Déclaration CAPA Certifié-es 11 février 2020 : contestation du rendez-vous de carrière et Avancement accéléré d’échelon
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Texte lu en CAPA certifié.e.s par notre représentante ce 11 février.
Madame la Rectrice,
Les représentant-es des organisations syndicales, élu-es des CAPA, ont refusé de siéger le 28 janvier dernier pour contester l’absence de personnels de direction du rectorat à la première CAPA depuis six mois et « vous permettre de vous organiser » dans un calendrier que pourtant non seulement vous seul-es fixez, et qui de plus, cette année, est réduit à peau de chagrin...
Aujourd’hui, la direction du rectorat est représentée autour de cette table. Nous siégerons donc à une CAPA double puisque la CAPA Avancement accéléré d’échelon a été avancée sans pour autant que l’envoi des documents afférents l’ait également été, nous obligeant à les étudier en 48h ouvrées, ce qui aurait pu être évité.
Cette année encore, des enseignant-es contestent, au-delà du recours gracieux accordé à 81% des requérants initiaux, les appréciations portant sur leur carrière. Ce pourcentage nous interroge sur les motifs de recours, d’autant plus que l’incohérence de l’appréciation finale dans certains cas de recours non satisfaits saute encore aux yeux. L’an dernier, vous aviez fait le choix de n’accorder aucun recours gracieux « par souci de transparence ». Nous estimons que la transparence aurait également dû être de mise pour les recours gracieux satisfaits.
Plus encore cette année donc, faut-il s’attendre à ce que les recours formulés jusqu’en CAPA ne soient pas satisfaits, laissant des collègues dans l’incompréhension et l’écoeurement ? Et que dire des 15 rendez-vous de carrière n’ayant pas eu lieu malgré nos alertes sur la double peine que représente un congé de longue maladie survenant cette année-là ? Dans la même logique, pourquoi le quota de 30% de promus à l’avancement accéléré s’applique-t-il au nombre de promouvables
plutôt qu’à celui des rendez-vous effectifs ?
Malgré les voeux 2019 du DRRH pour « une belle année d’échanges et de dialogue social », cela se déroule toujours à la marge, à cause d’un cadre contraint pour les contestations de rendez-vous de carrière et pour l’avancement accéléré d’échelon, cadre qui, appliqué à nos élèves, ne permettrait pas non plus de tirer le meilleur de chacun-e. Mais ce n’est pas un des buts du PPCR que de motiver les enseignant-es.
Devrions-nous cependant nous réjouir de pouvoir continuer à nous réunir pour étudier les contestations de rendez-vous de carrière ? On ne se rend jamais de gaieté de coeur à un enterrement.
La suppression de toutes les autres instances paritaires s’achèvera en effet cette année, en dépit du souci de justice et d’équité que permettait la transparence propre à ces instances. Mais la justice et l’égalité ne sont pas des buts recherchés par le gouvernement Macron-Philippe-Blanquer, qui se targue de pratiquer le dialogue social lorsqu’il est très fortement contesté - mouvement des Gilets Jaunes depuis l’an dernier, opposition à la réforme des retraites depuis plus de deux mois - alors qu’il n’est que pure mascarade !
Lors de fortes oppositions plus locales, comme à la fusion des deux académies normandes, c’est à un tour de passe-passe qu’il se livre en changeant de meneur de jeu. Droit dans ses bottes, le gouvernement Macron-Philippe-Blanquer reste immanquablement aveugle et sourd aux contestations. Si ce ne sont pas les bottes de la dictature, cela ne ressemble pas au gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. Car le monde ne se divise pas entre démocraties et dictatures, comme l’y a honteusement réduit le président Macron récemment. La palette est large d’un bord à l’autre et ce gouvernement en exploite toute la gamme sans en assumer ni les actes, ni les conséquences.
Si le Président de la République faisait honneur à sa propre définition de la démocratie, il « s’interdirait toute violence ». Or, la violence de ce gouverne-ment ne relève pas du croc-en-jambe, quoi que ses représentants se limitent à l’admettre. Même les médias dominants ne se voilent plus la face.
Et la violence de ce gouverne-ment ne se compte pas qu’en oeil crevé ou main arrachée ! Elle se loge dans le sentiment de toute-puissance de gouvernants qui veulent nous faire croire à la théorie du chèque en blanc du vote démocratique, pour masquer leur assujettissement complice à l’ultralibéralisme. La démocratie, ce n’est pas « Travaille, consomme et ferme ta gueule ».
Le ministre de l’Education Nationale décline pourtant lui aussi cette conception de la démocratie dans son champ d’action, avec le recours à des « solutions » inéquitables pour les candidats au baccalauréat, face à la rétention des notes en juin dernier, et en ce début d’année 2020, par le maintien coûte que coûte de la tenue des E3C, dans des conditions déjà scandaleuses d’impréparation, voire d’improvisation, parfois donc doublées d’un chaos impropre au déroulement d’examens, voire d’une extrême violence. Les lycées prestigieux ne sont pas épargnés par la contestation qui secoue les établissements dans la France entière, preuve s’il en est que l’opposition à la réforme du lycée n’est pas le fait « d’une minorité très vocale » comme l’affirme le ministre. Certains lycéens ont d’ores et déjà déposé des recours en justice pour inégalité de traitement.
Or, dans ce contexte de vives tensions, le ministre met de l’huile sur le feu en prononçant des sanctions contre les grévistes de juin et juillet derniers, et en donnant des consignes très répressives à l’encontre des enseignant-es grévistes et des élèves contestataires. Et pendant ce temps, les recteurs-trices et inspecteurs-trices ont vu leurs primes augmenter…
La CGT Educ’action rappelle que la grève est encore un droit en France, qui plus est
constitutionnel, et qu’aucune sanction ne doit être prononcée contre des collègues grévistes. Les intimidations et les menaces doivent cesser. Ces pratiques relèvent de l’entrave au droit de grève.
C’est pourquoi nous exigeons qu’il soit mis fin à la présence policière et de vigiles devant les lycées, mis fin à la répression à l’encontre des personnels et des lycéen-es engagé-es dans l’opposition aux E3C ainsi que l’annulation complète des E3C pour notre académie.