Lycées Maupassant-Descartes : les collègues renouent avec l’action collective, et ça paye

jeudi 7 janvier 2021
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Chacun a encore forcément en tête le contexte terrible de la rentrée du 2 novembre 2020. L’attentat contre Samuel Paty a bouleversé toute la profession et à Fécamp, une manifestation réunit environ 1000 personnes le samedi 24 octobre. A cela s’ajoute l’inquiétante recrudescence des cas de Covid dans la population et la perspective de la fameuse deuxième vague épidémique.

Dans ces conditions, la plupart des collègues sont donc à la fois angoissés et en colère à l’idée de reprendre la travail. Il faut dire que Blanquer vient de trahir sa promesse d’une matinée banalisée et cadrée nationalement pour faire suite à l’attentat islamiste. De plus, face à l’épidémie de Covid, 2000 personnes, adultes et élèves, fréquentant quotidiennement la cité scolaire vont devoir s’entasser dans des bâtiments structurellement surdensifiés et prendre des risques pour la santé de tous.tes. Inacceptable.

Déterminée à ne pas se laisser faire, la section syndicale CGT lance la discussion sur les boîtes mail académiques du lycée, trois jours avant la rentrée. S’ensuit une avalanche de mails de la part des collègues qui expriment leur indignation face l’irresponsabilité et aux revirements de l’Administration.

Lundi 2 novembre, à 7h30, une AG se tient en salle des professeurs, à l’initiative de la CGT éduc’action, et réunit plusieurs dizaines de collègues. Que fait-on, se demandent les collègues ? La discussion s’engage, les collègues hésitent, partagés entre volonté de marquer le coup et scrupules à l’idée de ne pas prendre leurs élèves. Finalement, la grande majorité des présents décident de débrayer et vont à la rencontre du chef d’établissement. S’engage alors une heure de discussion assez tendue, point de départ de deux jours de réunions et, disons-le, de négociations au cours desquelles les collègues vont collectivement tirer profit d’un rapport de forces qui leur est favorable : assemblée générale plénière le lundi soir avec banalisation de la dernière heure de cours mais dialogue de sourds face au blocage du chef d’établissement ; convocation d’une réunion en urgence le lendemain matin entre les élus au CA et la direction de l’établissement, sous grosse pression et affaiblie par la réunion du lundi soir ; et surtout, banalisation du mercredi matin, arrachée la veille par la section CGT et les élus au CA, pour proposer un autre fonctionnement de l’établissement face à la crise sanitaire.

Tout se joue au cours de cette matinée du mercredi matin, au cours de laquelle les collègues s’organisent collectivement et imposent à la direction un fonctionnement plus adapté à la situation sanitaire, dans l’intérêt de tous.tes, adultes et élèves : réduction de moitié du nombre d’élèves présents au lycée ; mise en place d’une alternance, avec présence en cours une semaine sur deux et travail à la maison l’autre semaine (la semaine s’étalant du jeudi au mercredi midi pour chaque élève et non du lundi au samedi, ce qui permet ainsi que chaque élève vienne au lycée chaque semaine). Concernant le risque de double travail (cours en présentiel et distanciel), les collègues décident de privilégier les supports de travail traditionnels, photocopies et manuels, charge à chaque enseignant de donner le travail à effectuer pour la semaine où chaque élève travaillera en autonomie à la maison. Bref, le bon sens l’emporte et cela permet d’éviter un reconfinement total. Finalement, vendredi 6 novembre, le rectorat fait savoir à la direction du lycée que le projet est accepté et que la nouvelle organisation se met en place dès le 9 novembre.

A l’issue de ces cinq jours de mobilisation, les collègues sont soulagés et constatent que leur action a porté ses fruits. Cela permet également aux PTL (personnels techniques des locaux) de réduire la surcharge de travail qu’ils subissent, liée à la désinfection des locaux. Dans la section syndicale CGT, les militants ne boudent pas leur plaisir d’avoir

contribué à mobiliser leurs collègues : les travailleurs de ce lycée ont enfin redressé la tête et ça faisait longtemps.

Certes, d’autres facteurs, indépendants de l’action des collègues de Fécamp, ont joué un rôle important, comme cette vidéo d’une foule d’élèves se pressant dans les locaux du lycée le 2 novembre, prise par un élève, largement relayée sur les réseaux sociaux et qui a mis une forte pression sur la direction du lycée, les élus locaux et le Rectorat. Le contexte national a joué également puisque côté enseignant, des mobilisations locales (grève, droit de retrait, débrayages) ont eu lieu sur tout le territoire, et côté élèves, les mobilisations lycéennes commençaient à prendre de l’ampleur et à inquiéter le gouvernement.

