Reprise le 11 mai : Un pari risqué que la CGT éduc’action 7627 ne veut pas prendre !
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Lors de son allocution télévisée du 13 avril 2020, le Président de la République a annoncé une réouverture des écoles progressive le 11 mai. Lors de son audition le mardi 21 avril 2020 devant la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation de l’Assemblée Nationale, le Ministre de l’Éducation Nationale a présenté son plan de reprise en évoquant une réouverture des écoles le 11 mai pour les classes de GS, CP et CM2 par groupe de 15 élèves maximum et sur la base du volontariat des familles. De même, il évoque une reprise pour les classes de CP et de CE1 en REP et REP+, considérant qu’elles ont des effectifs de moins de 15 élèves par classe (10 en Petite et Moyenne section). Le 18 mai serait la reprise des 6ème, 5ème, et pour les autres élèves la décision est reportée à la fin mai !. Le 25 avril le Conseil Scientifique émettait un avis défavorable à la réouverture le 11 mai des crèches, écoles, collèges et Lycées, proposant d’attendre septembre. Prenant acte de la décision du Président, il préconise des mesures sanitaires fortes et précises.
L’école n’est pas la garderie du MEDEF !
Après un discours guerrier du Président de la République imposant non seulement la fermeture de toutes les crèches, les établissements scolaires, ou les lieux accueillant du public mais aussi un confinement quasi-totale, l’organisation du déconfinement et la décision de réouverture des établissements scolaires le 11 mai a été prise essentiellement pour des raisons économiques et semblent guidée par le MEDEF au détriment de la protection des salariés. Rappelons qu’après des propos qui se voulaient rassurants pour les salariés, les différentes ordonnances ont réduit la protection des salariés en augmentant le temps de travail, diminuant le temps de pause entre deux journées de travail et plus récemment en volant les congés payés pour celles et ceux qui auraient utilisé des ASA « Covid-19 » qui impactera les fonctionnaires. Ainsi, la décision de rouvrir les écoles ne sert qu’à permettre le retour rapide sur leur lieu de travail des salarié-e-s qui n’y ont pas encore été contraints !
Un Conseil Scientifique méprisé !
Alors que le Président de la République n’a cessé de justifier ses décisions par les préconisations du Conseil Scientifique pour imposer le confinement et la fermeture des établissements scolaires, c’est sans le consulter qu’il impose leur réouverture « progressive » ! Or, celui-ci vient de préconiser d’attendre septembre pour la réouverture des crèches et des établissements scolaires. D’ailleurs, de l’aveu même de Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, la circulation du virus Covid-19 est encore à un niveau élevé, même si le confinement a permis son ralentissement. Les réserves des scientifiques sont tout aussi nombreuses. Le risque de relancer une épidémie dont les chiffres démontrent qu’elle est toujours présente sur le territoire est très fort.
Le prétexte de la lutte contre les inégalités scolaires !
La question des inégalités scolaires mise en avant par J.M. Blanquer est bien sûr importante, mais le Ministre ne s’en préoccupait pas mi-mars quand il s’agissait de mettre la pression sur les enseignant·e·s pour qu’elles·ils assurent une continuité pédagogique, là où il était déjà compliqué de maintenir un lien avec l’école. En refusant tout moratoire sur les suppressions de postes, Blanquer sait qu’il va mécaniquement augmenter encore les difficultés scolaires, notamment dans les quartiers les plus populaires. S’il a créé, sous la pression des organisations syndicales et des élus des postes dans le 1er degré, il n’a en rien résolu la situation des écoles qui relèvent de REP ou de REP+ en laissant les DASEN se débrouiller avec les moyens disponibles pour faire au mieux ! De plus, cette dotation exclue de fait tous les collèges et les Lycées qui n’ont aucune dotation supplémentaire, alors que les élèves en difficulté ont tout autant subi le confinement ! Enfin, l’accompagnement des élèves en difficulté nécessite la reconnaissance des AESH, un réel statut dans la Fonction Publique, un temps plein et une formation de qualité. C’est une urgence sociale !
Reprise progressive : Faites votre choix !
