Déclaration de la CGT educ’action au CTA du 19 janvier
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Madame la Rectrice,
nous venons dans cette instance remplis de la colère et de la détermination des personnels que nous représentons et avec qui nous travaillons. L’heure est donc bien plus à la mobilisation pour la journée de grève du 26 janvier, qu’aux longues déclarations et qu’aux longues discussions. M. Blanquer est totalement sourd aux revendications des salarié.e.s. Et à cette stratégie méprisante pour tous les personnels mais aussi pour les élèves et les parents d’élèves, s’ajoute l’envie d’utiliser les organisations syndicales avec un vaste « Grenelle de l’éducation » pour justifier des attaques inadmissibles : un recours accru aux contractuels, avec des AED remplaçants dans une hyper précarité et le recours aux contractuels dans le premier degré, des conditions de travail dégradées pour les AESH en plus de la précarité subie, le projet de loi Rilhac sur la direction d’école, le projet Elimas qui menace toute l’éducation prioritaire, les attaques sur le bac général et technologique que le Ministère justifie avec la crise sanitaire, les attaques régulières sur les statuts, les postes, le travail paritaire, le CHSCT etc....
M. Blanquer espérait sans doute faire avaler la pilule amère avec la prime d’équipement informatique dont un grand nombre de personnels ne verra pas la couleur. Il se trompe. Ce que les salarié.e.s veulent ce sont de vraies augmentations de salaire, par l’augmentation de la valeur du point d’indice, pour rattraper à minima la perte du pouvoir d’achat subie depuis 2000, pas une prime prétexte pour imposer le télétravail.
Les motifs de colères sont multiples, et touchent l’ensemble des personnels, des Assistants d’éducation aux administratifs, en passant par les AESH et les enseignants, mais aussi les agents territoriaux qui prennent de plein fouet la surcharge de travail imposée pour tenter de tenir des protocoles alors même qu’aucune création de postes n’a été faite. Et quelques points nous inquiètent plus fortement encore.
Tout d’abord l’auto satisfecit du Ministère en ce qui concerne la réforme du lycée Professionnel pourtant catastrophique du côté pédagogique (même si du point de vue gouvernemental c’est une réussite avec des suppressions de postes nombreuses liées à cette réforme). C’est d’ailleurs la même autosatisfaction pour des « solutions » alambiquées, compliquées et pathogène pour le bac quand il existe une solution simple, en repoussant les épreuves anticipées à la période de juin.
Nous sommes également inquiets de l’accélération du tout autoritaire avec la Loi de Sécurité Globale que le gouvernement veut à tout prix entériner malgré l’opposition forte. Elle traduit une stratégie de surveillance et de répression notamment anti-syndicale, que nous subissons également de plus en plus dans l’Education Nationale. Nous appelons à lutter dans la rue contre cette loi.
La politique de l’autruche qui consiste à ne pas voir le danger croissant d’une circulation plus importante chez les enfants du virus du Covid-19, avec un passage du taux de positivité des tests de 2,5 à 10,9% au 5 janvier pour les enfants de 0 à 9 ans selon Santé publique France (contre 6,4% pour la population générale), et sa répercussion inévitable dans les écoles et établissements scolaires, nous préoccupe fortement. Renforcer un protocole qui ne peut souvent pas être appliqué faute de moyens dans les cantines et interdire le sport en lieu fermé revient à mettre un pansement sur une plaie ouverte. Nous avons besoin de classes à 10 élèves, de tests massifs et réguliers, de produits de protection en stock, de consignes claires et appliquées en toute transparence en cas de suspicion de COVID, d’un recrutement de titulaires, très massif et en urgence, qui passe par la titularisation sans conditions de tous les précaires, AINSI QUE des stagiaires pour l’enseignement, l’entretien, la vie scolaire, l’administratif, les services sociaux et médico-scolaires. Le choix de minimiser l’épidémie en juin et de ne rien anticiper nous mène depuis septembre à une impasse et fait courir des risques aux personnels, aux élèves et à leur famille, alors même que l’enseignement en présentiel est indispensable. Se voiler la face maintenant nous mènera où ?
Notre dernier motif d’inquiétude, et non des moindres, est celui de la suppression de postes dans le second degré. Alors même que le nombre d’élèves sera plus important en 2021 qu’en 2020, au niveau national 1800 postes vont être supprimés, dont 6 ETP d’enseignement pour le périmètre de Rouen (malgré 849 élèves supplémentaires prévus). Sacrifier le second degré pour créer en nombre insuffisant des postes dans le premier degré n’est pas investir dans le système éducatif mais au contraire contribuer à sa casse pour répondre aux exigences de la politique d’austérité menée par le gouvernement et qui rend exsangue l’ensemble des services publics. La nouvelle saignée chez les personnels administratifs avec 10 suppressions d’ETP pour la Normandie nous effraie également. En bout de chaîne ce sont les personnels, les élèves et les jeunes qui font les frais de ces suppressions, notamment dans les quartiers populaires déjà très éprouvés par l’épidémie de Covid-19.
Parce que avons compris depuis longtemps que M. Blanquer ne tiendra pas compte de nos inquiétudes avec de vaines paroles, parce que nous savons que vous n’en tiendrez pas compte non plus, nous serons dans la rue le 26 janvier avec les enseignants, les personnels administratifs, les AED, les AESH, les AP, les agents territoriaux, non seulement pour rappeler nos revendications, mais aussi pour organiser et faire grossir la mobilisation des agents de l’éducation qui ne manqueront pas de lutter aux côté des salarié.e.s des autres services public et du privé dès le 4 février.