CTSD 76 du 12 novembre : déclaration de la CGT éduc’action
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Monsieur le Directeur académique,
Le gouvernement et le ministère de l’Education nationale mettent la santé de 12 millions d’élèves et des personnels en danger. De nombreux scientifiques avaient alerté le gouvernement et les autorités de santé publique dès la sortie de la première vague de l’épidémie du risque fort d’une deuxième vague à l’automne. Or, à cette rentrée en septembre le ministre a fait le choix irresponsable d’ouvrir tous les établissements scolaires avec des classes entières, comme si de rien n’était - pour une rentrée normale. Pourtant, des études sérieuses récentes dans des pays différents, comme celle du professeur Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à l’université de Genève, montrent que l’école serait une vecteur de propagation important du covid 19.
En Italie, des dizaines de milliers d’enseignants ont été embauchés pour dédoubler les classes. Et en France ? Toutes les suppressions de postes ont été maintenues et les classes restent très chargées, voire surchargées dans de nombreux établissements scolaires, de la maternelle au lycée, à cette rentrée.
Dans les collèges de Seine Maritime, la situation à cette rentrée est désastreuse, même sans parler de la crise sanitaire : des classes allant jusqu’à 30 élèves, un manque flagrant de personnel de vie scolaire, des agents techniques et ouvriers épuisés car en sous-effectif chronique, d’innombrables situations présentant de gros risques pour la santé de tous (pause médidienne sans distanciation suffisante, sans aération suffisante, sans plexi, cours d’EPS pathogènes, entassement dans les couloirs ou les cours de récréation, etc.).
Des milliers d’heures supplémentaires (HSE) sont distribuées dans les collèges pour financer devoirs-faits au lieu de transformer ces heures en heures postes permettant l’ouverture de nombreuses classes. Environ 700 HSE correspondent aux heures postes nécessaires pour ouvrir une classe. De même pour les HSA : leur nombre important contribue aux suppressions de postes ou empêche les créations de postes. Cette politique interroge, mais a une raison simple : le ministère préfère nettement des heures supplémentaires car elles sont moins coûteuses. Le ministère a donc créé une jolie façade avec devoirs-faits pour cacher des inégalités scolaires grandissantes dues en grande partie aux classes surchargées.
Et l’intérêt pédagogique dans tout cela ? Suite au premier confinement, la rentrée en septembre aurait dû être préparée dans un esprit de réduction massive des effectifs par classe avec une embauche massive d’enseignants pour permettre aux élèves en difficulté de se raccrocher à nouveau aux apprentissages, pour permettre aux enseignants de procéder à une remise à niveau de tous les élèves et d’enseigner dans des conditions correctes.
La CGT Enduction considère que la question des moyens, des effectifs par classe est un élément essentiel de la réussite des élèves et revendique toujours 15 élèves par classe en Éducation prioritaire et 20 élèves par classes hors-EP.
Dans cette période de crise sanitaire, la réduction massive des effectifs est le minimum pour protéger la santé des personnels, des élèves et de leurs familles. Le dédoublement doit être généralisé de la maternelle au Lycée.
Et dans le premier degré ? A chaque "reprise" de l’école, son drame. Et à chacune de ces reprises le ministère nous impose des conditions infernales. A chaque fois, les parents ont été prévenus par la presse, plusieurs jours avant que les directeurs d’école ne reçoivent leurs consignes. A chaque fois, les contraintes sanitaires ont été cachées au grand public mais imposées aux directeurs, avec des délais intenables pour s’organiser correctement. Nous espérons que le Ministère et le grand public sauront mesurer l’ampleur du désastre de la communication vers les écoles, l’étendue de la solitude des directeurs d’école et le total mépris pour les personnels et les élèves sur le terrain à qui l’on fait courir de gros risques.
La CGT Éduc’action exige des moyens immédiats pour que les conditions de travail des directeurs·trices s’améliorent, un temps de décharge suffisant pour les directeurs ·trices et les équipes pédagogiques, l’abandon de toutes les tâches administratives inutiles et inappropriées, des postes administratifs Fonction publique d’État dans toutes les écoles et une augmentation des rémunérations et des bonifications indiciaires.
De plus, le nombre de situations d’isolement des personnels vulnérables, cas contacts ou avérés au COVID, augmentent. Le nombre de remplaçants ne permettent plus de répondre à cette situation, malgré les reports de formations, le gel des journées de pondération ou encore les demandes insistantes faites aux membres du RASED d’effectuer des missions de remplacement.
Pour la CGT Educ Action, il est évidement impératif de maintenir le lien éducatif avec les élèves dans le 1er degré. Mais le système scolaire n’est pas hermétique au virus et le protocole dit renforcé n’est pas à la hauteur, à l’image du ministre. Le mettre en place « si possible » signifie ne pas l’appliquer dans bien des cas ! Il faut une adaptation immédiate du système scolaire à la circulation intense du virus avec une organisation en jauge réduite et des demi-groupes qui ne se brassent pas entre eux. Pour sortir de la cacophonie ambiante, un tel protocole sanitaire doit être applicable à tout le système scolaire.
Depuis mars, aucun investissement, que ce soit en termes d’emploi ou de matériel de protection, n’a été fait dans l’Éducation Nationale. Au contraire, des masques textiles peu protecteurs voire potentiellement toxiques comme ceux de la marque DIM ont été distribués à tous les personnels dans les établissements scolaires.Il en est de même pour des lingettes désinfectantes, du gel hydroalcoolique… Le ping-pong entre l’État et les collectivités locales tout comme le « autant que possible » n’est plus acceptable.
Cette politique risque fort d’aboutir à court terme au choix cruel de devoir fermer complètement des écoles, collèges et lycées pour endiguer l’épidémie, alors que l’absence d’école est très préjudiciable pour nos élèves et creuse davantage les inégalités scolaires et sociales.
La CGT Educ’action ne veut pas de cette fermeture des établissements scolaires et revendique qu’un minimum de mesures soit appliqué dès maintenant :
- dédoublement des classes systématique partout, de la maternelle au lycée
- création de postes pour permettre de dédoubler des classes, veiller à limiter le brassage d’élèves et faire respecter les gestes barrières
- des masques protecteurs, gratuits et aux normes (FFP2 et chirurgicaux)
- du personnel d’entretien supplémentaire pour aérer correctement et désinfecter les locaux, le matériel et le mobilier, et assurer de bonnes conditions sanitaires dans les restaurants scolaires
- dépistage massif et régulier dans tous les établissements scolaires avec des tests fiables
- suppression du jour de carence
Depuis le début de l’épidémie, la CGT Educ’action s’oppose à cette politique irresponsable et dangereuse. Les mobilisations et grèves nombreuses partout en France depuis le 2 novembre ont forcé le ministre à reculer et ont permis aux lycées de dédoubler les classes, mais toujours sans moyens supplémentaires. La grève nationale dans l’Éducation nationale le 10 novembre montre que la colère reste très forte. La CGT Educ’action continue la lutte pour le dédoublement systématique partout, aussi dans les écoles et collèges, et pour des conditions sanitaires correctes dans tous les établissements scolaires.
L’Education et la santé des élèves et des personnels valent plus que les profits du CAC 40.