Que penser d’une réouverture progressive, laisser au libre choix des familles ! Si les risques de propagation de l’épidémie et les conditions sanitaires sont remplis alors les élèves doivent être présents. Sinon, les établissements doivent être fermées. Laisser le choix aux familles d’emmener les élèves est incompréhensible dans le cadre d’une scolarité obligatoire. Elle est tout aussi anxiogène. Laisser le choix aux familles démontre l’incompétence du gouvernement à gérer cette crise et témoigne de ses incohérences sur ses décisions. De plus, le choix du calendrier de reprise selon les niveaux classes semble plus guidé par des considérations administratives et des règles comptables que sanitaires. Il démontre la totale déconnexion du Ministre avec le terrain ! Enfin, prendre une telle décision avant toute concertation avec non seulement les organisations syndicales mais aussi les collectivités locales marque un réel mépris des représentants des acteurs de terrain !
Des garanties sanitaires indispensables !
La réouverture, même progressive, des écoles, collèges, lycées à partir du 11 mai a toujours paru illogique et semble de plus en plus impossible. Le risque d’infection pour les personnels, les jeunes et les enfants, qui pourront à leur tour amener le virus dans leur famille est réel.
Si le 15 avril, le Ministre de l’éducation a été incapable d’apporter des réponses aux questions simples des organisations syndicales, le Premier Ministre n’en apporte pas plus. Aurons-nous assez de matériel de protection ? Les locaux pourront-ils être désinfectés régulièrement ? Pourrons-nous faire des tests massifs auprès des personnels et des élèves ? Serons-nous en mesure d’assurer la distanciation physique dans les salles de classe, la cour, la cantine... ?
En permettant la reprise pour tous les élèves des écoles maternelles et élémentaires par groupe de 15 élèves maximum dès le 11 mai de façon très progressive pour les familles volontaires, puis à partir du 18 mai pour les collèges, il ne fait qu’accentuer les problèmes et l’angoisse de tous les personnels et des élèves. Qui peut croire à un accueil garantissant la santé des personnels et des enfants par groupe de 15 alors que les maxima pour accueillir les enfants de soignants étaient de 10, ce qui n’était déjà pas sans risque pour la santé ? Comment organiser cet accueil quand le nombre de salles sera nécessairement insuffisant ainsi que le nombre de personnels ? Est-ce aux directeurs, directrices, enseignant·e·s, chefs d’établissement de faire le tri des élèves qui pourront être accueillis face aux demandes des parents contraints de travailler ?
A-t-on résolu les raisons qui ont imposé la fermeture des établissements scolaires ?
La principale raison qui a entraîné la fermeture des établissements scolaires (et le confinement) était de limiter la propagation par les élèves notamment pour ne pas engorger les services de réanimation. Si depuis plus de deux semaines, le nombre de lits de réanimation est à la baisse, il a fallu stopper et réorganiser l’ensemble des services dits « non indispensables » des hôpitaux pour faire face à la pandémie. Mais, le problème reste le même tant qu’il n’y aura pas d’engagement fort pour rouvrir les hôpitaux fermés, pour rouvrir des lits dans les hôpitaux, pour embaucher du personnels qualifiés en nombre suffisants. Rappelons que selon l’Institut Pasteur, 5,7 % de la population aurait été contaminée. La réouverture des établissements scolaires pourrait dès lors déclencher une deuxième vague en l’absence. Dans ces conditions, rouvrir les écoles est un pari plus que dangereux, que la CGT éduc’action 7627 ne veut pas prendre.
Pour toutes ces raisons, la CGT éduc’action 7627 estime que la réouverture des écoles, collèges, lycées ne pourra se faire que lorsque la santé des personnels et des élèves sera garantie. Il apparaît de plus en plus clairement que ça ne peut pas être le 11 mai, et la CGT éduc’action 7627 s’oppose à la décision conjointe d’E. Macron, E. Philippe et J.M. Blanquer.
La CGT éduc’action 7627 appelle à signer et à diffuser la pétition intersyndicale académique.
La CGT éduc’action appelle l’ensemble des salarié-e-s à prendre les devants en relançant sans attendre le travail militant pour porter à la fois notre opposition à une réouverture prématurée des écoles et nos revendications en termes de protection
en multipliant dès maintenant les discussions entre collègues pour envisager les possibilités de lutte (opposition dans les CHSCT, conseils d’administration, CHS des collèges et lycées, conseils d’école indispensables avant toute réouverture, droit de retrait, grève...) et discuter de la reprise.
La CGT éduc’action a déposé des préavis de grève et le refera à partir du 11 mai. Elle soutiendra tous les collègues qui exerceront leur droit de retrait tout comme celles et ceux qui choisiront de garder leurs enfants chez eux. Elle appelle les personnels à ne ne prendre aucun risque pour leur santé et celle des élèves.