Comité Technique Académique du 26 novembre : déclaration de la CGT éduc’action
par
popularité : 9%

Madame la Rectrice,
pour commencer ce CTA, nous dénonçons l’opacité qui perdure concernant les contaminations d’élèves et de personnels de l’Education Nationale. Certes plusieurs chiffres ont été communiqués, mais ils reprennent, semble-il, les seules remontées effectuées par les chefs d’établissement ou directeurs/trices d’écoles. Et sur le terrain, alors même que le protocole oblige à prévenir l’ensemble des personnels, ça n’est pas toujours le cas. De plus, les chiffres de l’Education Nationale, et notamment de l’académie Normandie, ne correspondent pas à ceux de « Santé publique France ». Par exemple, vous avez annoncé le vendredi 6 novembre 103 élèves positifs sur la semaine précédant le 6 novembre. Or, dans la région, selon Santé publique France, 305 enfants de 0 à 9 ans et 1262 jeunes de 10 à 19 ans, prélevés la semaine du 26 octobre au 1er novembre, ont reçu dans les jours suivants un résultat positif. Soit un total de 1 567. L’écart est énorme ! Alors que des études sérieuses évoquent l’importance de l’ouverture des lieux scolaires dans la diffusion de l’épidémie, comme celle du professeur Antoine Flahaut, de l’Institut de santé globale à l’université de Genève, ce manque de données précises nous interroge grandement.
Nous sommes également inquiets de voir que le Ministère laisse traverser toute la période de confinement en donnant si peu de moyens, qu’ils soient humains ou matériels, de lutter contre l’épidémie et de garantir de bonnes conditions sanitaires dans les écoles, les établissements, les services. Les dédoublements de classe sont soumis au bon vouloir des chefs d’établissement dans les lycées, et rien n’est fait pour les collèges et les écoles ; aucun dépistage régulier des personnels et des élèves n’a été effectué, les produits de protection contre la COVID 19 sont toujours à la charge des établissements, le protocole déjà très insuffisant est la plupart du temps inapplicable, faute de moyens suffisants. Peu de choses ont été anticipées pour l’allègement puis la sortie du confinement. Et rien n’est prévu à long terme. Le recrutement de contractuels dans le premier degré est insuffisant, et il n’est là que pour assurer les remplacements alors qu’il faudrait envisager des effectifs de classe allant de 10 à 15 selon la circulation du virus et pour prendre en compte les classements en éducation prioritaire, à la fois pour des raisons sanitaires mais aussi pour des raisons scolaires. Et le recours à des emplois contractuels n’est pas acceptable. Nous avons besoin de recruter des titulaires pour améliorer le conditions d’enseignement, et pas de personnels « kleenex » que l’administration « jettera » dès que les ASA seront supprimées. Il faut titulariser et former les personnels qui seront recrutés.
C’est la même insuffisance en nombre de recrutements pour les AED. Les Assistants d’éducation sont à bout. Ils doivent faire plus de surveillance, assumer des responsabilités liées à la gestion des cas contact ou des élèves COVID +confirmé.e.s, avec souvent moins de personnels. Mais le manque de surveillants était déjà là avant la crise sanitaire et il est essentiel d’avoir des recrutements à long terme, et pas des contrats « bouche trou » de 2 à 3 mois. Il faut créer des postes supplémentaires d’assistants d’éducation. Nous soutenons pleinement la journée de mobilisation des Assistants d’éducation du 1° décembre.
Et quid des personnels du second degré, des AESH ? Ces personnels ne seraient donc pas malades, ni en ASA ? Nous voulons de vrais moyens pérennes, et pour l’ensemble des personnels de l’éducation (enseignants, infirmières/infirmiers, médecins scolaires, PsyEN, AESH, assistant-e-s sociales/sociaux, etc.) ainsi que pour les agents territoriaux. Nous appelons les personnels à manifester samedi 28 novembre, dans un cadre intersyndical, pour obtenir ces moyens, mais aussi pour obtenir le dédoublement des classes de l’école au lycée, le matériel de protection, la fin du jour de carence pour arrêt maladie, le renforcement, par les collectivités territoriales, des équipes de personnels techniques et ouvriers pour le nettoyage des établissements et la cantine.
