LUBRIZOL, 18 mois après : les industriels continuent de jouer avec la santé des travailleurs et de la population
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LUBRIZOL coupable, ETAT complice
Soyons nombreux en manifestation le Samedi 27 mars à Rouen - 14h00 départ Cours Clémenceau pour aller au Palais de Justice
Jeudi 26 septembre 2019, les habitants de Rouen et de son agglomération se réveillaient sous un immense panache de fumée issu de l’incendie de l’usine LUBRIZOL. Dans la nuit, plus de 9 000 tonnes de produits dangereux et deux toitures en amiante-ciment brûlent dans l’incendie de l’usine Lubrizol et des entrepôts de Normandie logistique. C’est une pollution sans précédent : les sols, les berges et la Seine sont touchés, le nuage de fumée avec ses composantes toxiques et cancérigènes, dont des fibres d’amiante, a survolé l’agglomération de Rouen et des centaines de communes jusqu’au Nord de la Belgique. Sans compter que les conséquences auraient été plus dramatiques si les 60 tonnes de pentasulfure de phosphore stocké sur le site avaient pris feu !
Dès le début de cette catastrophe, le préfet DURAND et le Ministre de l’intérieur CASTANER ont minimisé son ampleur et le danger pesant sur la population et les travailleurs exposés. Ils ont pris des mesures qui banalisent l’événement et laissent la « vie normale » se poursuivre. Il aura fallu plusieurs manifestations avec des milliers de personnes pour commencer à obtenir un minimum de transparence dont la liste imparfaite des produits partis en fumés. La palme de la non transparence revient bien évidemment à la direction de LUBRIZOL qui a tenté de cacher l’existence du rapport de visite de son assureur, la société FM Global, qui avait décrit le scénario catastrophe depuis 2008 et préconisé des modifications importantes du dispositif anti-incendie. Ce terrible accident industriel trouve sa cause, comme souvent, dans la volonté des actionnaires de dépenser à minima pour la sécurité des sites industriels.
Lors de sa venue à Rouen le 30 octobre 2019, le président MACRON a affirmé qu’il n’y avait pas eu de défaillance de l’Etat malgré le fait que l’usine Lubrizol, classée SEVESO seuil Haut, a bénéficié d’une extension de stockage sans que le préfet n’exige une nouvelle évaluation environnementale, profitant d’un assouplissement inadmissible de la législation sur l’exploitation et le stockage des produits hautement toxiques. Comment expliquer à ce jour que l’Etat n’avait pas anticipé correctement le risque d’incendie malgré les 38 contrôles de la DREAL sur le site en quelques années ? Comment expliquer que la préfecture ait inscrit dans le PPRT Lubrizol (Plan de Prévention des Risques Technologiques) que le risque d’un incendie était « au maximum une fois tous les 10 000 ans » ?
Nous ne sommes pas dupes, la politique de déréglementation, de destructions des services publics, d’une justice clémente avec les industriels, cette politique des gouvernements successifs, ont réuni les conditions d’une telle catastrophe. L’Etat a failli dans sa mission de protection des travailleurs, des riverains et de la population.
18 mois après l’incendie, rien n’a vraiment changé au sein des sites industriels, de la chimie, du pétrole ou du nucléaire. A défaut d’un renforcement massif des contrôles, d’un durcissement de la réglementation, de l’annonce de la fin de la complaisance avec les industriels qui mettent nos vies en danger, ceux ci ont continué après le 26 septembre 2019 à mener les mêmes politiques basées sur la recherche maximum du profit et par conséquent sur la limitation des investissements notamment en termes de sécurité. Incendie qui a touché la plus grande raffinerie de France, TOTAL à Gonfreville l’Orcher, le 14 décembre 2019, explosion d’un bac à Lubrizol Rouen en janvier2020, incendie sur le site Framatome à Rugles en février, explosion à Saipol Grand-Couronne en mars, fuite d’ammoniac fin mai chez Yara à Gonfreville l’Orcher, incendie au SMEDAR (Seveso seuil bas) en juin, le second en deux ans dans la même zone, déclenchement du POI à Boréalis en aout…. L’année 2021 commençait en fanfare avec le dégagement de fumée provenant de Multisol à Sotteville les Rouen. Malgré l’alerte de la CGT, le préfet tentera de faire croire à des odeurs issues de feu de cheminée avant de faire marche arrière quelques jours après dès lors que la direction de l’entreprise a fini par reconnaitre un incident majeur ! Les risques majeurs sont bien présents mais le gouvernement ne fait rien !
Dès le lendemain de l’incendie de LUBRIZOL, un large collectif unitaire voyait le jour à l’appel de la CGT, regroupant notamment des organisations syndicales de salariés, d’avocats, de paysans, de défense de l’environnement, de victimes de l’incendie ainsi que des partis politiques de gauche pour obtenir Vérité et Justice. La CGT appelle tous les travailleurs et travailleuses à venir à la manifestation du 27 mars à Rouen.
La mobilisation collective a permis de faire avancer la transparence et la vérité. Amplifions la mobilisation pour que l’ensemble de nos exigences soit satisfait. Nous ne lâcherons pas, nous ne tournerons pas la page.
Nous exigeons :
-* Le retour des CHSCT avec des pouvoirs renforcés
- Le renforcement de la protection juridique des lanceurs d’alerte et des salariés usant du droit de retrait
- La mise en place d’un suivi sanitaire dont registres des cancers et malformations L’interdiction de la sous-traitance dans les industries à risques
- La transparence par la diffusion sur internet des courriers, rapports, décisions, des services de l’État adressés aux industriels
- Un débat public ANSES INERIS Experts du gouvernement / experts citoyens, syndicaux filmé et visible par tous concernant les risques de l’incendie
- L’obligation de pompiers professionnels d’entreprise dans tous les établissements classés
- La suspension immédiate des nouvelles dérèglementations, loi ASAP et projet de loi LECOCQ
- Le maintien de tous les emplois pour les salariés de LUBRIZOL et ses sous-traitants
- Le renforcement des moyens humains et juridiques des services de l’inspection du travail et du service prévention de la CARSAT, la poursuite systématique des procès-verbaux,
- L’impunité zéro contre la délinquance en col blanc, création de l’infraction de crime industriel dans le Code pénal