LE (NON) REMPLACEMENT DANS L’ÉDUCATION NATIONALE
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Il y a quinze ans, il arrivait déjà que des remplacements pour congé maternité, même pas anticipé, soient effectués par des contractuel⸱les recruté⸱es à la volée et qui jetaient parfois l’éponge après 48h. Pour le rectorat, tant qu’un adulte était face aux élèves sur chaque créneau de l’edt des classes, le « contrat » était rempli.
A force de travailler à flux tendu, de supprimer des postes aux concours et de maltraiter les contractuel⸱les, le fil s’est rompu et de nombreuses classes sont désormais privées de tel ou tel enseignement – les SVT étant particulièrement en souffrance dans l’académie – et le cynisme a remplacé le respect du « contrat ».
Selon la matière concernée, les parents sont plus ou moins mobilisés, sauf que, quand les réserves de remplaçant⸱es (TZR et contractuel⸱es) sont épuisées, la meilleure volonté du monde n’y peut rien.
Quand en plus, la CoViD éloigne les personnels fragiles de leur lieu de travail, les directions d’établissement en sont parfois réduites à bricoler des arrangements à l’interne, par exemple en retirant de leur poste des AEd plus ou moins volontaires (car le renouvellement de leur contrat en dépend) pour assurer des cours dans la matière qu’ils et elles ont étudiée à la fac. Les postes ainsi vaqués à la Vie Scolaire ne sont bien évidemment pas comblés.
Quand la pandémie met sur le flanc toute la Vie Scolaire par cas contacts, les directions sont livrées à elles-mêmes et ne peuvent compter que sur la docilité des agents administratifs et du département, le « volontariat » des AESH, l’empathie ou la bonne conscience des enseignant⸱es, le soutien des établissements voisins « prêtant » un⸱e Aed (voire une personne en service civique !) et le recrutement à la petite semaine de quelques jeunes désœuvrés en se répétant « Jusqu’ici, tout va bien ». L’IA ne ferme déjà pas les établissements fortement touchés par le coronavirus, alors ils peuvent bien continuer à fonctionner sans Vie Scolaire.
L’infirmière qui n’est au mieux qu’à mi-temps dans l’établissement est rarement remplacée. Les AESH ne le sont jamais.
La CGT Educ’action exige une politique de remplacement responsable de la part du Ministère, qui ne relève pas du système D (autant synonyme de danger que de débrouille), avec la constitution de réserves de remplaçant⸱.e.s titulaires – contrairement aux contrats hyper-précaires comme pour les AED- dans tous les corps de métiers pour que les professionnels et les élèves ne soient pas abandonnés sur le terrain et que les établissements soient des lieux d’apprentissage et de travail de qualité, réellement adaptés aux besoins des élèves.
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