Le fanatisme religieux contre la laïcité.
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C’est la tristesse qui prédomine suite à l’assassinat de notre collègue, Samuel Paty. Nos pensées vont à sa famille et à ses proches, à ses collègues et à ses élèves.
Mais c’est aussi la colère devant le terrorisme qui se réclame de l’islam. A travers Samuel Paty, c’est l’École qui est visée. Elle représente ce que les islamistes, comme tous les intégristes, détestent : la liberté d’expression, le savoir, la connaissance, les livres, la science, le débat, l’apprentissage du libre arbitre, l’acceptation de la critique, la résolution pacifique des désaccords. On a bien affaire à une attaque contre nos principes démocratiques.
L’École a besoin du soutien de tous. Mais d’un soutien sincère, pas celui de ceux qui s’emparent de la laïcité pour maquiller leur discours xénophobe et raciste. Ils salissent le principe de laïcité, brouillent le paysage politique qui est déjà très confus et stigmatisent l’ensemble de nos concitoyen-n-es de confession musulmane. C’est révoltant et dangereux.
La réponse judiciaire est nécessaire mais ne résoudra pas les problèmes de fond. Et elle ne peut se faire que dans le cadre du droit. Pas besoin de créer de nouvelles lois liberticides. L’arsenal juridique existe déjà. Donnons plutôt les moyens à la police et à la justice de faire leur travail correctement face à la menace terroriste
En revanche, si nous voulons que la laïcité soit mieux comprise et acceptée, les promesses de liberté, d’égalité et de fraternité doivent être des réalités pour tous, notamment dans les territoires abandonnés par l’État. Nous avons besoin d’une politique sociale ambitieuse, en matière d’école, de santé, d’accès à l’emploi et à l’énergie. Les services publics sont les outils de ce processus vers l’égalité.
L’École n’a pas de besoin d’hommages ou de coups de communication. Elle a besoin d’un engagement réel et à long terme, en termes d’emplois statutaires et de moyens.
- Nous réaffirmons notre volonté de défendre la liberté d’expression, la laïcité et la liberté pédagogique.
- Nous refusons la division et la stigmatisation selon les origines sociales, la nationalité, les appartenances religieuses.
- Nous refusons toute instrumentalisation de la colère des personnels.
- Nous exigeons un réel soutien de la part de la hiérarchie lorsque des personnels sont menacé·e·s et attaqué·e·s.
- Nous revendiquons des mesures et/ou des moyens pour améliorer le climat scolaire et rendre ainsi aux établissements et écoles la sérénité nécessaire pour permettre la réussite scolaire de tous les élèves.
Nous appelons les collègues à ne surtout pas rester seul·e·s et à se tourner vers l’administration et les organisations syndicales lorsqu’ils/elles sont confronté·e·s à des remises en cause de leur enseignement.
Rouen, le 29 octobre 2020