Fusion des académies de Rouen et Caen : Ministère et Rectorat veulent passer en force !
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Le Ministère de l’Education a publié le mardi 15 octobre le décret officialisant la création de l’académie de Normandie qui acte la fusion des académies de Rouen et Caen pour le 1° janvier 2020. En prenant cette décision, M. Blanquer va totalement à l’encontre des personnels des deux académies, qui ont largement exprimé leur opposition depuis un an. Et le projet a été appliqué malgré le rejet quasi unanime des organisations syndicales au Comité Technique Ministériel. FO, FSU, CGT, Snalc et CFDT ont voté contre. L’UNSA s’est par contre abstenue permettant ainsi au Ministère d’officialiser la fusion sans même devoir repenser son projet, ne serait ce qu’à la marge.
La Rectrice des académies de Rouen et Caen, Mme Gavini-Chevet, n’a pas non plus perdu son temps. Lors du Comité Technique Académique de novembre 2019 à Rouen et à Caen, elle a présenté un projet offrant la possibilité de réunir conjointement les Comités Techniques et les CHSCT des deux académies dès le 1° janvier 2020, alors même que la mise en place de la fusion devait se faire de manière progressive jusqu’en 2022. Une fois de plus, les élus FO, FSU et CGT éduc’action de Rouen ont exprimé leur opposition mais la Rectrice passera sans doute en force, au mépris des personnels et des organisations qui les représentent.
Les services académiques sont déjà en train de se réorganiser, malgré la promesse ministérielle (qui n’engage que ceux qui y croient) de ne supprimer aucun poste en 2020. Maintenant, la Rectrice veut réunir au plus vite les élus des comités techniques et des CHSCT de Rouen et Caen pour passer un cap symbolique dans la fusion, mais aussi pour pouvoir discuter dès janvier 2020 de la carte des formations et des options à l’échelle de toute la Normandie et profiter des regroupements « frontaliers » possibles ; mais également pour que tous-tes les élu-e-s soient noyé-e-s dans des réunions qui vont très vite devenir de véritables « usines à gaz », notamment lorsque les CHSCT disparaîtront avec l’application de loi réforme de la fonction publique, et que les dossiers santé et prévention de la souffrance seront traités dans les seuls comités techniques qui durent déjà rarement moins de 6 heures. Les Commissions paritaires sont épargnées jusqu’en 2022 puisque la lettre de cadrage du Ministère précise que le périmètre de gestion des personnels enseignants demeure inchangé jusqu’en 2022. Mais leur rôle étant maintenant très largement réduit, ceci n’aura aucune réelle incidence sur le projet de fusion.
Mais M. Blanquer et Mme Gavini-Chevet ont sans doute sous estimé la colère et la capacité de mobilisation des personnels des services académiques qui ont déjà bien secoué les couloirs des deux Rectorats l’an passé. Le Comité Technique académique de Novembre à Rouen a été une fois de plus perturbé par le rassemblement spontané des 60 salarié-e-s, et à Caen ce sont 70 personnes qui se sont également rassemblées. Mme la Rectrice misait sur le découragement après la publication des décrets actant la création de l’académie de Normandie. Dès le 5 novembre, et le boycott du CTA de Rouen, elle a compris qu’il n’en serait rien. La colère des personnels est bien trop forte pour qu’elle retombe d’un seul coup de baguette magique. Bon nombre de décrets n’ont jamais été appliqués ! Les prochaines AG des personnels des services académiques mettra certainement au menu de leurs discussions la possibilité de se saisir de la journée de grève du 5 décembre pour enclencher un mouvement de lutte important dans les services académiques, et aussi l’importance de se tourner vers les autres personnels (enseignants, AESH, contractuel-le-s...) qui pour certain-e-s voient déjà les conséquences désastreuses des nombreuses suppressions de postes d’administratifs et d’une gestion qui sera de moins en moins de proximité.