Bien sûr, la situation est loin d’être parfaite et de nombreuses situations constituent toujours des facteurs de contamination potentiels (repas en collectivité, cours d’EPS, transports scolaires, pause cigarette, aération insuffisante des locaux, élèves ou adultes enlevant le masque, etc.). Mais les raisons d’être satisfaits ne manquent pas, comme celle d’avoir vu les collègues se prendre en main collectivement, de construire en commun leurs revendications, d’avoir surmonté leurs divisions. Sans compter la saveur particulière du mercredi matin, celle d’une atmosphère d’autogestion, de démocratie directe qui montre à tous.tes que lorsque les salariés se prennent en main, ils peuvent réussir à s’imposer face à une Administration qui a pour habitude de fonctionner de manière verticale, autoritaire et arbitraire.

Ajoutons à cela le bonheur pour les collègues, en particulier ceux du LGT habitués aux classes de 35 élèves, de faire cours systématiquement à des classes d’une quinzaine d’élèves, voire moins. Cela aussi, ce n’est pas anodin, surtout si ça peut donner des idées aux collègues et l’envie de se battre pour mener la bagarre, cruciale, de la réduction des effectifs par classe... Le combat continue.


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Brèves

Lubrizol : 1 an après on oublie pas ! Réunion publique le 25 septembre, manifestation le 26 septembre

mardi 8 septembre 2020

Réunion publique d’information sous chapiteau Vendredi 25 septembre 2020 de 18 à 20h A la Friche Lucien, place Carnot, ROUEN
Jeudi MANIFESTATION Samedi 26 septembre 13h30 Rendez-vous devant : LUBRIZOL (quai de France)

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Ecoles Delaunay en action le 22 janvier 2020 pour revenir en REP+

jeudi 23 janvier 2020

Lors de l’animation pédagogique du mercredi 22 janvier 2020 sur « les élèves à besoins particuliers », les enseignants ont rappelé leur exigence de classer les écoles maternelle Delaunay-Laurencin et élémentaire Sonia Delaunay de Dieppe (Val Druel) en REP+. En effet, elles sont sorties de l’Éducation Prioritaire en 2014 et ont été exclues des dispositifs REP et REP+ alors qu’elles répondent à tous les critères pour être classées en REP+. Son rang (64ème) au niveau académique la situe au même niveau que les écoles de REP+ du Havre ou de Rouen Nord.

Tous les enseignant·e·s des deux écoles sont venu·e·s avec un tee-shirt rappelant leur exigence et ont pris la parole en début d’animation. À l’issue de l’animation, l’urne était disponible pour pouvoir faire voter au référendum d’initiative populaire.

La CGT Éduc’action 76 soutient les collègues dans leurs actions.

Motion de soutien aux salariés de la Chapelle d’Arblay

mercredi 18 septembre 2019

Les camarades de la CGT Educ’action Haute-Normandie réunis en Assemblée générale de rentrée le 16 septembre 2019 à Maromme expriment leur soutien aux salariés de la Chapelle Darblay, menacés de licenciement.
Dans le secteur privé, les fermetures de site et les plans de licenciement se multiplient. Dans les services publics, ce sont les suppressions de postes massives et la dégradation des conditions de travail.
De plus, la réforme des retraites est une attaque contre l’ensemble des salariés.

  • Zéro licenciement !
  • Non à la fermeture des sites !
  • Non à la casse des services publics !
  • Non à la réforme des retraites ! Luttons tous ensemble !

Motion adoptée à l’unanimité par l’AG des syndiqué-e-s CGT éduc’action Rouen

Fusion des académies : j’habite à Evreux, pourra-t-on me nommer à Cherbourg ?

vendredi 13 septembre 2019

La lettre de cadrage pour la fusion des académies de Caen et Rouen certifiait que la gestion des personnels enseignants ne serait pas impacté jusqu’en 2022 (Mais en 2018 on nous jurait que la fusion n’était pas encore décidée). A en croire M. le Ministre, jusqu’à cette ce cas de figure n’existera pas. Mais après 2022 ça devient tout à fait possible pour les personnels du second degré. Le Rectorat a tout intérêt à ce que la souplesse et la mobilité des personnels soient maximales. Et avec l’affaiblissement du rôle des CAPA il sera encore plus compliqué d’influer sur les choix des services académiques, sans oublier que pour les contractuels ce « contrôle » est inexistant.

Une fusion des académies pour fermer des sections !

vendredi 13 septembre 2019

Le Rectorat et la Région Normandie lancent la réflexion pour une nouvelle carte de formation à la rentrée de septembre 2020. Ca ne sent pas bon du tout ! L’académie et la région de Normandie auront, si nous ne faisons pas reculer le Ministère, le même périmètre au 1° janvier. Les filières de formation, frontalières pour le moment, ou seulement identiques, seront à la prochaine rentrée dans la même académie. Ce sera une très bonne excuse pour fusionner et fermer par ci par là et pour récupérer les postes.