Ouverture de formations professionnelles au lycée catholique La Providence (Fécamp) : Défendons plutôt le service public et la laïcité !
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Communiqué de presse de la section des lycées Descartes-Maupassant, de Fécamp.
Dans un récent article de la presse locale, le lycée privé catholique La Providence, à Fécamp, s’offre une promotion et se targue d’ouvrir à la rentrée prochaine une UFA (Unité de Formations d’Apprentis) comprenant deux sections professionnelles, en peinture et charpente, en partenariat avec deux entreprises locales. Il est tout de même étonnant que ce lycée privé catholique, plus connu jusqu’à présent pour son côté élitiste et son rôle de reproduction sociale de la bourgeoisie locale, se mette à ouvrir des formations professionnelles à destination d’élèves issus majoritairement de classes populaires.
C’est d’autant plus étonnant, et choquant, lorsqu’on sait que le Lycée Professionnel Descartes, à Fécamp, ne cesse de perdre des formations depuis une dizaine d’années, notamment en CAP serrurerie-métallerie, CAP services hôteliers et bac pro Gestion-Administration. Deux poids, deux mesures, donc : d’un côté, on favorise l’enseignement privé catholique sélectif, et dans le même temps, on dégrade la qualité du service public et laïque !
Il s’agit en effet d’un bien mauvais coup porté contre le service public de la voie professionnelle qui, lui, accueille tous les jeunes, quelles que soient leurs ressources financières, leur niveau, leurs « origines », leur sexe et leurs opinions spirituelles et philosophiques. Il n’est pas inutile de rappeler que, d’après de nombreuses enquêtes, l’apprentissage reproduit les inégalités scolaires et sociales, selon le genre (nettement moins de filles en apprentissage), selon les « origines » (les discriminations « raciales ») et selon le milieu social (les familles qui peuvent faire jouer leurs réseaux placent plus facilement leurs enfants en entreprise). De plus, qu’en est-il en CFA de la formation du futur citoyen, de l’ouverture culturelle, de la formation à l’esprit critique, pour des élèves quittant l’école dès 15 ans et qui n’auront que 15 semaines de classe par an ? Et qu’en est-il également des conditions de travail des jeunes en entreprise, surtout dans le bâtiment ?
C’est donc un bien mauvais coup porté contre le lycée professionnel public, et le lycée Descartes en particulier, que de mettre en concurrence le public et le privé.
C’est également un mauvais coup porté au principe de laïcité. Qu’est-ce qui justifie qu’en République, des formations professionnelles soient gérées par l’Église catholique et reçoivent pour cela des aides financières et le soutien de l’Etat et de la Région ?
La CGT éduc’action tient à rappeler son attachement très fort au principe de laïcité, qui garantit à la fois la liberté de conscience et impose également la neutralité de l’État en lui interdisant de financer les religions et les Eglises.
La CGT éduc’action tient à rappeler son attachement très fort au service public, et à un enseignement professionnel public et laïque de qualité, qui doit à la fois former de bons professionnels mais aussi les citoyens de demain, en favorisant l’ouverture culturelle et le développement de l’esprit critique.
Fécamp, le 18 février 2021