Blanquer à l’Assemblée Une “révolution copernicienne”

Avant les AESH étaient dans la précarité, maintenant les AESH sont le centre de cette précarité
mercredi 26 juin 2019
par  Luc De Chivré
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Mardi 18 juin 2019, Jean-Michel Blanquer était reçu à l’Assemblée Nationale dans le cadre de la Commission d’enquête sur l’inclusion des élèves handicapé·es dont le rapporteur est le député Sébastien Jumel.
En grande forme, le ministre se gausse d’avoir créé une “révolution copernicienne” dont l’élève serait le centre de l’école inclusive, les différents acteurs et actrices rayonnant autour de lui. Sa phrase choc “Avant tu devais attendre un·e AESH pour aller à l’école ; maintenant, tu vas à l’école, un·e AESH t’attend” omet de préciser la mutualisation à outrance des AESH et la généralisation des PIALs qui feront que l’élève sera un·e parmi tant d’autres du·de la même AESH.
Le ministre nous offre donc une bien pitoyable plaidoirie :
Une “révolution copernicienne” qui prétend que les DASEN vont transformer leur organisation pour la rentrée 2019
Nos remontées des différentes académies montrent que l’organisation de la rentrée est en proie à une réelle panique : une centralisation académique de la gestion administrative pour les EPLE où le personnel s’occupant des contrats n’est pas encore en poste ce qui présage un retard manifeste pour lesdits contrats et paies. Alors que le ministre annonce que tous les AESH seront dorénavant en contrat 3 ans, des renouvellements en contrats d’un an sont encore proposés par les DSDEN.
Des AESH intégré·es dans l’Education Nationale avec un recrutement avant une rentrée préparée ainsi qu’un accueil avec les parents et les élèves. La formation de 60 heures doit être initiale.
Aujourd’hui, aucun·e AESH n’est recruté·e au vu de la rentrée avec proposition de formation en amont.
Avant tu devais attendre un·e AESH pour aller à l’école ; maintenant, tu vas à l’école, un·e AESH t’attend”
Un·e AESH attend l’élève et tou·tes les autres dont elle·il a la charge...Cette vision renforce l’idée que l’AESH, de plus en plus mutualisé·e, est corvéable à merci, à disposition de l’élève au même titre qu’un objet.
La déprécarisation des AESH se traduit par la fin des contrats aidés : les contrats robustes AESH de 3 ans sont une avancée par rapport aux contrats aidés de quelques mois selon le ministre.
Blanquer oublie que les contrats aidés ne se transforment pas tous en contrats AESH.
De plus, nous constatons à ce jour que certaines DSDEN ne renouvellent pas des contrats pour des AESH ayant plus de 3 années d’ancienneté pour éviter de signer des contrats 3 ans et donc des CDI à la clé.

Une ouverture de carrière grâce aux contrats de 3 ans qui débouchent sur un CDI.
Rien de nouveau sous le soleil : les 6 ans débouchant sur un CDI existaient déjà.
La circulaire prévoit même une régression en ne maintenant pas la quotité du dernier CDD lors du passage en CDI.

Les PIALs ont des vertus multiples : une meilleure organisation pour les élèves et les AESH qui donnera plus de temps plein aux AESH.
La soi-disant meilleure organisation n’est qu’une gestion globale de l’accompagnement qui amènera à une rotation des accompagnants de chaque élève ainsi qu’à une multiplication du nombre d’élèves accompagné·es par un·e même AESH. Les AESH auront parfois des déplacements importants entre deux missions ce qui aggravera encore plus leurs difficiles conditions de travail.
Prétendre que les AESH pourront avoir un taux plein au sein d’un PIAL est une baliverne puisque l’amplitude horaire d’ouverture n’est jamais de 35 heures. Blanquer remet aussi sur le tapis le périscolaire “à la carte”, façon de légitimer la précarité et de déprofessionnaliser la fonction d’AESH en les ouvrant à des missions ne relevant ni de leurs compétences ni de leurs attributions.

