on peut se satisfaire de mieux associer les AESH au sein des équipes, cela passe par une augmentation du nombre de semaines de référence en les passant à 45h comme en laisse la possibilité le décret 2014-127. Par contre, la CGT educ’action rappelle qu’il n’appartient pas aux directeurs d’école ni aux chef d’établissement d’effectuer un entretien d’installation. Le font-ils pour expliquer la mission des enseignants ? Nous rappelons qu’il n’est pas le supérieur hiérarchique. Tout au plus il organise l’emploi du temps des AESH. Là encore, c’est l’absence de statut, de réelle formation qui est le réel problème. C’est dans ce cadre que nous pourrons évaluer la démarche et la qualité de la reconnaissance des AESH et par conséquent de l’inclusion scolaire.
Ces trois points à l’ordre du jour viennent renforcer le mécontentement de l’ensemble des personnels, ce dont M. Blanquer n’a toujours pas pris la mesure. La colère que M. le Ministre a volontairement provoquée avec la réforme du lycée général et technologique et celle du lycée professionnel, les suppressions de postes, la loi Blanquer, la fusion des académies que nous continuons à dénoncer, n’est vraiment pas retombée. L’apparent récent revirement sur l’établissement public des savoirs fondamentaux à mettre au crédit de la mobilisation des personnels ne convaincra que lorsqu’il sera confirmé et ne fait pas oublier le reste de la loi qui a été durcie par le Sénat, et notamment l’article 1 qui impose le devoir d’exemplarité, même si le ministre, en bon communicant, déclare que l’article 1 "ne vise pas à accentuer le devoir de réserve des professeurs". Ces paroles sont contredites par une étude d’impact venant des ses propres services et qu’il ne peut donc pas ignorer, et par l’augmentation de la répression à l’encontre de personnels révoltés par les réformes, les fermetures de classe, les suppressions et qui, dans notre académie, ont été convoqués et sanctionnés pour s’être exprimés contre la casse du service public d’Education.
Connaissant les objectifs de rationalisation des moyens et de casse du statut des enseignants, nous n’attendrons pas la réponse du Ministre pour nous opposer aux articles proposés par le sénat pour instituer une formation continue obligatoire dans le second degré, pour renforcer l’annualisation du temps de service
Les attaques dans l’éducation vont bien évidemment dans le même sens que la réforme de la fonction publique. Le projet de loi Dussopt sur la fonction publique constitue une attaque majeure contre les salarié.e.s de la fonction publique et les services publics, en supprimant en trois ans 120 000 postes et en généralisant le recours aux contractuels, en donnant une plus grande place au mérite, en diminuant les prérogatives des Commissions Académiques Paritaires et en supprimant les CHSCT au lieu de les rendre efficace pour garantir les conditions de travail et de santé des personnels.
Le 9 mai, les personnels de l’éducation étaient nombreux en grève et dans la rue avec l’ensemble des salarié-e-s de la fonction publique. Il ne s’agissait pas d’un clap de fin, loin de là. Pour la CGT éduc’action, le mois de juin est un mois de travail comme les autres. Nous espérons qu’aucune pression ne sera exercée sur des personnels qui, pour être enfin entendus, décideraient d’être dans l’action ou grévistes à des périodes d’examen.
Nous finirons en vous alertant sur la situation à l’EREA Françoise Dolto. Aucune audience n’a été accordée aux personnels malgré une demande datant de février et renouvelée à plusieurs reprises depuis le droit de retrait du 25 février. Le climat de travail fortement dégradé, le management chaotique et le risque très élevé d’accident du travail et d’explosion du collectif de travail mettent toujours les personnels et les élèves en danger. La DSDEN de Seine-Maritime a-t-elle décidé de laisser la situation en l’état, en faisant fi du rapport d’enquête du CHSCT, en ne respectant pas ses obligations de moyens et de résultat en matière de santé et de sécurité ? C’est clairement inenvisageable, ça suffit ! A l’occasion de ce CTA nous souhaitions rappeler notre soutien aux personnels et l’urgence de répondre à leurs revendications.