LE GOUVERNEMENT AU TURBO ET LE MOUVEMENT SYNDICAL AU DIESEL ?
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Le gouvernement s’est convaincu qu’il avait une « fenêtre de tir » pour lancer ses missiles avant les vacances de décembre. L’échec de la grève du 28 septembre et l’absence d’une réaction forte et spontanée des enseignants à l’annonce d’un décret qui va modifier en profondeur nos statuts et nos conditions de travail y sont sûrement pour beaucoup.
Le ministère annonce clairement son intention de boucler les choses rapidement : Un « CTPM » - instance devant laquelle il doit présenter (et pas soumettre) son projet – doit avoir lieu le 4 ou le 11 décembre. Après cette réunion il peut faire passer son décret en quelques jours.
Le but est évident. Le projet doit être applicable en janvier. Son objectif majeur est de supprimer des postes et des heures, pour la rentrée 2007-2008. Il faut donc que ces suppressions soient programmées dans les « DHG » qui seront présentées aux conseils d’administration des établissements dès le début de l’année.
De Robien a donc adopté l’attitude de celui qui n’a rien à négocier, refusant même dans un premier temps de recevoir les 13 fédérations de l’Education nationale qui avaient signé un texte commun rejettant le projet de décret.
Face à cela les fédérations syndicales n’ont pas, c’est le moins qu’on puisse dire, pris le mors aux dents. Report des réunions intersyndicales, rencontres séparées avec le ministère pour finalement attendre un prochain rendez-vous ministériel commun le 29 novembre. Et entre-temps, rien de proposé aux personnels.
Certaines Fédérations, dont l’UNSEN CGT et SUD, ont proposé à l’Intersyndicale nationale d’appeler tous les personnels à une première journée de grève. Les autres fédérations, dont la FSU et FO, n’ont pas retenu cette proposition. L’idée d’une manifestation nationale un dimanche semble avoir les faveurs de beaucoup des fédérations qui se refusent à appeler à une grève nationale dès maintenant.
Dans ces conditions, si les perspectives d’action en restent là, on peut parier que, le 29 novembre, De Robien écoutera d’une oreille très distraite les organisations syndicales et passera tout de suite après à l’application de son agenda.
Cela dit la frilosité de la plupart des fédérations syndicales ne suffit pas à expliquer l’assurance du gouvernement. Les enseignants sont eux-mêmes peu mobilisés et dans une position d’attente. Dans plusieurs Académies (à Lille et Paris-Créteil notamment) il y a eu des manifestations le 15 novembre et elles n’ont rassemblé que relativement peu de monde (de 500 à 1500 personnes). Autre signe de la faible réactivité des personnels en cet automne 2007, le peu de mobilisation autour de la suppression des « ISSR » (indemnités de déplacement pour les personnels-remplaçants, « ziliens » et « TZR » des premiers et seconds degrés). A Rouen le rassemblement du 22 novembre n’a regroupé que de 150 à 200 personnes.
Un peu partout les heures d’informations syndicales réunissent des minorités significatives dans les établissements, mais ne se traduisent pas par des appels à la grève, des décisions concrètes préparant celle-ci. Pas de quoi donc, pour l’instant, susciter un mouvement partant des établissements, des localités ou des académies comme ce fut le cas en 2000 et 2003 par exemple. Pas de quoi non plus désespérer de toute réaction. En 2000 précisément et encore l’an dernier pour le CPE, les mouvements massifs se sont construits après la publication des décrets. La prise de conscience peut se faire lentement avant de déboucher sur un mouvement.
Il vaudrait mieux évidemment que cela arrive le plus tôt possible et c’est à cela que nous devons, à tous les niveaux, tous nous employer.