Les PIALs permettront une plus forte coopération entre institution médicale et Education Nationale.
La MDPH ne sera plus la dépositaire exclusive des notifications puisque le coordonnateur ou la coordonnatrice des PIALs pourra modifier les heures d’accompagnements de l’élève en fonction de l’organisation des moyens et non de ses besoins.
La formation des AESH, objectif majeur selon Blanquer…
La formation de 60 heures reste la référence, le ministre insiste sur la formation des enseignant·es et les modules de 3H AESH et enseignant·es pour un positionnement réciproque. La création de la plateforme CAP ÉCOLE INCLUSIVE serait une bibliothèque permettant à l’AESH de trouver les réponses et les outils en relation avec les besoins du terrain.
Une formation de 60H reste très insuffisante pour un travail qui nécessite de nombreux savoir-faire, de grandes responsabilités et beaucoup de pénibilité.
Des “modules pour un positionnement réciproque des AESH et des enseignant·es” sans module commun ne permet pas aux deux corps de métier d’apprendre à travailler ensemble pour une richesse des échanges et une véritable complémentarité des fonctions. Rappelons qu’il n’existe aucun lien de subordination entre l’enseignant·e et l’AESH, ce sont des collègues.
Enfin, la plateforme numérique n’est en aucun cas une réponse face aux besoins du terrain et à la demande de formation des AESH par des professionnel·les et des pairs.
Blanquer a donc essayé d’embobiner les député·es mais les AESH ne sont pas dupes. Ils·elles savent que leur carrière inexistante n’est que précarité à vie. La persistance du ministre à vouloir vendre un projet de loi basé sur une gestion budgétaire au détriment de l’humain assoit le ridicule de sa fonction et le mépris pour ce personnel consciencieux et au coeur de l’école inclusive. Les AESH connaissent leur valeur, leur travail et peuvent s’honorer d’une lucidité visiblement absente du ministère.
Leur avenir leur appartient par un combat sans relâche, par un positionnement clair pour être enfin reconnu·es aux yeux de toutes et de tous. Loi ou pas loi, balivernes ou boniments, les mobilisations des AESH ne cesseront pas.

Montreuil, le 26 juin 2019


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Mouvement inter-académique des AAE et des SAENES :
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Mouvement à gestion déconcentrés ADJAENES
la pré-inscription se fera du 10 janvier 2019 au 7 février 2019. Le reste du calendrier sera en fonction des académies demandées.

Mouvement à gestion déconcentrés des ATRF
la pré-inscription se fera du 10 janvier 2019 au 7 février 2019. Le reste du calendrier sera en fonction des académies demandées.

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Voici le titre de l’interview de Vallaud-Belkacem au très réactionnaire journal Le Point.
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4 pages spécial Retraités de la FERC

samedi 31 août 2013

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Au sujet des dépenses scolaires…

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Chaque année, à l’approche de la rentrée, on retrouve dans les médias des articles plus ou moins bien renseignés sur les "dépenses de la rentrée des classes". Je les parcours toujours avec un peu d’agacement quand ils mettent en avant les nouveaux cartables, les vêtements, les classeurs, les crayons et les compas, les garderies et les cantines.
Parler de ces frais là, c’est évoquer l’arbre pour cacher la forêt. Les cartables et les compas durent facilement plusieurs années et les vêtements ne me semblent pas être une dépense scolaire : mes filles iraient-elles nues si l’école n’existait pas ? Idem pour la cantine : il faut manger même en dehors de l’obligation scolaire. Admettons pour la garderie des petits. Ce qui m’interpelle, ce sont les frais dont on parle moins et qui pourtant jalonnent bien le parcours scolaire des jeunes.
Lire la suite sur le site de l’Ecole démocratique

Ecole élémentaire : en France, le nombre d’élèves par enseignant supérieur à la moyenne OCDE (Depp)

vendredi 16 août 2013

Selon la revue "L’Éducation natio­nale en chiffres" de la Depp, le taux d’encadrement dans les écoles élémen­taires fran­çaises se situe en des­sous de la moyenne des pays de l’OCDE.
Le taux d’encadrement dans les écoles élémen­taires fran­çaises est en des­sous de la moyenne des pays de l’OCDE, selon la revue "L’Éducation natio­nale en chiffres" éditée par la Depp et parue en juillet 2013.
Dans les pays de l’OCDE, le nombre moyen d’élèves par ensei­gnant était à ce niveau de 15,4, en 2011 contre 18,4 en moyenne en France.

Loire-Atlantique / Rythmes : lettre ouverte des UD CGT, FO, FSU et Solidaires au DASEN et aux 26 maires de Loire-Atlantique appliquant la réforme en 2013

samedi 29 juin 2013

Depuis plusieurs mois, nos organisations syndicales ne cessent de dénoncer la précipitation et les dangers contenus dans la réforme des rythmes scolaires. Si les appréciations de nos syndicats respectifs peuvent diverger sur l’analyse de la loi Peillon et de son volet sur les rythmes scolaires, cela ne nous empêche en rien de partager nombre de points de vue sur les effets néfastes de cette réforme. Les propos volontaristes des municipalités ayant décidé de s’engager dès septembre 2013 dans la mise en œuvre du pan de réforme sur les rythmes ne résistent pas à un l’examen pragmatique. Pour notre part cette réforme relève plus d’un projet politique portant sur la territorialisation de l’École que sur les effets bénéfiques pour les enfants et les familles.
L’intention gouvernementale affiche une volonté de servir la réussite scolaire des élèves. Nous pensons qu’il y a loin du discours à une réalité qui malmène aussi les personnels concourant aux rythmes éducatifs des enfants. Les campagnes de communication politiciennes ne peuvent dissimuler les malaises grandissant autour de la rentrée 2013 précipitée.
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