Déclaration de la CGT éduc’action au CTA du 23 mars
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Madame la Rectrice,
pour la seconde fois dans l’année scolaire, nous connaissons une situation de confinement avec des établissements scolaires et des écoles qui restent ouvertes. Et une fois de plus, c’est le même sentiment de colère qui domine en voyant que la situation sanitaire s’aggrave dans les deux départements du périmètre de Rouen au point de reconfiner la population, et qu’aucune mesure supplémentaire dans les écoles et les collèges ne sera prise pour lutter contre l’épidémie. Nous avons besoin de classes à 10 élèves, de tests massifs et réguliers partout, de produits de protection en stock, de consignes claires et appliquées en toute transparence en cas de suspicion de COVID, d’un recrutement de titulaires, très massif et en urgence, qui passe par la titularisation sans conditions de tous les précaires, AINSI QUE des stagiaires pour l’enseignement, l’entretien, la vie scolaire, l’administratif, les services sociaux et médico-scolaires. A la colère de novembre s’ajoute le sentiment que rien n’a été fait pour éviter le reconfinement, hormis les mesures restrictives de couvre-feu, et que rien n’a été entrepris pour renforcer l’hôpital public. Les capacités de tests sont encore très en deça des besoins, tout comme les personnels pour les faire passer. Les campagnes de dépistage dans les établissements scolaires et les écoles sont encore très très insuffisantes et n’interviennent que lorsque des cas ont été détectés et n’ont rien de préventif. Côté personnels, rien n’a évolué, hormis dans les lycées où, grâce aux luttes, des dédoublements de classe maintenant obligatoires ont été gagnés. C’est bien le signe que M. Blanquer n’écoute personne !
Il reste notamment sourd aux revendications portées par les Assistants d’éducation depuis le 1° décembre. Pourtant, sans AED, un établissement scolaire ne peut fonctionner en sécurité. La CGT éduc’action soutient donc les luttes des personnels de Vie scolaire qui sont encore mobilisés cette semaine. Elle estime nécessaire une augmentation immédiate de 400 euros nets mensuel, un recrutement pérenne d’AED pour assurer notamment les remplacements, et un statut permettant à la fois la poursuite d’études avec des horaires aménagés et de ne pas être à la merci permanente d’un non renouvellement de contrat.
Et c’est également une fin de non recevoir qu’oppose M. Blanquer aux AESH eux aussi mobilisé.e.s, malgré les difficultés d’être gréviste quand on se trouve dans la précarité. La mise en place des PIAL a considérablement dégradé leurs conditions de travail, puisque les AESH sont désormais appelé-e-s à intervenir dans plusieurs écoles ou établissements scolaires, à multiplier les accompagnements d’élèves, à être « flexibles ». Malgré la promesse faite il y a un an d’engager un chantier sur le temps de travail et la rémunération, les AESH continuent de subir des temps de travail incomplets, pour 24 heures de travail hebdomadaires, soit 60% en moyenne, pour un salaire net en-deçà du seuil de pauvreté ! La CGT éduc’action, dans un cadre intersyndical, appelle donc à nouveau les personnels AESH à être en grève le 8 avril pour l’abandon des PIAL et de la politique de mutalisation des moyens et un recrutement massif d’AESH, mais aussi pour la création d’un véritable statut d’AESH de la fonction publique et la titularisation de tous les personnels et une véritable revalorisation des salaires.
Enfin, vous mettez régulièrement en avant le « dialogue social », au point même de reprocher sans aucune raison à des organisations syndicales de ne vouloir le pratiquer. Mais quel dialogue social avez vous mené pour décider des suppressions massives de postes, notamment dans les lycées ? Nous n’avons été conviés à aucun Groupe de travail pour « discuter » des suppressions de postes et avons découvert les chiffres dans le document de CTA. Et la variation en ETP heure poste de mars est bien plus catastrophique qu’annoncés en janvier lors de la présentation des mesures budgétaires. Pour les lycées généraux et technologiques, les lycées professionnels et les EREA de du périmètre de Rouen, le document de mars acte une baisse de 109 postes au lieu d’une baisse déjà inadmissible de 28,5 postes prévues en janvier, soit une différence de 81 postes. Pour les collèges et SEGPA de la Seine-Maritime et de l’Eure, la différence entre l’annoncé en janvier et le chiffre de mars présente également un solde négatif d’une quarantaine de postes. 120, c’est donc à peu près le nombre de postes ne figurant plus dans les documents de CTA de mars. C’est bien au delà de ce que nécessiteraient les éventuels ajustements de juin et de septembre que promettent souvent vos différents services pour tenter d’« amadouer » les personnels que vous recevez en audience ! Nous demandons donc à ce qu ’à l’issue de ce CTA l’ensemble des postes qui ont « disparu » entre janvier et mars soient pourvus sur le périmètre de Rouen. Dans de nombreux établissements, des personnels se sont mobilisés (Lycée G. le Conquérant, Lycée de la Porte Océane, Lycée de la Vallée du Cailly, Collège Dufy, Collège Descartes, Collège Mandela, Collège Branly, Collège Alain, Collège Claudel, collège Coty et sans doute d’autres), souvent par la grève, pour vous alerter sur les conséquences des dotations horaires très insuffisantes dans leur collège ou leur lycée ; dans de nombreux autres collèges, lycées généraux, lycées professionnels, les personnels ont exprimé d’une manière ou d’une autre leur désaccord avec la Dotation horaire. Leurs revendications tiennent compte de la réalité du terrain, sont tout à fait légitimes et doivent être satisfaites, ce qui est loin d’être le cas.
Nous rappelons également que sacrifier le second degré, mais aussi les postes d’administratif, pour créer en nombre insuffisant des postes dans le premier degré n’est pas investir dans le système éducatif mais au contraire contribuer à sa casse pour répondre aux exigences de la politique d’austérité menée par le gouvernement et qui rend exsangue l’ensemble des services publics. En bout de chaîne ce sont les personnels, les élèves et les jeunes qui font les frais de ces suppressions, notamment dans les quartiers populaires déjà très éprouvés par l’épidémie de Covid-19. Nous voulons des moyens à la hauteur des besoins, et il est plus qu’urgent de décider d’un plan de recrutement massif de tous les personnels (enseignant.e.s, administratif, AED, AESH, infirmier.e.s, personnels sociaux et de santé, agents territoriaux...) qui passe par la titularisation sans condition de tous les précaires.