Concernant les documents reçus, les collègues n’ont pas besoin d’autant de chiffres pour voir que la situation s’est encore dégradée. Avoir dès septembre des effectifs de classe fortement allégés et le recrutement correspondant aurait été un signe encourageant, mais il n’en a rien été. Au contraire, puisque dans le second degré les suppressions de postes ont bien été confirmées, et 1800 autres suppressions sont à prévoir au niveau national pour la prochaine rentrée. Quant au premier degré, nous faisions déjà le constat que la dotation supplémentaire ne répondait qu’à la mesure de sauvegarde pour les écoles rurales, mais n’était toujours pas suffisante pour répondre aux besoins des classes surchargées d’une part ni aux moyens de remplacements insuffisants en temps normal mais accentués en cette période d’épidémie. Le total, après une mesure ajustée et un joli tour de passe passe, est encore plus insuffisant.
Sur toutes ces données compilées dans ce bilan, il nous semble important de s’arrêter sur les chiffres de l’enseignement professionnel et la baisse des effectifs en lycée professionnel, et que le Ministère, et aussi le Rectorat, remettent en question les choix qui sont faits. Concernant le recrutement à l’issue de la 3ème, avec 36.261 voeux d’orientation vers l’enseignement pro, il y a 3 fois plus de candidats que d’admis, avec seulement 10.302 admis pour 11.019 places. Cela signifie que plus de 20.000 élèves sont orienté.e.s en lycée général et technologique à reculons. Et pourtant, alors même que nous devrions augmenter les capacités des lycées professionnels pour ne pas avoir une orientation contrainte, le chiffre de 717 places vacantes sera sans doute mis en avant pour justifier les futures suppressions de postes ou de filières. De plus, alors que 1503 élèves ont demandé à être réorientés en voie professionnelle à l’issue d’une seconde GT, seuls 318 ont obtenu satisfaction. Enfin rien ne justifie que les demandes d’orientation vers l’enseignement professionnel privé bénéficient d’un taux de satisfaction de 87,35% alors qu’il n’est que de 57,7% dans le public
Si on veut faire de la voie professionnelle une filière d’excellence, ou éviter qu’elle ne soit un ghetto de l’échec scolaire, il est indispensable d’avoir de bonnes conditions d’enseignement avec des effectifs allégés et des créations de postes, des plateaux techniques de qualité, un vrai service public détaché des intérêts patronaux. Il est également indispensable de revenir sur la réforme de la voie professionnelle qui, en plus de permettre des suppressions de postes, met à mal la qualité de la formation des lycéens.
Nous tenons également, dans cette déclaration, à faire part de nos profondes inquiétudes sur l’autoritarisme grandissant du gouvernement qui fait de la répression policière et/ou anti-syndicale, une véritable arme contre les opposants à la politique qu’il mène. Les jeunes subissent la violence policière mais aussi des sanctions lorsqu’ils manifestent pour leur avenir ou leur santé. Les personnels de l’éducation subissent la même répression anti-syndicale ou anti-opposition. Après les « 4 de Melle » dont nous demandons une levée immédiate des sanctions, d’autres Recteurs entament à leur tour un processus disciplinaire contre des enseignants mobilisés contre les E3C. Nous demandons à ce que ces poursuites cessent immédiatement.
Le gouvernement accentue également sa répression à l’encontre des journalistes et cherche à la légitimer dans la loi de sécurité globale qui étend les mesures de surveillance dans les manifestations, tout en interdisant de fait la diffusion d’images de violence policière. Les actes de certains policiers pour empêcher le travail journalistique, couverts ou passés sous silence par la hiérarchie, existaient déjà, mais depuis la discussion sur la nouvelle loi de sécurité ils se sont amplifiés. Avec l’article 24 de la loi, le gouvernement se dote d’un outil supplémentaire pour empêcher toute diffusion d’images de violence policière. Nous demandons l’abandon de la loi de sécurité globale.
Enfin, nous faisons plus confiance à Mediapart et Libération qu’à M. Blanquer, et tout naturellement nous prenons très au sérieux les révélations sur le syndicat « Avenir lycéen » sans être convaincus par les propos du Ministre de l’éducation à ce sujet. Il est normal d’attendre la confirmation des faits révélés et étayés, et nous espérons qu’une commission d’enquête parlementaire et que la justice feront toute la lumière sur les agissements du ministère et de M. Blanquer. Il serait bien sûr inadmissible qu’il y ait eu le moindre de détournement de fonds publics, et d’autant plus pour manipuler des lycéen.ne .s et attaquer la démocratie dans les lycées en « suscitant » la création d’un syndicat. Et le faire, alors même que le Ministère mène une inadmissible campagne de répression contre les jeunes et les personnels qui ont manifesté leur opposition à la catastrophique réforme du lycée, ne fait que rajouter à l’intolérable impression que la liberté d’expression est attaquée.