Non à la privatisation d’Aéroports de Paris.
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Le référendum d’initiative partagée (RIP), c’est quoi ?
Pour la première fois depuis son entrée en vigueur en 2015, la procédure de référendum d’initiative partagée (RIP) a été lancée contre la privatisation d’ADP. La procédure est complexe.
En premier lieu, la proposition de loi référendaire visant à faire d’ADP un service public national a été signée par 248 parlementaires, de gauche comme de droite, sur les 185 nécessaires. Cette proposition de loi a ensuite été validée par le Conseil constitutionnel, contraignant ainsi le gouvernement à suspendre le projet de privatisation.
Est désormais ouverte une période de neuf mois (à partir du 15 juin), au cours de laquelle la proposition de loi doit recueillir le soutien de 10 % des électeurs inscrits, soit environ 4,7 millions de signatures. Il ne s’agit pas encore du référendum, qui ne se tiendra que si la proposition de loi recueille les soutiens nécessaires.
Il s’agit donc d’une étape cruciale pour la tenue du référendum, qui permet de démontrer que les citoyens souhaitent s’emparer de la question de la privatisation d’ADP et être entendus sur ce sujet.
Pourquoi il ne faut pas privatiser ADP ?
ADP est notre bien commun : avec 101 millions de voyageurs en 2017, ADP est la plus grande porte d’entrée du pays. C’est dire si l’enjeu du contrôle de cette structure est stratégique, tant sur le plan du développement économique et social de notre territoire, que sur celui de la sécurité des passagers.
ADP est une entreprise qui rapporte à l’Etat : du strict point de vue budgétaire, la décision de privatiser ADP est incompréhensible. Le groupe a généré 600 millions d’euros de bénéfices en 2018. ADP rapporte beaucoup d’argent à l’État. En bradant ADP, ce sont autant de milliards qui ne financent pas les services publics.
Le fond d’innovation prévu n’a aucun sens économique : le gouvernement dit vouloir investir dans le numérique, par le truchement d’un « fonds de l’innovation » financé en très grande partie par les recettes de la privatisation d’ADP. Mais ce fond pourrait être facilement garanti par ce que rapporte déjà ADP, et ce sur plusieurs années, sans avoir à se priver de recettes futures.
Le précédent de Toulouse-Blagnac : cette privatisation a été qualifiée « d’échec » par la Cour des comptes, qu’on peut difficilement soupçonner de partialité syndicale. Qu’ont fait les nouveaux investisseurs ? Ils ont fait ce que le capital sait faire le mieux : se servir. 100 % du bénéfice a été distribué en dividendes. Les nouveaux actionnaires se sont même servis dans les réserves de l’aéroport pour se rémunérer à hauteur de 16,5 millions d’euros. Ils envisagent désormais de revendre leurs parts, après une plus-value de 70 % en cinq ans. Pas mal.
Alors pourquoi privatiser ?
Depuis 1986, les gouvernements successifs ont privatisé plus d’une cinquantaine d’entreprises. A la clé pour les usagers, c’est la garantie d’une hausse des prix : en dix ans, le prix de l’électricité a progressé de 21 %, et celui du gaz de 66 %. Le prix des péages a quant à lui augmenté plus fortement que les autres prix, en moyenne 1,22 fois plus. « Et en même temps », les sociétés d’autoroutes ont supprimé des milliers d’emplois en automatisant les péages.
Comme leurs prédécesseurs, le président E. Macron et le Premier ministre E. Philippe ne sont guidés que par leur dogmatisme idéologique et la volonté de servir la soupe à leurs très riches amis. En 2005, par exemple, Dominique de Villepin a vendu les autoroutes pour 15 milliards seulement à Vinci, Eiffage et autres. Il a aussi effacé la dette de 20 milliards qui allait avec. Les heureux gagnants font aujourd’hui des bénéfices records. Ils ont remboursé le prix d’achat en moins de dix ans et l’Etat perd 2 milliards de recettes par an.
Avec la privatisation d’ADP, on ira encore plus loin : ce sera une concession de 70 ans et pas de 22 ans comme pour les autoroutes. 70 ans avec les mains libres pour décider de tout, sans se soucier des conditions de travail, de l’aménagement du territoire et des impératifs environnementaux.
Cerise sur le gâteau : l’Etat va investir 35 milliards pour construire le Grand Paris express qui desservira des terrains que possèdent ADP. La vie est belle quand même : l’Etat investit et le secteur privé engrange les bénéfices.
Pour éviter qu’ADP ne devienne un énième cadeau aux plus riches, il est urgent de se mobiliser pour que se tienne un référendum et éviter la privatisation.
Alors que la privatisation de la SNCF se concrétise avec des conséquences dramatiques pour les cheminots, que les services d’urgence sont en grève depuis le mois de mars, que des grèves nombreuses éclatent dans les hôpitaux psy et que l’éducation nationale a vécu des grèves jusque sur le temps des examens, que la loi de transformation publique a été votée en juillet et que celle sur les retraites assombrit l’horizon, fédérer l’ensemble des luttes devient une priorité.
La CGT, avec d’autres organisations syndicales, politiques, associatives, se sont lancées dans la campagne de recueil de signatures contre la privatisation d’ADP. A nous de le faire sur nos lieux de travail.
Nous sommes également conscients que cette campagne, aussi indispensable soit-elle, ne suffira pas à stopper le gouvernement dans son entreprise de dynamitage des services publics des garanties collectives et des retraites. Elle peut en revanche nous aider à construire la mobilisation puissante dont nous avons besoin pour enfin gagner sur nos revendications.
Comment et où voter ? Trois possibilités :
1 - sur le site internet accéder au site
2 - dans les points d’accès,
3 - en remplissant un formulaire papier, qui sera enregistré électroniquement par un agent de la commune (a minima dans la plus grande du canton). Lieux dans le décret. Pour télécharger le formulaire : https://www.formulaires.modernisation.gouv.fr/gf/cerfa_15264.do (le téléchargement s’effectuera automatiquement) ;
4 Quand voter ? À partir du 13 juin 2019 sur une période de neuf mois (12 mars 2020)