Remplacement des AED : hyperprécarité et désorganisation
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Grâce aux importantes mobilisations des assistant.e.s d’éducation le 10 novembre, auprès des autres personnels de l’éducation, et suite à des mouvements de grève spécifique dans certaines académies, le Ministère a annoncé des créations d’emploi d’AED pour les remplacements. Ces annonces n’ont convaincu personne, et pas du tout les assistant.e.s d’éducation qui ont répliqué par une première grève nationale des vies scolaires le 1° décembre.
Il faut dire que les proposition sont au ras des pâquerettes. L’académie Normandie s’est vu attribué 331 équivalents temps plein supplémentaires (182 pour le périmètre de Rouen). Sur le papier, pourquoi pas ? Mais ces moyens sont très temporaires puisque le terme est au plus tard le 19 février. De plus, il s’agit de moyens extrêmement précaires, encore plus précaires que les contrats classiques d’assistants d’éducation. Les personnels recruté.e.s le sont uniquement à la mission. Il est donc tout à fait possible de faire quelques jours dans un endroit, puis quelques jours autre part à l’autre bout de l’académie. Et il est aussi tout à fait possible de ne pas être réemployé.e ! Non seulement, la période jusqu’au 19 février ne garantit rien de stable sur l’année pour les Assistant.e.s d’éducation, mais la période d’embauche n’est même pas garantie, ni non plus la quotité horaire. Après quelques questions des différentes organisations syndicales, dont la CGT, la Rectrice a fini par admettre lors du Comité Technique Académique du 26 novembre, qu’il ne s’agissait pas de créations de postes mais simplement d’un nombre d’heures disponibles. Elle a aussi reconnu, en s’en plaignant à demi, que pour le moment le recrutement était compliqué. Et il le sera forcément avec des emplois lance pierres qui n’assureront sans doute pas le statut d’étudiant.e.s salarié.e.s pour les jeunes qui pourraient être malgré tout intéressé.e.s.
Rien n’est prêt sur le terrain
Ce mouvement d’annonce n’a pas passé non plus l’épreuve du terrain lorsque le 7 décembre, au collège Alain à Maromme, toute la vie scolaire a été placée en isolement pour au moins une semaine suite à une confirmation de cas de COVID. Alors même que personnels et parents d’élèves supposaient qu’un vivier de remplaçant existait et qu’en quelques heures des assistant.e .s d’éducation à minima formé.e.s seraient nommé.e.s en remplacement, l’Inspection académique à très « généreusement » autorisé le chef d’établissement à recruter 3 personnes. C’est non seulement bien peu au regard des 7 AED en poste quotidiennement, mais de plus, alors même que l’établissement était en pleine crise c’était au Principal de gérer l’urgence du recrutement, et aussi leur formation expresse.
L’Inspection académique a une nouvelle fois fait le pari que tous les autres personnels assureraient bon an mal an le travail de surveillance. C’était sans compter sur la détermination des enseignant.e.s, des AESH, des assistant.e.s pédagogiques qui ont dès le lendemain adopté, à l’unanimité de l’Assemblée générale, une motion pour refuser de faire le remplacement des AED et pour pointer du doigt la responsabilité du chef d’établissement et de l’Inspection Académique qui refusaient toute fermeture temporaire de l’établissement alors que la sécurité était loin d’être garantie. Cette position unanime a mis sous pression l’Inspection Académique qui dans la journée a proposé à des AED des établissements voisins de faire des heures supplémentaires pour permettre au collège Alain d’avoir 5 à 6 AED chaque jour, jusqu’au 18 décembre.
Pour la CGT éduc’action, il ne fait aucun doute que ce n’est pas aux autres personnels que les Assistant.e.s d’éducation ou les CPE de faire le travail indispensable de vie scolaire. Depuis la rentrée de septembre, les AED, en se mettant en grève, ont alerté le gouvernement sur la dégradation de leurs conditions de travail et sur l’absence de capacités de remplacement. Il serait plus que temps d’entendre leurs revendications.